“Pour nous, tout a changé le 7 octobre”
Publié le 14 octobre 2025

Pouvez-vous nous parler de la journée du 7 octobre 2023 ?
Pour nous, tout a changé le 7 octobre. C’était vraiment terrifiant, 1 200 personnes ont été tuées… sans parler des milliers de blessés. Ce jour-là, nous avons reçu près de 22 000 appels d’urgence, contre 5 000 environ en temps normal. Il faut savoir qu’en Israël, nos secouristes sont les premiers intervenants en cas de crise ou de catastrophe. Nous avons donc fait ce pour quoi nous nous sommes engagés, c’est-à-dire sauver des vies. Nos équipes étaient présentes partout - dans les villes, dans les villages, dans les kibboutz…
Nos véhicules de secours ont été pris pour cibles, une vingtaine a été neutralisée - 16 ambulances, des scooters ainsi que notre hélicoptère. Nous avons également perdu 7 volontaires ce jour-là et 39 en tout depuis le début du conflit.
Il a aussi fallu rapidement augmenter le stock de sang pour approvisionner les hôpitaux. Le Maguen David Adom, c’est la banque du sang en Israël, à la fois pour les civils et pour les militaires. On a donc mené des campagnes de collecte de sang et la population a répondu présente. Nous avons ainsi pu tripler les quantités pour répondre aux besoins des milliers de victimes.
Qu’est-ce que cette attaque a changé dans vos activités ou votre organisation ?
On peut dire qu’il y a eu un avant et un après le 7 octobre. Sans parler des attentats réguliers auxquels nous avons dû faire face ou encore des attaques en provenance du Yémen et de l’Iran. Avec ces événements, on a vraiment pris conscience de la nécessité de renforcer notre organisation.
Pour cela, nous avons formé beaucoup de nouveaux volontaires. Aujourd’hui, le Magen David Adom compte 35 000 bénévoles, contre 30 000 auparavant. Les gens veulent aider, ils veulent s’engager. On a également agrandi notre flotte de véhicules de secours : nous en avons désormais 3 000 - des ambulances, des scooters et des motos médicalisés, quatre hélicoptères aussi. Enfin, nous avons renforcé la formation aux premiers secours : la population est très demandeuse, elle veut se préparer et en effet, c’est important d’être capable de prodiguer les bons gestes par soi-même. Nous formons ainsi 500 000 personnes chaque année, tous niveaux confondus.
Tout le peuple israélien a été profondément meurtri par ces attaques, ce qui nous a conduit à proposer un soutien psychosocial plus large avec des intervenants présents rapidement sur le terrain dès que l’on reçoit un appel avec un enjeu psychosocial. Nous avons mis cette aide en place dans le cadre d’un partenariat avec le ministère de la Santé israélien. C’est lui qui prend ensuite le relais pour accompagner les patients sur le long terme.
Vous prenez soin de la population. Mais qu’en est-il de vos équipes ?
Notre priorité, c’est de sécuriser nos équipes parce qu’on a vu lors de ces attaques que personne n’est épargné, pas même nos secouristes. Cela se joue d’abord d’un point de vue matériel avec le renforcement du nombre d’ambulances blindées et la présence de casques et de gilets pare-balles pour nos secouristes.
D’un point de vue psychologique ensuite, nous avons des responsables dédiés qui proposent une prise en charge aux équipes. C’est très important de libérer la parole, d’avoir un espace où pouvoir s’exprimer, décharger son stress.
Dans quel état d’esprit sont les volontaires du MDA aujourd’hui ?
Ils ont un état d’esprit qui est fort. Comme la population elle-même, ce sont des personnes résilientes. Aujourd’hui nous avons l’espoir de nous relever après ce drame, de nous reconstruire. Il reste encore beaucoup de personnes blessées qui doivent reprendre leur quotidien. On a tous perdu notre quotidien depuis 2 ans.
Malgré tout, on reste sur le qui-vive, on se tient prêt, tout le monde reste motivé. On sait que la situation peut changer en quelques secondes, que l’on peut recevoir un appel et se mettre en ordre de marche rapidement pour intervenir sur le terrain et venir en aide aux victimes.
Est-ce que c’est important pour vous aujourd’hui de faire partie du Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge ?
Oui bien sûr c’est très important. D’ailleurs, j’ai moi-même participé à des missions menées par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), en Haïti en 2010 notamment.
Le soutien que l’on a reçu depuis le début du conflit, de la part des autres Sociétés nationales, a beaucoup compté - qu’il s’agisse d’un mail, d’un coup de téléphone ou d’un soutien financier.
Avez-vous un dernier message que vous souhaitez nous partager ?
Le Magen David Adom est universel. Chaque vie sauvée est une victoire, indépendamment de la religion, du sexe ou de l’origine.
Comme toutes les Sociétés de la Croix-Rouge et Croissant-Rouge à travers le monde, nous représentons l’ensemble de la population. Sur le territoire israélien, nous sommes présents partout : dans les villages arabes, dans les villages chrétiens, dans les villes juives, chez les laïcs comme chez les ultra-orthodoxes.
Notre engagement est simple et absolu : sauver des vies. C’est notre mission, c’est ce qui nous guide et nous unit chaque jour.
Pour en savoir plus sur le Magen David Adom : https://www.mda-france.org/