Bruissements de papiers et cliquetis de calculettes. Annoncé depuis 2007, le projet de “réforme de la dépendance ” souhaité par le gouvernement est aujourd’hui en chantier. Les groupes d’experts réunis sur le sujet – représentants de la Croix-Rouge française compris – doivent rendre leurs conclusions sous peu.

L'Etat consacre 22 milliards d'euros par an à la prise en charge de la perte d'autonomie. Objectif : se préparer au vieillissement de la population, le nombre de personnes âgées dépendantes (bénéficiaires de l’APA - Allocation personnalisée d’autonomie) devant passer de 1,15 million aujourd'hui à 2,3 millions en 2060. Selon les projections, 30 milliards d’euros par an seront alors nécessaires à l’accompagnement des plus fragiles. Le financement des aides sera-t-il public, privé, mixte ? Selon quelles proportions ? La décision devrait tomber cet été. Le président de la République est censé trancher entre les différentes propositions issues du débat public, avant un passage au Parlement à l'automne.

A priori, l’équation a tout du casse-tête financier, tant l’argent public manque. De nouveaux modes de financements sont donc à inventer pour permettre de répondre au manque cruel de services d'aide à domicile, de places en maison de retraite, d'offres diversifiées d'hébergement, etc. Mais au-delà de la question financière, il s’agit d’un véritable « débat de société », comme le souligne Jérôme Antonini, directeur de la filière Santé et Autonomie de la Croix-Rouge française. La problématique de la dépendance des personnes âgées nous appelle à répondre à cette question : quelle place voulons-nous pour nos aînés ? Une question trop souvent occultée.

Alors que le curseur de la réforme en cours oscille encore entre réponse collective et primat aux solutions individuelles, « la Croix-Rouge tente justement de faire entendre sa voix et de dire combien elle privilégie la solidarité nationale, au nom des valeurs qu’elle porte », souligne Jérôme Antonini. Au nom également de la multitude d’initiatives prises sur le terrain par les salariés et les bénévoles de l’association.

Penser la dépendance des personnes âgées, disent les orientations stratégiques de la Croix-Rouge française, c’est imaginer de nouvelles façons de l’accompagner au mieux, en tenant compte de ses multiples visages. La dépendance se présente à domicile, comme en établissement. Elle est mouvante, pouvant nécessiter un temps une hospitalisation ou un hébergement en institution, puis autoriser un retour chez soi ; elle est physique, mais aussi affective, psychologique, cognitive et nécessite souvent une présence et des soins adaptés. D’où la nécessité d’être sur “plusieurs fronts” et de mieux coordonner les actions plurielles entreprises par les uns et les autres.

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