La Croix-Rouge française s'associe au film La Voix de Hind Rajab
Publié le 24 novembre 2025
Merci à Kaouther Ben Hania pour ce film remarquable et poignant, que j’ai eu l’occasion de découvrir très récemment. À travers ce huis-clos tragique, inspiré de faits réels à Gaza, elle nous offre un moment d’une humanité et d’une justesse exceptionnelles.
La voix de Hind Rajab est, pour moi, celle de la victime universelle. Elle est la voix de toutes les victimes qui, partout sur la planète où la guerre frappe, implorent un secours auquel elles ont droit. Ce droit prend sa source dans un principe énoncé par Henry Dunant en 1862 dans Un Souvenir de Solférino : l’Humanité.
Depuis plus de 160 ans, « L’Humanité » est le principe faîtier, universel, de l’action et du droit international humanitaires.
Dans ce film, la petite Hind incarne cette victime universelle. Les collègues du Croissant-Rouge palestinien incarnent, eux, l’engagement humanitaire, tout en confrontant le spectateur aux dilemmes du secours : agir dans des environnements hostiles, parfois impossibles.
Ces dilemmes, je les connais en tant que médecin, mais aussi en tant que présidente de la Croix-Rouge française. Comme vous, je suis horrifiée par la souffrance endurée depuis deux ans par la population de Gaza.
Et je suis atterrée par le nombre hors-norme de travailleurs humanitaires tués dans l’exercice de leur mission.
Jamais l’action humanitaire n’aura autant payé de son sang, autant subi le déni d’Humanité
Victimes et sauveteurs sont pourtant indissociablement liés et protégés par le droit. Un autre principe universel s’impose alors : l’impartialité à l’égard des victimes. Elle nous rappelle qu’il n’existe pas de bonne ou de mauvaise victime : il n’existe que des victimes. Toutes sont protégées par le droit international humanitaire, tout comme celles et ceux qui leur portent secours.
Ne pas tirer sur l’ambulance. Distinguer combattants et non-combattants. Ne pas viser la population civile ni les infrastructures vitales. Ne pas entraver l’accès humanitaire. Ce sont là des règles fondamentales, essentielles, qu’il faut dire et redire.
Il n’est pas nécessaire d’être juriste pour comprendre que ce droit est d’abord une morale universelle codifiée. Il protège le plus faible et s’oppose, depuis 75 ans, au retour du droit du plus fort, dont on voit malheureusement les signes à travers la férocité des conflits contemporains.
Aujourd’hui, 196 États sont parties aux Conventions de Genève. Tous se sont engagés à les respecter ET à les faire respecter en toutes circonstances.
Universel, contraignant… et pourtant, si souvent violé. Gaza, mais aussi le Soudan, la République démocratique du Congo ou encore l’Ukraine nous le rappellent quotidiennement.
Nous avons toutes et tous une responsabilité : connaître les fondamentaux du droit humanitaire
Chaque image d’horreur vue dans les médias n’est pas qu’une fatalité ; ce sont, très souvent, des violations graves de ce droit. En être conscient, c’est nourrir sa propre vigilance et son engagement.
C’est pourquoi la Croix-Rouge française, à travers son réseau, porte l’espérance que les principes du droit humanitaire deviennent des notions de culture générale, d’éducation populaire, intégrées dès le plus jeune âge.