Les premiers élèves infirmiers viennent de faire leur rentrée dans le nouveau centre de formation professionnelle aux métiers sanitaires et sociaux à Kyiv. Le site a été inauguré le 25 septembre dernier en présence de notre directrice générale, Nathalie Smirnov. Un projet dans lequel nous sommes pleinement investis aux côtés de nos homologues ukrainiens pour faire face aux besoins du pays en matière de santé.

Nous sommes le 1er octobre. La toute première promotion d’élèves infirmiers est accueillie sur le site. 60 étudiants vont rejoindre le cursus de formation prévu sur 3 ans au cours de cette année 1. Ils seront 75 en année 2 et ainsi de suite, avec une montée en puissance progressive au fil du temps.

Des étudiants qui pour beaucoup s’engagent dans cette voie dans le but d’aider la population dans ce contexte de guerre, à l’instar de Mariia : “J'aime aider les gens. C'est la seule chose qui me procure de la joie et donne un sens à ma vie. J'ai fait la guerre, je suis devenue infirmière de combat et j'ai compris que je voulais continuer dans ce domaine. D'autant plus après avoir acquis autant d'expérience.”

Mary, elle aussi, veut devenir infirmière “pour être prête à faire face à toute situation et, en cas de danger, être capable de prodiguer des soins médicaux aux personnes.”

Situé dans la périphérie de Kyiv, dans une « green zone », autrement dit une zone considérée comme “sécurisée », le tout nouveau centre de formation professionnelle aux métiers sanitaires et sociaux vient d’ouvrir ses portes. 2 000 mètres carrés entièrement dédiés à la formation de personnels soignants.

L’inauguration officielle a eu lieu quelques jours plus tôt, le 25 septembre. Notre directrice générale, Nathalie Smirnov, représentait la Croix-Rouge française qui a été un « soutien vital » pour mener à bien ce projet, souligne la Croix-Rouge ukrainienne. Son directeur général, Maksym Dotsenko, Gaël Veyssiere, l’ambassadeur de France en Ukraine ainsi que des représentants du Comité international de la Croix-Rouge et de la Fédération internationale étaient également présents à cette cérémonie qui marquait l’aboutissement de plusieurs années de démarches et d’efforts pour décrocher la licence du ministère de l’Education. Un ensemble de prérequis étaient exigés : recruter du personnel, acheter les équipements pour les travaux pratiques, l’ensemble du mobilier, les manuels d’enseignements pour les étudiants, trouver les locaux et avoir un contrat avec un hôpital de proximité. C’est aujourd’hui chose faite, grâce notamment à notre soutien financier et technique. Nous avons ainsi financé le matériel pédagogique et l’équipement du site : mannequins, outils de réalité virtuelle, salle de simulation, mobilier, manuels de formation… “La Croix-Rouge ukrainienne nous a sollicités dès 2022 pour notre expertise dans le secteur de la santé, rappelle Nathalie Smirnov. En décembre 2023, mon homologue ukrainien et son adjoint sont venus en France pour voir comment fonctionnaient nos écoles de formation et s’en inspirer. Ils ont visité notre site Croix-Rouge compétence à Arras. Grâce aux dons collectés, à la solidarité des Français, l’ouverture de ce centre est donc l’aboutissement d’une collaboration qui doit contribuer à renforcer le système de santé du pays à long terme.”

Répondre aux besoins urgents en santé pendant et après la guerre

L’idée de ce centre de formation émane de la Croix-Rouge ukrainienne, confrontée à la pénurie d’infirmières. En 2015, l'Ukraine comptait 262 000 infirmières, cinq ans plus tard leur nombre chutait à 213 400. En cause, les bas salaires, la fermeture d'hôpitaux et de dispensaires, des offres d'emploi plus attrayantes dans d'autres pays. La situation est devenue encore plus critique avec la guerre. De nombreux professionnels ont en effet été réquisitionnés dans le conflit. Or, il faut pouvoir renforcer les soins d’urgence et de suivi des vétérans et blessés de guerre, mais aussi faciliter l’accès aux soins de santé de base à l’ensemble de la population.

Cette école de formation incarne donc une vision à long terme : contribuer massivement à répondre aux besoins du pays en matière de santé pendant et après la guerre. Améliorer la qualité de la formation permettra de professionnaliser le secteur infirmier. Pour ce faire, une plateforme de formation continue alignée sur les standards européens est envisagée dans un second temps. Les futurs étudiants auront ainsi la chance de suivre l’évolution des technologies et de développer des compétences sur des soins spécifiques tels que  la rééducation fonctionnelle, par exemple, qui manque cruellement aujourd’hui pour la prise en charge des victimes de la guerre. 

En parallèle, des “formations qualifiantes” destinées aux travailleurs sociaux sont actuellement mises en place pour répondre aux besoins dans le domaine des soins à domicile (Déjà 800 personnes sont certifiées, il est prévu d’atteindre le millier d’ici la fin de l’année).

La Croix-Rouge ukrainienne affiche clairement son ambition : faire de cette école un centre de référence et se positionner comme un acteur clé de la formation paramédicale dans le pays.

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