Ce 1er juillet, nos volontaires de la Somme participaient à l’opération « L’été qui sauve ». Une campagne nationale à l’occasion de laquelle, jusqu’au 8 septembre, dans une trentaine de communes, des bénévoles informent et initient le grand public aux premiers secours et gestes qui sauvent.

« Bonjour madame, Nous sommes de la Croix-Rouge ! Nous organisons une initiation aux premiers secours, place Gambetta. Si vous voulez passer, c’est toute la journée ! ». En t-shirt à manches courtes alors qu’une fine pluie commence à tomber, d’un pas assuré, Mathilde déambule dans le centre-ville d’Amiens. La veille encore, elle passait les épreuves du Bac français. A ses côtés, Maxime, de soixante ans son aîné, distribue un flyer sur lequel un programme d’ateliers est annoncé : escape games, initiations aux premiers secours, au massage cardiaque et aux accidents de la vie courante. « C’est pour quoi ça, papa ? », interroge un petit garçon. « C’est pour apprendre à sauver des vies », répond son père. Place Gambetta, une vingtaine de bénévoles peaufinent l’installation, lorsque les premiers passants se présentent. Bruno les accueille. Cinq ans après son entrée à la Croix-Rouge, ce jeune retraité, ancien plombier, est désormais le principal formateur PSC1* de la délégation. « Il adore ça », glisse Eugénie Evrard, directrice territoriale adjointe de l’urgence et du secourisme. Et ça se voit.

« Imaginez que vous trouvez cette personne inconsciente, un fil électrique à la main. Une autre personne s’apprête à la toucher. Que feriez-vous ? », demande Bruno, accroupi sur un tapis de sol, face à un groupe particulièrement concentré. « Il ne faut pas la toucher », répond Charlotte. « Il faut couper le courant », ajoute Jennifer. « Voilà, reprend Bruno. Il faut analyser la situation. S’il y a un danger pour soi, on ne peut pas sauver des victimes ». Le formateur ne manque pas d’imagination. Cette fois, la personne inconsciente, jouée par Fatoumata, une autre bénévole, est allongée sur des voies ferrées. « Je vous rappelle qu’il faut 2 kms à un train pour s’arrêter. Que faites-vous de cette personne, alors ? ». « On l’allonge entre les rails », suggère Armel. « Passer sous un train, même entre les rails, je pense que ce n’est pas une bonne chose », s’exclame Bruno, déclenchant les rires de ses apprentis. « Il faut la sortir mais si elle a un traumatisme, c’est risqué, non ? », s’inquiète Charlotte. « Certes, mais une chose est sûre : si le train lui passe dessus, on ne pourra plus la sauver. Donc, il faut faire un déplacement d’urgence. On tient par les pieds ou les bras et on tire ». Par la suite, la petite équipe apprendra à contrôler si la victime respire ou pas, à la mettre en position latérale de sécurité (PLS) ou, après un petit rappel sur les différents numéros d’urgence, à lui faire un massage cardiaque. « La fréquence du massage est de 100 à 120 battements par minute. Pensez à la chanson « Stayin alive», c’est le bon tempo, précise Bruno, l’air malicieux.

L’an dernier, nos bénévoles de la Somme avaient participé à « l’Été qui sauve » en organisant l’évènement sur la plage de Fort-Mahon. Sous un soleil radieux, près de 350 personnes s’étaient alors initiées. « Ce fut un gros succès », se rappelle Eugénie Evrard. Cette année, avec la météo, on attend un peu moins de monde. Mais on a déjà des inscriptions en formation ou pour devenir bénévoles ». « Les gens nous repèrent surtout en situation opérationnelle, sur les grands évènements ou les manifestations, ajoute Louka, chargée de mission formation grand public. Une journée comme celle-ci nous donne une autre visibilité et nous permet de montrer que la Croix-Rouge est aussi là pour former le grand public aux gestes qui sauvent ». Le pari semble gagné.

