Imaginer de nouvelles formes d’accompagnement de la dépendance, cela passe aussi, selon Marie-Madeleine Matteodo, par le récent décloisonnement entre actions à domicile et prise en charge en maisons de retraite.

Les maisons de retraite sont aujourd’hui dénommées EHPAD (Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). L’idée est de ne plus concevoir la maison de retraite comme un lieu clos. Parce qu’elle doit être un lieu de vie ! Et parce que, parfois, on peut avoir besoin d’y séjourner, pour quelques temps, puis de rentrer chez soi. « Notre volonté est de ne plus penser l’accueil des personnes âgées en termes d’hébergement permanent exclusivement, mais de développer des structures multimodales », affirme Jérôme Antonini. Les EHPAD de la Croix-Rouge proposent déjà, pour certains, différentes modalités d’accueil : hébergement permanent ou séquentiel (accueil de jour et hébergement temporaire). Et tous nos projets actuels de création d’établissement incluent dorénavant la possibilité d’un “accueil séquentiel”.

La démarche est tout particulièrement développée en direction des personnes atteintes d’Alzheimer : sept des 28 EHPAD de la Croix-Rouge disposent d’un accueil de jour spécifique, et 9 autres de lits d’accueil temporaire dédiés. « Un accueil séquentiel essentiel pour les malades comme pour leurs proches », souligne Georges Cabel, directeur de l’EHPAD Fondation Danjou-Villaros (Perpignan). Son établissement dispose de 2 lits d’accueil temporaire et de 12 places d’accueil de jour pour les personnes atteintes d’Alzheimer. Comme sept autres EHPAD Croix-Rouge, celui de Perpignan dispose d’une “unité de vie protégée” (10 lits) pour les personnes malades, à laquelle viendra bientôt s’ajouter un PASA (Pôle d’activités et de soins spécifiques) de 15 places – une nouvelle structure, instituée par le Plan Alzheimer 2008-2012, destinée à accueillir en journée les résidents des EHPAD présentant des troubles Alzheimer modérés, pour leur proposer des activités adaptées. « Ces structures dédiées sont importantes car elles marquent un souci du prendre soin adapté, que ce soit par le biais du projet architectural ou par les équipes de professionnels qu’elles permettent de mobiliser », explique le directeur.

Faut-il d’ailleurs rappeler qu’en France, 70% des EHPAD accueillent des malades Alzheimer sans pour autant disposer de structures adaptées à la pathologie ? « Le manque est cruel, d’autant que vient s’y ajouter le manque de personnel et d’équipes formées à cette pathologie complexe », comme le rappelle Jocelyne Williaume, directrice de l’EHPAD Henry Dunant à Bordeaux et responsable de la filière personnes âgées dans le sud-ouest. Un manque qui met souvent à mal les équipes. « Néanmoins, il ne faut pas qu’il nous empêche d’agir. Car au delà des structures, nous sommes aussi tenus par l’humain : à nous d’être attentifs aux parcours de vie de chacun », ajoute Sandra Bessonnet, responsable de la vie sociale et hôtelière à l’EHPAD bordelais. « Cela peut être complexe, car cela implique une constante remise en cause de nos pratiques. Mais c’est aussi très riche », précise-t-elle. Une histoire de vie lui revient, appuyant ses dires : celle de l’accueil d’une vieille dame, atteinte d’Alzheimer, qui déroutait l’équipe : peur d’une chute, d’une fugue…, jusqu’à ce que l’établissement accueille également son mari, et, qu’en les voyant tous les deux, l’équipe ne redécouvre la vieille dame en tant que femme.

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