L’épidémie de choléra qui s’est déclarée début février est toujours très active aux Comores. Au 15 mai, plus de 6 000 cas avaient été recensés, ainsi que 114 décès, dont 82 % sur la seule île d’Anjouan, actuellement l’épicentre de l'épidémie. C’est là que nous intervenons depuis début avril, via nos volontaires sur place et nos équipiers de réponse aux urgences déployés en renfort.

Très vite après son déploiement dans l’archipel des Comores, le 14 avril dernier, notre première équipe de réponse aux urgences (ERU) s’est concentrée sur Anjouan. Il faut dire que sur les 6 025 cas de choléra enregistrés dans la région à la mi-mai, plus de 5 000 se trouvent à Anjouan. Nos ERU ont été déployés pour soutenir le Croissant-Rouge comorien sur le volet Prévention et contrôle des infections (PCI) dans les établissements de santé, d’une part, et sur la Surveillance à base communautaire (SBC) d’autre part.

Clôtures pour délimiter le flux des patients sur un point de réhydratation orale.
Clôtures pour délimiter le flux des patients sur un point de réhydratation orale.

« Dans un premier temps, nous avons concentré nos actions dans les centres de traitement du choléra », explique Osama Afaneh, chef d’équipe ERU et référent technique santé-urgences. « Mais très vite, ils ont été saturés. Alors, pour les désengorger, et en accord avec la stratégie de décentralisation du gouvernement comorien, nous avons décidé de mettre en place des points de réhydratation orale (PRO) médicalisés. » Sur les 7 prévus, 5 sont déjà fonctionnels. Il s’agit de tentes équipées de 2 à 4 lits choléra, où des bénévoles formés et un infirmier assurent l’accueil et le triage des cas suspects. Selon le degré de gravité de leur état, les personnes reçoivent les soins appropriés en plus d‘un kit hygiène et sont référées dans un centre de traitement ou renvoyées chez elles avec des consignes précises.

Objectif prioritaire : sensibiliser les communautés

Nos équipiers ne sont pas seuls sur place. Côté Croix-Rouge française, la PIROI, notre plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien, soutient également le Croissant-Rouge comorien. Il lui a permis, dès le début de la crise, d’obtenir des financements pour mener des activités de sensibilisation dans les communautés, de désinfection des domiciles et espaces publics, de soutenir les centres de traitement du choléra, ou encore de mettre en place des protocoles d'enterrements dignes et sécurisés. La PIROI a également installé deux unités de traitement de l’eau à Anjouan car les rivières étaient contaminées. Or, l’accès à une eau potable est essentiel dans la lutte contre le choléra. Nous disposons également d’une délégation Croix-Rouge française aux Comores et d’une sous-délégation basée à Anjouan. D’autres Croix-Rouge sont également engagées dans cette lutte contre le choléra.

Formation de bénévoles
Formation de bénévoles

Face à l’ampleur de l’épidémie, de nombreux autres acteurs humanitaires sont aujourd’hui venus en renfort. L’un des enjeux, pour nos ERU, est de mettre en place une approche commune pour travailler avec les communautés sur la surveillance de l’épidémie. C’est dans cet esprit que depuis le 6 mai, 200 volontaires ont déjà été formés dans les 7 districts d’Anjouan, ainsi que 10 superviseurs et 10 formateurs. « Sensibiliser les communautés est la clé pour limiter voire stopper la propagation du choléra, affirme Osama. Les volontaires informent les habitants de chaque village sur les symptômes du choléra, sur les mesures de prévention. Dès qu’ils identifient un cas suspect, les volontaires envoient un message SMS qui alimente une base de données centrale et permet ainsi aux acteurs impliqués dans la réponse au Choléra de visualiser la distribution et la propagation des cas suspects sur une carte. En plus, les volontaires donnent une solution de réhydratation en guise de prévention et réfèrent les cas suspects auprès du point de réhydratation orale le plus proche. Seuls les cas graves sont donc transportés vers un centre de traitement ». Une cartographie de tous les villages et des cas suspects est réalisée et partagée avec les autorités, ce qui permet de visualiser la distribution géographique des cas suspects et de mieux cibler les activités de sensibilisation, d’investigation et de vaccination dans les zones les plus touchées. « Le défi pour le Croissant-Rouge comorien et le gouvernement, précise Osama, c’est de communiquer auprès des communautés sur les risques d’épidémie, les sensibiliser sur l’importance de se faire soigner le plus tôt possible et de se vacciner pour arrêter la propagation de l’épidémie ».

Le Croissant-Rouge comorien intervient dans les communautés pour les sensibiliser sur la gestion des déchets.
Le Croissant-Rouge comorien intervient dans les communautés pour les sensibiliser sur la gestion des déchets.

À suivre…

Osama et son équipe ont achevé leur mission début mai, laissant la place à une deuxième rotation (4 rotations sont programmées au total sur un durée maximum d’intervention de 4 mois). L’objectif est de poursuivre l’accompagnement des volontaires du Croissant-Rouge comorien et des autres acteurs sur place pour continuer à assurer les activités de PRO et SBC, pendant et après cette épidémie de choléra. L’imminence des vaccinations, la mise en place d’unités de traitement d’eau et le travail de sensibilisation des communautés devraient laisser espérer une amélioration prochaine de la situation épidémiologique.

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