Il n’y a pas d’âge pour apprendre les bons réflexes

A chaque atelier, il est rappelé que le citoyen est le premier maillon de la chaîne des secours dans 9 situations d’urgence sur 10. Christine en a fait l’expérience récemment. « Je lui ai déjà fait peur », la taquine Armel, son mari, alors qu’ils attendent tous les deux l’attestation d’initiation aux premiers secours que leur prépare Nathalie. « Je l’ai trouvé par terre, dans le salon. J’ai pensé qu’il n’y avait plus rien à faire. Alors j’ai couru chez les voisins », reconnaît sa compagne avant d’enchaîner : « Je pense qu’on va faire la formation. Je pars tous les ans avec mes petits-enfants. S’ils se blessent, s’ils avalent de travers, c’est important de savoir comment réagir ». Nathalie leur tend leur attestation. Une bourrasque disperse les exemplaires vierges. « Ce n’est plus l’été mais l’hiver qui sauve ! », s’amuse-t-elle avec ses collègues. Cette directrice d’école est venue avec son fils, Jules, 10 ans, « officiellement inscrit comme bénévole », explique-t-elle, pas peu fière. Talkie-walkie à la main, le benjamin de l’équipe joue le rôle du gardien, dans l’escape game sur la prévention des risques de la vie courante. Sous un barnum fermé, des bâches imprimées, des meubles et des objets du quotidien reproduisent le décor d’une maison. Valentine et son petit frère Grégoire s’activent pour répondre aux énigmes et trouver des indices. « Les enfants n’ont pas toujours la perception des dangers, explique leur mère. Il y a deux ans, mon fils a traversé la route sans regarder. Quand je lui ai demandé ce qu’il se serait passé si une voiture était arrivée, il m’a répondu qu’il l’aurait arrêtée comme Superman ! ». Des situations dramatiques, cette infirmière en réanimation en voit tous les jours. Pour elle, il n’y a pas d’âge pour apprendre les bons réflexes. Et l’escape game est une manière ludique de le faire.

A l’extérieur, Bruno a changé de public. En face de lui, Paul et Mia, 6 et 10 ans, suivent attentivement ses explications. Un petit attroupement s’est formé autour d’eux. Il leur montre des panneaux plastifiés où sont dessinés des personnages dans des contextes dangereux. Ses deux élèves, venus d’Allemagne, semblent déjà bien informés. Et pour cause, leur grand-mère, Pétra, chez qui ils sont en vacances, était bénévole à la Croix-Rouge en Allemagne avant de s’installer à Amiens où, avec son mari, elle a rejoint la délégation de la Somme. Les enfants sont donc à bonne école. Pour Bruno, souvent seul pour assurer les formations PSC1, ce type d’évènement est l’occasion de s’adresser à tous les âges et de varier les formats de sensibilisation en compagnie des autres initiateurs et formateurs. Voire de se retrouver dans des situations cocasses : un futur marié, déguisé en poussin pour fêter son enterrement de vie de garçon, a profité de passer par là pour se remettre en tête les bons gestes.

« Ce moment convivial contribue à notre cohésion et permet aux nouveaux bénévoles et volontaires de faire connaissance », souligne Eugénie. « C’est une certaine fierté pour nous de réussir un tel dispositif mais aussi de le faire évoluer ». Car, pour cette édition 2023, Isabelle, engagée depuis un an, a conçu un nouvel escape game autour d’un jeune ayant perdu connaissance à l’occasion de la fête de ses 20 ans. « J’en ai eu l’idée lorsque j’ai vu qu’à la Fête de la Musique, la majorité de nos interventions de secours était liée à l’abus d’alcool », raconte cette graphiste. Le jeu ayant bien fonctionné pendant la journée, il devrait entrer dans la panoplie samarienne des outils d’initiation aux gestes qui sauvent. Top départ réussi !

* PSC1 : Prévention et secours civiques de niveau 1

Article : Marion Esquerré I Photos : Marie Magnin

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