Je m’appelle Nouracham, j’ai 16 ans. Au Tchad, je vis dans un camp de réfugiés avec mon grand frère et mes deux petits frères. Avant de fuir le Soudan, nous vivions avec mon papa, mes deux petites sœurs et ma tante.

Un matin, des hommes armés ont attaqué notre village et depuis ce jour-là, je n’ai plus revu mon papa. C’est très dur pour moi car j’avais déjà perdu ma maman quand j’étais toute petite. Le jour de l’attaque, ils ont battu ma tante et lui ont tiré dessus. Ensuite, ils ont abattu mes deux petites sœurs. J’ai vu leurs corps, allongés au sol, et j’ai compris qu’elles étaient mortes. L’une n’avait que cinq ans et l’autre n’était qu’un bébé. Alors j’ai essayé de fuir, mais ils m’ont tiré dessus. A partir de ce moment, je ne me souviens plus de rien. Quand je me suis réveillée, j’étais dans un hôpital, au Tchad. On m’a dit que j’étais restée inconsciente pendant trois jours. L’hôpital n’a pas pu me soigner, alors on m’a transférée dans un autre établissement, où j’ai subi une opération. À mon réveil, je ne voyais presque plus rien. On m’a expliqué que j’avais reçu une balle au niveau des yeux. L’hôpital m’a sauvé la vie, mais j’ai perdu mon œil gauche. J’ai également des problèmes de vue avec mon œil droit.

Souvent, Il m’arrive de repenser à ma vie au Soudan : nous avions des chèvres, beaucoup de biens, j’allais à l’école et nous ne manquions de rien. Je pense à mon papa… Est-ce qu’il va bien ? Il me manque. Aujourd’hui, nous vivons dans la pauvreté et je suis déscolarisée. Alors, les mercredis et jeudis, je me rends à la clinique mobile de la Croix-Rouge, où je retrouve des amis, comme quand j’allais à l’école. Là-bas, on reçoit un soutien psychosocial. On y raconte nos histoires, on y fait des jeux pour se sentir mieux. J’aime beaucoup m’y rendre, mais j’aimerais aussi, un jour, pouvoir retourner à l’école.

À lire dans le même dossier