Une épidémie de choléra sévit actuellement dans les trois îles des Comores. Elle a fait 38 victimes et plus de 1 480 cas positifs ont été recensés à la mi-avril. Bien qu’elle reste limitée, la maladie gagne du terrain et il faut à tout prix l’empêcher de se propager. Il faut donc agir vite. C’est pourquoi nous avons envoyé une équipe de réponse aux urgences pour évaluer la situation et apporter son soutien au Croissant-Rouge comorien.

C’est le ministère de la Santé des Comores qui a lancé l’alerte, début février, quelques jours après l’arrivée d’un bateau en provenance de Tanzanie transportant six passagers atteints de choléra. Vomissements, grosse fatigue, diarrhées, les symptômes ne laissaient aucun doute. Si l’épidémie a progressé lentement les premiers temps, elle connaît depuis la deuxième semaine d’avril une accélération. Les trois îles comoriennes sont désormais impactées, en particulier celle d’Anjouan où plus de 200 cas ont été enregistrés en 72 heures. L'île a été désignée comme zone prioritaire d'intervention au regard de cette flambée des cas de choléra et des risques d’extension de la maladie. Les risques d’extension de l’épidémie sur Anjouan sont d’autant plus élevés que le niveau de précarité est élevé, l’accès à une eau potable limité, la densité de population très forte et les infrastructures sanitaires insuffisantes. De plus, la proximité de Mayotte fait craindre une propagation de la maladie sur cette île. Les premiers cas ont déjà été signalés. Trois centres de traitement du choléra (CTC) y ont été installés afin de prendre en charge et traiter les patients atteints. C’est là que notre équipe de réponse aux urgences (ERU) a été déployée.

Nos experts aux côtés du Croissant-Rouge comorien

Le Croissant-Rouge bénéficie d’une reconnaissance de l’État comorien dans le domaine sanitaire. Les volontaires jouent un rôle crucial, non seulement en assurant des activités de prévention et de contrôle des infections (PCI) dans les CTC, mais également en œuvrant de concert avec les directions régionales de la santé au cœur des communautés. Ils participent ainsi à la désinfection des habitations, à la gestion des déchets médicaux, à l’organisation des enterrements dignes et sécurisés, à la formation des personnels de santé aux protocoles spécifiques au choléra.

La Croix-Rouge française, qui dispose depuis des années d’une délégation sur place, participe à ces opérations et apporte un appui logistique au Croissant-Rouge. Notre plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien (PIROI), déjà mobilisée sur de précédentes épidémies en 2002 et 2007, met à disposition ses stocks pré-positionnés et intervient dans la coordination des actions menées au sein de notre Mouvement international dans cette crise. La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a en effet lancé le 21 mars un appel à mobilisation, auquel nous avons répondu en envoyant une équipe d’urgentistes dès début avril, avec la participation du Centre de crise et de soutien du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Au cours de cette première rotation, les équipiers évaluent plus précisément la situation sanitaire. Ils se sont vu confier l’un des trois CTC d’Anjouan afin de mettre à niveau ses équipements et toute la partie clinique. Ils sont également chargés de former le personnel des trois CTC de l’île et de combler les besoins en termes d’équipements de protection individuels, de sécurité des sites d’injection et de décontamination, etc. En somme, de s’assurer que toute la chaîne de prise en charge des patients soit efficace et sécurisée.

La Croix-Rouge française est reconnue au sein du Mouvement international pour son expertise en matière de prévention et de traitement des maladies infectieuses. Elle est d’ailleurs à l’origine du programme RIPOSTE , un programme pionnier en matière de compréhension globale des épidémies qui vise à mieux anticiper, prévenir et réagir face aux risques.

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