Retraité militaire bordelais, spécialiste en Telecom, Nicolas Geroni est parti avec la première équipe de réponse à l’urgence (ERU) au Zimbabwe, pays du sud de l’Afrique touché par une grave épidémie de choléra. De retour à Paris mardi 13 janvier, alors qu’une deuxième équipe a pris le relais sur le terrain, il raconte son expérience.

Quand êtes-vous parti au Zimbabwe ?

La première équipe de réponse à l’urgence, dont je faisais partie avec 5 autres personnes, a décollé de Paris le 21 décembre, à l’appel de la Fédération internationale de la Croix-Rouge. Le Zimbabwe est la deuxième mission à laquelle je participe avec les ERU de la Croix-Rouge puisque je suis parti en Asie du Sud-est après le tsunami début 2005.

Quelles ont été vos premières impressions ?

D’abord, nous avons été agréablement surpris par le niveau de développement du Zimbabwe, même s’il connait aujourd’hui de grandes difficultés économiques.

L’épidémie de choléra n’était pas vraiment visible puisque les personnes malades sont à leur domicile et plutôt cachées aux autres. Il n’y avait pas de panique ou d’affolement quant à l’épidémie et les acteurs humanitaires reçoivent un bon accueil de la population.

Quelle était la mission de l’équipe de la Croix-Rouge française, à son arrivée sur le terrain ?

D’abord, nous avons fait un gros travail d’évaluation afin d’identifier de potentielles zones d’intervention et de déploiement du matériel de traitement et distribution d’eau. Nous avons parcouru plus de la moitié du pays, d’Harare au lac Kariba, en passant par Mutare ou Gweru. Un périple qui s’est bien passé, car les routes et les pistes du pays sont en très bon état au Zimbabwe.

Quel a été votre rôle dans l’équipe ?

En tant que spécialiste Telecom, je me suis notamment occupé de toute la partie communication radio HF et VHF mais aussi d’assister les spécialistes eau et assainissement dans leur mission.

A quelles difficultés avez-vous été confrontés ?

La mission n’a pas été facile car nous nous sommes heurtés à une difficulté récurrente : celle de trouver des sites d’intervention adaptés à notre matériel. Alors que nous disposons de kits de distribution d’eau prévus pour alimenter 5000 à 20000 personnes…, nous avons recensé beaucoup de zones touchées par le choléra mais par petits foyers : 40 cas dans tel village, 30 dans un autre…

Quels sites d’intervention avez-vous choisis ?

Finalement, en partenariat avec la Croix-Rouge zimbabwéenne et avec l’accord de la Régie des eaux du Zimbabwe (Zinwa), nous avons localisé à Harare, la capitale du pays, un quartier, Chikurubi, où nous sommes en mesure d’intervenir. Il s’agit de traiter et distribuer de l’eau à partir d’une canalisation existante. On prélève l’eau à un premier point, on la traite et on la réinjecte à un deuxième point de la canalisation, afin d’alimenter 10000 personnes.

Nous avons également identifié une autre zone d’intervention à Chitungwiza, une ville au sud de la capitale. Mais nous n’avons toujours pas l’accord de la ZINWA pour agir.

Comment s’est déroulé le passage de relais avec la deuxième équipe ?

Cette équipe est composée de 4 Français et 2 Suédois. Nous leur avons transmis les données que nous avons collectées, fait un point sur la situation actuelle. La deuxième équipe va continuer notre travail, distribuer l’eau à Harare, intervenir sur Chitungwiza si l’accord des autorités est obtenu et former les membres de la Croix-Rouge du Zimbabwe à l’utilisation du matériel en place.

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