120 battements par minute : à La Ciotat, les bénévoles de la Croix-Rouge animent des initiations aux gestes de premiers secours
Publié le 22 août 2024
Sur le port de La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhône, en cette fin de chaude journée d’août, les estivants se promènent encore une glace à la main, tandis que les premiers étals du marché nocturne commencent à s’installer.
Juste à côté des grandes lettres rouges « La Ciotat » où les touristes viennent se prendre en photo, une quinzaine de bénévoles de la Croix-Rouge s’active dans la joie et la bonne humeur : une grande tente, des tapis de sol, des mannequins, des défibrillateurs… Tany, Manon, Clara, Sandrine et les autres secouristes écoutent avec attention le dernier brief du président de la Croix-Rouge de La Ciotat, Didier Bertrand : « Ce soir, on forme un maximum de personnes ! C’est l’été, tout le monde est détendu, on passe un bon moment ! »
Donner une chance de survie supplémentaire
Pour la troisième année consécutive, ces bénévoles participent à la campagne nationale de la Croix-Rouge -“l’été qui sauve”-, dont l’objectif est de sensibiliser le plus grand nombre de citoyens aux gestes de premiers secours et surtout de leur donner le goût d’aller plus loin en se formant. Car la France fait figure de mauvais élève en Europe, avec seulement 43% de la population titulaire d’un PSC (Prévention et Secours Civiques), contre près de 80% dans les pays scandinaves. Pourtant en cas de malaise, d’accident ou d’étouffement, venir en aide à une victime parce qu’on a été formé aux gestes de premiers secours, peut aider à lui sauver la vie.
Autant dire que tous les bénévoles sont motivés pour animer cette soirée car l’enjeu est de taille ! « Notre objectif, c’est que tous ceux qui vont passer sur notre stand ce soir réalisent qu’un jour ou l’autre ils peuvent être amenés à devenir le premier maillon de la chaîne de secours et que s’ils sont formés, ils peuvent sauver des vies », rappelle Le docteur Jean-Pierre Esterni, vice-président de la Croix Rouge PACA-Corse.
Les premiers curieux ne se font guère attendre : ce sont surtout des familles, avec de jeunes enfants. Natalia et son mari Lucas, sont particulièrement attentifs. « Nous avons deux petites filles, explique Natalia, et j’ai peur de ne pas savoir quoi faire si elles s’étouffent. » Le couple passe finalement une bonne demi-heure sous la tente pour s’initier à la compression abdominale en cas d’étouffement. « Ça me rassure d’avoir appris ces gestes, se félicite Natalia, et franchement je crois que je vais me former après les vacances. On devrait tous le faire d’ailleurs. J’ai réalisé que c’était vraiment important. »
“Une bouche, un nez, deux yeux : 1-1-2, c’est le 112 !”
« Le massage cardiaque, c’est dur », s’exclame Enzo, un petit vacancier parisien âgé de 10 ans. Effectivement, le geste est physique, et bien davantage à la portée d’un adulte. Pour être efficace, il faut masser profondément en dessous du sternum à la fréquence de 120 battements par minute, en gardant les doigts relevés pour ne pas casser les côtes de la victime. Pas toujours facile pour un bambin !
Mais les enfants peuvent heureusement apprendre d’autres choses, comme la mise en sécurité d’une victime en position latérale de sécurité ou encore le premier des réflexes à avoir en cas d’incident, c’est-à-dire appeler les secours. Et pour les plus petits, Didier Bertrand a justement une méthode qui marche à tous les coups. « Regarde-moi, demande-t-il dans un grand sourire à Djanila, une fillette de 5 ans, en joignant les gestes à la parole ! Tu as une bouche, un nez, deux yeux, donc 1-1-2, c’est le 112, le numéro pour appeler les secours. »
Cette petite leçon ne fait pas de mal non plus aux parents. « Le Samu ? Euh, c’est bien le 17 », tente Grégoire, un père de famille. « Perdu, c’est le 15 », lui répond Sandrine en riant. La secouriste en profite pour lui rappeler quelques principes de base, comme de décrire aux services de secours l’état de la victime et leur donner l’adresse la plus précise possible.
“Un super moment, aussi ludique qu’instructif”
Au fil de la soirée, les passants sont de plus en plus nombreux à s’arrêter : un jeune couple se demande comment vérifier si une victime respire encore, deux retraités veulent apprendre à se servir du défibrillateur, une maman s’interroge sur les premiers réflexes à adopter si quelqu’un fait un malaise dans la rue devant elle… Au total plus de 70 personnes participent aux ateliers.
«J’avais déjà fait une formation avec la Croix-Rouge il y a une dizaine d’années mais là je crois que j’avais besoin d’un petit refresh, notamment pour le massage cardiaque, avoue Sonia. Je trouve que c’est une très bonne initiative de la part de la Croix-Rouge car justement pendant nos vacances, on a le temps pour ce genre de choses. On a fait cette initiation en famille avec mon mari et mes enfants et c’était un super moment, aussi ludique qu’instructif.»
Les bénévoles, eux, redoublent de pédagogie pour adapter leurs conseils à ces profils très différents mais qui restent tous hyper concentrés pendant les explications. « Mon métier c’était déjà de former les professeurs des écoles. La formation, c’est ma passion, alors ce soir je me régale », lâche Tany, 71 ans, secouriste bénévole depuis 7 ans, entre deux démonstrations de défibrillateur.
« Voir les yeux des enfants pétiller quand ils apprennent ces gestes qui sauvent, ça fait tellement de bien ! C’est important qu’ils comprennent qu’ils sont capables d’être utiles dans ces situations », confie Clara, bénévole elle aussi et étudiante en biologie médicale, qui vient de montrer à deux jeunes frères et sœurs comment mettre leur maman en PLS. Les deux petits blondinets repartent avec un diplôme d’initiation aux premiers secours à la main, le cœur gonflé de fierté !
« N’oubliez pas ceci, lance Didier Bertrand à leur maman, on ne vous reprochera jamais d’être intervenue pour aider ! » Elle lui répond d’un hochement de tête, le regard posé et réfléchi. Le message est passé.