La Croix-Rouge française constate au quotidien la multiplication des crises et l’émergence de nouvelles vulnérabilités. Convaincus de notre capacité à faire face, nous appelons l’ensemble des acteurs concernés à renverser la tendance d’une résilience qui s’érode. Société civile, État, collectivités territoriales et acteurs économiques doivent être prêts à se mobiliser autour d’un objectif : préparer notre société aux crises.

C’est l’engagement de la Croix-Rouge française : dialoguer avec l’ensemble de ses parties prenantes afin de nous préparer aux crises futures et amorcer une trajectoire de résilience collective.

De la réactivité à la proactivité : nous préparer aux conséquences des dérèglements climatiques

La première des priorités est de s’adapter au changement climatique, qui fait désormais partie de notre quotidien. Les efforts d’atténuation lancés doivent être complétés par des efforts importants d’adaptation, dans un contexte où il existe un décalage important entre le sentiment d’exposition et celui de préparation : si trois-quart des Français se sentent exposés à au moins un risque (74%), seuls 60% se sentent bien préparés face aux risques extérieurs.

Pour cela, nous émettons trois recommandations qui doivent guider l’action collective :

1. Développer la journée nationale d’exercice et de préparation

Une journée de la résilience a été lancée en 2022, il s’agit désormais d’amplifier cette dynamique, afin de permettre :

  1. Un temps de sensibilisation, de formation et de simulation de crises, partout sur le territoire, dans les écoles, universités, entreprises ;

  2. Un temps démocratique lors duquel le gouvernement présenterait l’état de la préparation du pays face aux risques ;

  3. Un temps de bilan local, l’occasion pour les communes de faire le point sur l’organisation de la réponse et des solidarités de proximité.

2. Garantir une formation aux premiers secours et aux comportements qui sauvent, avec pour objectif de former 80 % de la population

Dans 9 situations d’urgence sur 10, c’est la vie d’un proche qui est en jeu. Pourtant, seul un Français sur deux a une connaissance des gestes qui sauvent et seulement un sur dix a aujourd’hui une très bonne connaissance, comme le montre l’indicateur analysé. Cette formation est un élément central de notre résilience collective.

3. Garantir les conditions d’un parcours d’engagement, tout au long de la vie, de l’école à l’entreprise

Pour cela, nous proposons des solutions à déployer à chaque étape, en fonction des acteurs:

  • ÉCOLES ET UNIVERSITÉS

Proposer une « option engagement » dans le cursus scolaire et universitaire, afin de permettre l’acquisition de savoir-faire (premiers secours, conduite de projets solidaires), la sensibilisation aux crises, et l’apprentissage de valeurs humaines et citoyennes.

  • ENTREPRISES

Faciliter la mise à disposition par l’employeur pour des missions d’intérêt général.

Développer l’engagement des entreprises et des salariés, ainsi que leurs liens avec les associations et collectivités, permettrait de renforcer notre capacité à faire face aux crises.

  • CITOYENS ET ASSOCIATION

Garantir le déploiement du compte d’engagement citoyen afin de reconnaître et encourager davantage l’engagement, moteur central d’une société plus résiliente.

Amorcer une trajectoire de résilience collective

Les crises exacerbent les inégalités et frappent en premier lieu les plus fragiles. Protéger les plus vulnérables et les mettre en capacité de construire leur autonomie constitue dès lors une nécessité vitale et un devoir moral. Sur la base des indicateurs identifiés, certains enjeux semblent prioritaires pour amorcer une trajectoire de résilience collective. Pour cela, 4 priorités doivent guider notre action, que nous soumettons non pas comme des recommandations, mais comme des axes structurants autour desquels nous devons construire la résilience de notre société.

Mieux accueillir

Garantir les conditions d’un accueil digne et impartial pour chacune et chacun constitue la première étape de cette trajectoire. Un principe qui doit s’appliquer pour celles et ceux résidant sur le territoire national, ainsi que pour les populations migrantes, dans un contexte où nous avons récemment atteint le triste record de 100 millions de personnes déplacées ou réfugiées dans le monde.

Développer notre résilience commence donc par la mise en place de mécanismes durables pour améliorer l’accueil des plus vulnérables et faciliter leur insertion professionnelle. Ceci afin de permettre, dès le premier jour, de créer les conditions de leur autonomie et de leur résilience.

Mieux loger

L’espérance de vie d’un sans domicile fixe est de 48 ans. La résilience, le bien-être et la dignité humaine sont consubstantiels à l’accès à un logement. Or aujourd’hui les hébergements d’urgence sont sous tension, et l’attente moyenne avant l’intégration d’un logement social est de 27 mois. Il s’agit d’offrir à chacun une perspective de sortie des hébergements d’urgence vers un logement durable pour assurer un véritable parcours vers l’autonomie.

Mieux nourrir

En 2022, les besoins en aide alimentaire ont augmenté de 22 %. Dans un contexte de tensions sur les chaînes d’approvisionnement, de raréfaction des ressources et d’augmentation des prix, la priorité doit être accordée à l’accès à une alimentation durable, en toute circonstance. Une refondation structurelle de nos politiques publiques et de nos mécanismes de solidarité doit être mise en œuvre afin de garantir cet accès vital, indépendamment des contingences.

Mieux soigner

7 Français sur 10 ont déjà renoncé au moins une fois à se soigner. Les indicateurs le montrent, les conditions d’accès aux soins se dégradent.

« Prendre soin » dans une perspective de résilience, nécessite de tenir compte de l’environnement social, physique et affectif de la personne et de reconnaître l’importance du lien entre santé physique et santé mentale. 

A cet égard ; il nous semble prioritaire de décloisonner structures sociales et sanitaires pour favoriser un parcours de santé globale ; poursuivre les efforts afin de développer l’attractivité des métiers du soin et enfin construire notre résilience autour de l’enjeu de santé mentale.

Notre message

  1. Cette résilience se construira ensemble par des regards croisés, avec les forces vives de la société, et par une culture de l’anticipation afin de mieux identifier les ruptures de demain. Ce rapport est un appel à agir collectivement dans la même direction : celle de la préparation face à des crises amenées à rythmer notre quotidien.
  2. C’est le message que nous porterons avec humilité en nous questionnant à chaque étape, durant nos “Campus des solutions », dans notre plaidoyer, et au sein de notre organisation de 100 000 volontaires.
  3. C’est aussi le sens des actions que nous menons Nous avons par exemple lancé les formations aux premiers secours psychologiques. Ceci afin de construire une réponse concrète à l’enjeu majeur de la santé mentale, intimement lié aux ruptures que nous traversons.

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