Définie comme la capacité à surmonter des chocs, la résilience est un processus au long cours reliant l’individu au collectif, et le moment de la catastrophe aux temps de la prévention et du relèvement.

Il y a plusieurs temps dans un rebond. Se préparer aux risques – qu’ils soient sanitaires, sociaux ou climatiques – en identifiant les vulnérabilités et les bons réflexes à avoir. Puis porter assistance à ceux qui en ont besoin lorsque survient la crise. Et enfin se relever et repartir pour trouver un nouvel état d’équilibre.

Bâtir la résilience, on le voit, n’a rien d’un événement ponctuel. La gestion de la crise en elle-même n’en est que le pivot et perdrait de son efficacité sans la prévention ni la préparation. Face aux séismes et aux tsunamis, par exemple, la

Nouvelle-Zélande organise un exercice annuel de prévention, le « shake out », pour diffuser massivement les bons gestes au sein de la population. Dans le cadre des actions de la Croix-Rouge, l’éducation et la prévention s’imposent également comme des leviers à actionner pour renforcer la résilience, de la formation aux gestes qui sauvent à l’accès à l’autonomie sociale et professionnelle.

Tout aussi cruciale, la phase de relèvement en aval peut impliquer tant une insertion par l’emploi ou un relogement qu’un soutien psychologique sur le long terme. L’enjeu ? Consolider ses appuis pour mieux affronter d’éventuels chocs à venir. Une dimension encore trop souvent sous-estimée, comme le révèlent notamment les conséquences sur la santé mentale des habitants du gigantesque incendie de l’usine Lubrizol à Rouen en 2019, dont la cellule d’urgence avait fermé deux semaines après la catastrophe. En décembre dernier, soit plus de deux ans plus tard, Santé publique France a signalé une probabilité de dépression de 30 % chez les riverains dans un rayon de 1500 m autour des installations incendiées et a plaidé pour un renforcement de la prise en charge psychologique.

Un processus qui dépasse l’individu

Ce type de démarche nécessite parfois de faire un pas de côté, à l’image des « maraudes animalières » lancées par la Croix-Rouge du Val-de-Marne au printemps 2021. Distribution de croquettes, colliers antipuces et soins médicaux permettent de maintenir les animaux des sans-abri en bonne santé.

Des compagnons qui, pour beaucoup, compensent la perte de lien social et apportent un soutien en matière de santé mentale.

Loin des injonctions prônant la résilience – comme si celle-ci pouvait se réduire à une volonté personnelle –, la trajectoire des individus est profondément ancrée dans le collectif. Ce n’est pas un hasard si l’isolement social fait partie des principaux facteurs de risque face aux crises : la qualité du lien social est un élément clé pour « se relever ». Le dispositif Trace the Face mis en place par la

Croix-Rouge permet ainsi de rétablir les liens familiaux chez les migrants après une catastrophe en publiant en ligne des photos de leurs proches disparus.

222 familles* ont déjà pu être réunies de cette façon (voir p. 18). Une série d’initiatives qui illustrent les mots très justes de l’économiste et sociologue Pierre Veltz : dans le monde qui émerge, « la valeur vient des liens plus que des biens ».

* En février 2021.

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