C’est cette ambition même qui pousse la Croix-Rouge à se préoccuper de ceux que l’on oublie trop souvent, notamment les personnes handicapées vieillissantes, souffrant de troubles psychiatriques ou de handicap mental. Quels lieux de vie, quand les familles ne sont plus là ? Quand les structures traditionnelles n’arrivent plus à répondre à leurs besoins ?

La démarche en est encore à ses balbutiements, mais trois lieux s’y sont déjà plongés à bras le corps : l’EHPAD Nissan, près de Nîmes, qui a créé pour elles une unité dédiée de 13 places ; le foyer de vie Le Hameau (Vienne), qui accueille 46 personnes avec un mot d’ordre, « le bien être », selon son directeur-adjoint, Guy Boyer ; la maison d'accueil pour personnes âgées handicapées vieillissantes de Beauchastel, dans l’Ardèche. Deux autres structures sont en projet, l’une dans les Alpes-Maritimes, l’autre dans l’Yonne.

La même attention aux plus fragiles conduit par ailleurs l’association à vouloir accompagner les personnes détenues vieillissantes et ex-détenus. Là encore, on n’en est qu’aux prémices mais trois personnes sont déjà accueillies dans des EHPAD de l’association. Citons également les appartements de coordination thérapeutique de Caen qui ont accueilli en 2010 huit anciens détenus de plus de 45 ans et une personne de plus de 60 ans. Et puis, il y a des initiatives locales, comme à Strasbourg, qui font encore figure d’exception (cf. encadré).

Vulnérabilité due à l’âge. Accrue par la vulnérabilité sociale. Cette dépendance qui ne dit pas son nom est elle aussi cruciale pour l’institution. D’où son objectif affiché de contribuer à maintenir une offre financièrement accessible sur tout le territoire : « un choix éthique qui n’a rien d’évident dans un contexte de recours croissant au financement privé de la dépendance », explique Jérôme Antonini. Aujourd'hui, le coût d'une maison de retraite avoisine les 2000 euros par mois et peut dépasser, notamment en Ile-de-France, les 3000 euros par mois. Une dépense prohibitive pour de trop nombreuses personnes. « Que tous les EHPAD de la Croix-Rouge (sauf un) restent habilités à l’aide sociale est donc essentiel, souligne Jérôme Antonini. L’accompagnement de la dépendance passe également par là. »

Elma HARO

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