Les plus beaux gréements du monde étaient amarrés sur les quais de la Seine à l’occasion de l’Armada de Rouen, du 6 au 16 juin dernier. L’événement, qui a lieu tous les 5 ans, a rassemblé des millions de personnes. Mandatée pour encadrer la manifestation, la Croix-Rouge française a eu fort à faire pour mettre en place un dispositif performant. Avec, au final, un bilan très positif.

De 300 à 500 000 personnes par jour. Entre 5 et 10 millions de visiteurs sur les 10 jours de manifestation. Difficile d’avoir des chiffres précis, mais comme tous les cinq ans, l’Armada de Rouen a généré des bains de foule. De quoi donner quelques sueurs froides aux secouristes de la Croix-Rouge qui couvraient l’événement sur les quelque 5 kilomètres de rive droite de la Seine. D’autant que, cette année, il y avait une difficulté supplémentaire : la manifestation se déroulait au mois de juin, au lieu de juillet, habituellement. « Il y en a qui travaillent, d’autres qui font des études ou passent leurs examens », explique Pascal Hoste, président de la délégation départementale de Seine-Maritime. Alors ce n’est pas évident de mobiliser les bénévoles à cette période ».

Avec 5 postes de secours, 8 secouristes par poste (4 fixes et 4 mobiles) et 572 vacations de 8 heures à prévoir sur 10 jours, la tâche s’annonçait ardue. « J’ai 150 bénévoles secouristes sur le département, j’ai donc dû faire appel à toute la France  pour compléter le dispositif », précise Pascal Hoste. Les départements ont répondu présents et la mixité régionale a été une réussite. « Certains viennent pour quelques jours, d’autres restent jusqu’au bout, explique Jean-Pierre Godo, directeur départemental de l’urgence et du secouriste, qui relève l’importance « d’avoir un groupe présent pour toute la durée de la manifestation, surtout quand ce sont des chefs d’intervention ! ». Les deux conseillers techniques nationaux opérationnels (CTNO), envoyés en renfort pour pallier les éventuelles lacunes, ont d’ailleurs salué la qualité du dispositif mis en place. 

Des infirmiers protocolisés

Cet événement est l’un des plus importants que doit gérer la Croix-Rouge, c’est pourquoi le département avait mis les bouchées doubles : 8 secouristes par poste au lieu des 6 demandés par l’organisateur, mais aussi, grande nouveauté, 16 infirmiers protocolisés par le médecin départemental, c’est –à-dire habilités à pratiquer des actes médicaux d’urgence : « ce dispositif est très intéressant car, sur l’Armada, les accès sont très difficiles, explique Guillaume, infirmier anesthésiste. On nous avait prévenus qu’on aurait du mal à évacuer si nécessaire, donc il faut pouvoir intervenir en cas d’urgence. On ne se substitue pas à un médecin, mais on peut agir en l’attendant ». Une compétence supplémentaire, qui permet également de « désengorger les postes médicalisés du Samu, parfois encombrés par la bobologie », poursuit le jeune infirmier.

Si la majorité des quelque 200 interventions par jour concernent la « bobologie », des chutes ou encore des malaises, « il y a aussi toujours des problèmes cardiaques », constate Pascal Hoste, largement favorable à l’intégration d’infirmiers dans ses équipes. Mais la priorité restait le dispositif opérationnel de secouristes : « beaucoup d’infirmiers sont aussi chefs de poste ou d’intervention, et comme on a décidé d’interdire le cumul des deux postes, on n’a pas pu avoir autant d’infirmiers qu’on voulait », regrette Guillaume.

Les petites fourmis logisticiennes

Une mécanique bien huilée jusque dans la logistique, cheville ouvrière du dispositif : « Je suis là comme logisticien, pour le transport, le matériel, la nourriture, etc. », explique Alain Roux, vice-président de l’unité locale de Rouen. Là encore, la structure s’est montrée particulièrement performante : un hébergement dans un lycée privé tout proche, deux véhicules pour réapprovisionner les postes de secours et des équipes de logisticiens très réactives : « Nous sommes les petites fourmis qui font tourner la grande machine du secourisme. Sans logistique, pas de secourisme. Nous sommes tous dans le même bateau ! », conclut Alain Roux avec malice.

Textes : Thomas Roure - Photos : J.L. Luyssen

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