Depuis le 1er juillet, la Croix-Rouge française a débuté l’acheminement de 900 000 kits de première nécessité. Une opération sans précédent, que suit de près notre président, Philippe Da Costa. De retour de son déplacement la semaine dernière dans les entrepôts où démarre l'opération, il nous raconte les dessous de ce défi logistique et ses enjeux.

CETTE OPÉRATION EST D’UNE ENVERGURE IMPRESSIONNANTE. COMMENT EST-ELLE ORGANISÉE ET À QUI EST-ELLE DESTINÉE ?

En effet, il s’agit d’une opération exceptionnelle, proportionnelle aux besoins du peuple ukrainien. Exceptionnelle par son ampleur, tout d’abord : ces 900 000 kits représentent 2 100 tonnes qui s’ajoutent aux 600 tonnes acheminées dans les premières semaines du conflit. Exceptionnelle aussi par la diversité du matériel envoyé, par la durée du dispositif et par le défi logistique qu’elle représente, particulièrement en ces semaines où l’on est confronté à la pénurie de nombreux produits. Nous avons prévu d’envoyer cinq camions par semaine jusqu’à un entrepôt géant situé à Lviv, et ce, sur plusieurs semaines. Ces véhicules vont traverser toute l’Europe pour arriver à destination. Nous passons ensuite le relais à nos collègues de la Croix-Rouge ukrainienne pour qu’ils distribuent l’aide aux quatre coins du pays, à ceux qui se trouvent parfois dans une situation d’urgence absolue. Toute une logistique est donc déployée, depuis l’assemblage, l’achat des produits - parfois en pénurie - jusqu’à l’acheminement et la distribution aux populations.

COMMENT CES KITS ONT-ILS ÉTÉ CONÇUS ? COMMENT SAVOIR S’ILS RÉPONDENT BIEN AUX BESOINS DE LA POPULATION UKRAINIENNE ?

C’est toute la force de notre Mouvement et de notre coopération avec les autres Croix-Rouge. Nous travaillons en lien étroit avec la Croix-Rouge ukrainienne. Nous avons par ailleurs mené des évaluations des besoins en amont, avec la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le constat est, hélas, désastreux : la population manque de tout. Si beaucoup d’hommes, on le sait, sont mobilisés sur le conflit, des milliers de femmes et d’enfants sont restés sur place. Beaucoup d’autres, que nous avons accueillis en France par exemple, ont fait le choix de revenir chez eux, en dépit de la dureté du contexte et ont des besoins primaires. Nos 900 000 kits leur sont destinés, pour les aider à survivre au quotidien. Ces kits, individuels ou collectifs, sont composés d'articles alimentaires (des plats auto-chauffant, des biscuits, des fruits secs, de l’eau…), de produits d'hygiène (gel hydroalcoolique, shampoing, dentifrice, pansements, couvertures de survie…) et de produits pour bébés (petits pots, eau, lingettes, couches…). A ces kits nous avons ajouté 230 000 produits de première nécessité pour répondre aux besoins urgents. Telle est notre priorité et nous adapterons chaque mois le rythme des livraisons aux besoins exprimés par la Croix-Rouge ukrainienne.

ET DEMAIN, COMMENT VA ÉVOLUER L’AIDE HUMANITAIRE EN UKRAINE ? QUELS BESOINS FAUDRA-T-IL COMBLER ?

Nous sommes tous sidérés par cette crise et préoccupés par sa durée. Plus le temps passe, plus la situation humanitaire risque de se dégrader. Nous nous préparons donc à intervenir dans la durée. Anticiper, c’est prendre en compte les conséquences de la crise sur la population et il est d’ores et déjà certain que nous allons renforcer nos actions essentielles dans les domaines de la santé et du soutien psycho social, domaines dans lesquels nous avons une grande expertise. Nous avons déployé des dispositifs en Moldavie et en Roumanie pour appuyer les équipes sur place, et engagé des délégués en Ukraine pour coordonner les opérations sur le terrain.

L’envoi de 900 000 kits en Ukraine traduit une amplification de l’aide massive que nous apportons à la population sur le terrain. Elle confirme aussi notre rôle majeur en tant qu’experts de l’urgence, au sein du Mouvement. Nous sommes l’un des principaux acteurs et contributeurs d’aide humanitaire en Ukraine. Notre mission s’inscrit dans une stratégie internationale, aux côtés de la FICR et le CICR. Pour continuer à apporter une aide pertinente à la population, il nous faut rester vigilants, à l’écoute et capables de nous adapter en permanence à la situation.

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