L’horreur de la guerre est au cœur de l’Europe depuis maintenant un an. Le 24 février 2022, au beau milieu de la nuit, le cours de l’histoire a changé, plongeant l’Ukraine dans la sidération et l’effroi. Le choc du conflit était brutal, et pourtant, la solidarité s’est très vite organisée pour soutenir le peuple en détresse. Depuis les premières heures, c’est une mobilisation internationale sans précédent qui s’est mise en marche, au nom de l’humanité. Retour sur un an d’actions.

Les mois s’écoulent sans qu’une solution de paix ne semble se dessiner, du moins dans un avenir proche. Au regard des besoins qui se creusent de jour en jour et d’un conflit qui s’enlise, les acteurs humanitaires se projettent dans un temps long. Aujourd’hui encore, une cinquantaine de Sociétés nationales restent engagées aux côtés des réfugiés ukrainiens, dont 15 en Ukraine. Cette crise est à ce jour absolument inédite par son ampleur. Pas moins de 122 000 volontaires issus de nombreux pays sont toujours mobilisés, au bout d’un an de conflit armé.

Cette situation inextricable a poussé sur les routes de l’exil des millions de personnes et fait un nombre invérifiable de victimes et de blessés. Elle a détruit et continue de détruire des infrastructures civiles essentielles - maisons, écoles, hôpitaux, ponts… - au mépris du droit international humanitaire et du devoir de protection de la population. C’est le cas en particulier dans les régions situées près des lignes de front, à l’est, mais pas seulement. Les grandes villes de l’ouest ne sont pas épargnées, prises pour cibles régulièrement elles aussi. En plus de la guerre et de la peur, il y a un autre ennemi : le froid.

Depuis des semaines, des millions de personnes doivent affronter la rudesse de l’hiver dans des conditions parfois extrêmement précaires, soumises à des restrictions voire à la privation de chauffage, d’eau, d’électricité. Il ne s’agit plus de vivre mais de survivre.

Dans les pays voisins de l’Ukraine, l’afflux de population s’est tari au cours de ces derniers mois, mais les besoins restent immenses. Ce sont des millions de ressortissants ukrainiens qu’il faut aider. Ils ont, pour la plupart, tout laissé derrière eux, leurs biens mais aussi leurs proches, leur vie. Il leur faut des soins, un toit, de l’argent pour subvenir à leurs besoins de base. Ce sont leurs trois priorités absolues, selon la Fédération internationale qui coordonne les actions de toutes les Croix-Rouge et Croissant-Rouge (IFRC) engagés dans cette crise éminemment complexe. D’autant plus que nous ne sommes pas coutumiers des terrains de guerre. C’est d’ordinaire le rôle du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Nous avons néanmoins su mobiliser toutes nos forces dans cette bataille humanitaire, dès la première heure. Nous sommes d’ailleurs le plus gros contributeur du Mouvement international en termes d’achats et d’acheminement d’aide humanitaire de première nécessité. Nous avons ainsi envoyé plus de 950 000 kits d’urgence (produits d’hygiène, alimentaires, pour bébés) à la Croix-Rouge ukrainienne depuis des mois.

Des camions sont également acheminés pour faciliter le transport de l’aide en Ukraine. En outre, nous avons déployé des équipes en renfort en Roumanie et en Ukraine pour soutenir les volontaires dans les domaines de la santé, de la logistique et des premiers secours.

En France aussi, nos volontaires font preuve d’une énergie et d’une capacité d’adaptation exceptionnelles depuis le début de ce conflit. Ce sont environ 100 000 ressortissants ukrainiens qui ont ainsi trouvé refuge en France, selon le gouvernement, avec l’espoir de retrouver leur pays au plus vite.

>  Au cours des six premiers mois, nous nous sommes concentrés sur l’accueil et l’orientation de dizaines de milliers de ressortissants ukrainiens. Nous avons su leur proposer des solutions d’hébergement ou de transfert, participé à des opérations de rapatriement d’enfants malades et de blessés. Nous avons mobilisé nos services de rétablissement des liens familiaux pour maintenir le contact avec leurs proches ou rechercher des personnes disparues.Puis, progressivement, une deuxième phase a commencé, dédiée à l’accompagnement des familles exilées. Nous les avons aidées à se loger, à se nourrir et à s’habiller. Nous avons distribué des chèques d’accompagnement personnalisé pour leur permettre de rebondir dans l’urgence. Nous continuons aujourd’hui encore de les accompagner pour tenter d’améliorer leur quotidien. De nombreuses initiatives naissent dans nos territoires. Nous leur proposons des cours de français, nous leur permettons de participer à des activités sportives ou culturelles pour remettre de la normalité et de la joie dans leur vie hantée par le sort de leurs proches.© Nicolas BeaumontCe conflit dont on ne voit pas la fin continuera, hélas, de nous mobiliser durant de longs mois encore. Ses impacts sont multiples et affectent de nombreux pays. L’inflation, la hausse conséquente des prix de l’électricité, du gaz et de certains produits alimentaires pèsent en particulier sur les plus précaires, qu’ils viennent d’Ukraine ou d’ailleurs. Nous avions, dès 2022, envisagé le scénario d’un conflit qui s’enlise et anticipé une augmentation de la précarité en France. Nous en sommes pleinement conscients et nous devons y faire face au présent, désormais.

Géraldine Drot

À lire dans le même dossier