C’est l’une des activités traditionnelles de la Croix-Rouge française, sans doute l’une des plus visibles également, avec les maraudes. Pour de grands événements, tels que l’Armada de Rouen, l’Ardéchoise ou encore les 60 ans de la Patrouille de France, il est nécessaire de mobiliser des centaines de bénévoles. On ignore souvent que le travail de préparation et d’organisation prend de longs mois.

Les dispositifs prévisionnels de secours font partie des quatre missions nationales de sécurité civile pour lesquelles la Croix-Rouge française a obtenu l’agrément national (attribué pour trois ans). Par définition, les DPS sont là pour couvrir les risques à l’occasion de manifestations sportives, culturelles ou festives. Une grille d’évaluation des risques est calculée en fonction du contexte, de l’environnement, du type d’événement et du public attendu. Cette grille, signée par l’organisateur, déterminera la configuration du dispositif de secours. 

Les différents dispositifs de secours à personnes

  • Le DPS de grande envergure mobilise plus de 36 intervenants secouristes

  • Le DPS de moyenne envergure mobilise de 14 à 36 intervenants secouristes

  • Le DPS de petite envergure mobilise de 4 à 12 intervenants secouristes

Le poste de secours, composé de 4 intervenants secouristes, constitue l’unité de base du DPS. Il peut être complété par un binôme et, sur un dispositif de plus grande envergure, d’une équipe d’intervention composée d’un chef d’intervention et de trois équipiers secouristes. Un chef de dispositif ou chef de section peut s’ajouter à ce schéma sur une manifestation ou un rassemblement nécessitant plus de 12 intervenants.

  • Le PAPS (point d’alerte et de premiers secours) est le DPS minimal pouvant être mis en œuvre. Il mobilise deux intervenants secouristes.

C’est aux ressources humaines et aux moyens matériels dont dispose un département que l’on mesure l’échelle d’un événement, ainsi qu’à son expérience. Certains départements sont en effet rodés à de gros postes de secours en raison de leur régularité. C’est le cas du Gard, par exemple, qui est coutumier des férias. De même, à Paris, une cinquantaine de secouristes sont mobilisés tous les 15 jours à l’occasion des matchs de football au Parc des Princes. Lorsqu’une délégation départementale ou territoriale est amenée à assurer un poste d‘envergure ou dépassant  son savoir-faire, elle a alors la possibilité de solliciter l’appui de conseillers techniques nationaux opérationnels auprès de la direction nationale de l’urgence et du secourisme.

Les conseillers techniques nationaux opérationnels (CTNO) 

Le CTNO peut accompagner une délégation lors d’une opération d’urgence, tout comme dans la préparation et  l’organisation d’un dispositif prévisionnel de secours, tel que ceci s’est fait pour l’Armada de Rouen, l’Ardéchoise ou les férias dans les Landes, par exemple. Sur ce type de manifestations qui exigent des moyens humains et matériels importants, qui dépassent les capacités de la Croix-Rouge du département concerné, cet appui est précieux. Le CTNO est un cadre issu de l’action sociale et/ou de l’urgence et secourisme chargé de conseiller et d’accompagner le département dans l’organisation de la réponse face à l’événement. Cette mission peut être complétée par une fonction opérationnelle durant la manifestation. « Dans tous les cas, la démarche est volontaire et souhaitée. Il ne s’agit pas de faire ‘à la place de’ mais ‘avec’ les cadres dirigeants du département, visant ainsi le partage d’expérience. L’objectif final, c’est qu’il devienne totalement autonome ! », explique Fabien Valente, formateur des conseillers techniques nationaux opérationnels. 

Actuellement, une trentaine de CTNO ont été formés ; des bénévoles des délégations et des salariés issus de la direction de l’action sociale ou de l’urgence et du secourisme. Ce concept existe depuis dix ans mais a été officialisé il y a trois ans seulement. La formation porte essentiellement sur le management, la notion d’accompagnement, les évaluations…  Elle s’adresse donc à tous les métiers et profils. Une phase d’expérimentation vient d’ailleurs de s’achever pour mettre en place une formation des cadres départementaux opérationnels, en lien aussi bien avec l’urgence et le secourisme que l’action sociale. 

La complémentarité secouristes/bénévoles de l'action sociale

Sur des dispositifs de grande envergure, chaque bénévole est le bienvenu et il serait dommage de se priver du soutien des bénévoles de l’action sociale. Ils ont en effet toute légitimité, que ce soit pour gérer le transport, le stockage et la distribution des repas des volontaires, pour assurer le montage des centres d’hébergement et veiller aux mesures d’hygiène, pour conduire les véhicules, etc. Certains départements jouent cette carte de la complémentarité et s’en félicitent. C’est le cas de l’Ardèche qui accueillait sur ses terres la plus grande épreuve cyclo-sportive d’Europe - près de 14 000 coureurs - le 15 juin dernier. La Croix-Rouge française est le seul intervenant associatif à assurer les secours depuis deux ans. « Des réunions de préparation hebdomadaires ont été organisées depuis décembre avec tous les acteurs opérationnels, raconte Clément Chapel, chargé des missions de secours, puis tous les week-end à l’approche de l’événement. Le responsable des effectifs est le directeur départemental de l’action sociale. La moitié de l’équipe de logistique est également constituée de bénévoles de l’action sociale. C’est non seulement indispensable pour relever le défi de l’Ardéchoise mais également une formidable opportunité de mobiliser tout le monde ! »

La délégation départementale a fait appel à deux CTNO, l’un pour le recrutement de volontaires, le second pour des conseils sur l’organisation logistique et opérationnelle. Il faut dire que les moyens à déployer sont de taille : une centaine de secouristes mobilisés sur 4 jours, six ambulances, trois postes de secours fixe  et un poste de commandement. Des moyens de télécommunications spécifiques (relais mobiles et fixes) sont par ailleurs nécessaires en zone montagneuse.

Quand une catastrophe survient...

Parce que le risque zéro n’existe pas, il faut toujours anticiper les dérapages. Comment gérer l’imprévu ? Quelles mesures spécifiques faut-il prendre ? On parle alors d’une montée en puissance dans le jargon secouriste, autrement dit le DPS se transforme en « OPEREX» (opération exceptionnelle).  Les violences urbaines survenues le 13 mai dernier lors du sacre du Paris Saint Germain au Trocadéro, à Paris, sont l’illustration d’une situation qui bascule. Eric Dufour, directeur départemental de l’urgence et du secourisme à Paris, raconte. « Il y a toujours une base arrière en cas de gros événement, en mesure de demander des renforts à la région ou au niveau national si nécessaire. Ce 13 mai, nous avons ainsi pu mobiliser très vite 12 ambulances et médicalisé le poste de secours, en rapatriant un médecin et un infirmier de la Croix-Rouge en trente minutes.  Le calme revenu, vers 21 heures,  nous avons mis nos moyens à disposition des pompiers dans neuf centres de secours durant une partie de la nuit. (…) En conclusion,  résume Eric Dufour, « en cas d’imprévu, il faut être en mesure de donner l’alerte, de prodiguer les premiers soins, de faciliter l’arrivée des secours. »

Du festival des Vieilles Charrues à Paris Plage, en passant par l’arrivée du Tour de France, cet été encore, les festivals, concerts et autres rassemblements vont battre leur plein. C’est en quelque sorte la haute saison pour les bénévoles qui, discrètement, contribuent au bon déroulement de ces événements culturels ou sportifs. En 2012, ce sont près de 66 500 postes de secours ont ainsi été mis en place.

Géraldine Drot

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