Les conflits sont les terrains fertiles de la désinformation. De fausses informations ainsi que d’autres, mal contextualisées, circulent depuis quelques jours concernant l’action du CICR en Russie et en Ukraine. Pour lutter contre cette campagne de déstabilisation à l’encontre du CICR, voici notre éclairage sur la situation.

Les situations de conflit renforcent la désinformation et cette arme peut faire des ravages. Depuis peu, le CICR en est la cible. Ce dernier est visé par de fausses informations mais aussi victime d’informations décontextualisées, en lien avec la guerre en Ukraine, qui nuit gravement à son action sur le terrain et met en danger les civils et le personnel humanitaire.

Retour sur les faits

Les 23 et 24 mars, le président du CICR, Peter Maurer, s'est rendu à Moscou après une visite à Kyiv la semaine précédente. À l'issue de son voyage, des photos des entretiens avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, ont été publiées. Dans le même temps, la nouvelle selon laquelle le CICR avait demandé l'autorisation d'ouvrir un bureau dans le sud de la Russie dans le cadre de son renforcement régional a été rendue publique.

Ces deux actualitéss ont suscité une vague de critiques à l'encontre du CICR et du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Elles ont notamment donné lieu à des informations erronées sur les activités du CICR et du Mouvement en Ukraine. Il est important de souligner que cette campagne de déstabilisation entrave grandement l’action humanitaire du CICR.

En effet, en temps de guerre, l’information est plus que jamais fragilisée. Il est ainsi primordial de se fier à des sources d’informations sûres. Il est aussi nécessaire, pour nous, de rétablir les faits, de les recontextualiser mais aussi d’user de pédagogie pour aider à comprendre ces situations. Et de rappeler, bien sûr, le rôle du Mouvement au sein des conflits.

Comprendre la situation en 3 questions

Quel est le rôle du CICR lors de conflits armés ?

Son rôle est de protéger les civils et de faire respecter le droit international humanitaire (DIH). Pour ce faire, ce dernier doit dialoguer avec les personnes qui prennent et influencent les décisions ayant un impact sur la vie des victimes de conflits armés : cela s'appelle de la “diplomatie humanitaire”. Le CICR est par ailleurs mandaté pour s'engager dans ce dialogue diplomatique en vertu des Conventions de Genève - la neutralité et l’impartialité sont des valeurs fondamentales de ce mandat.

Ce dialogue avec tous les belligérants, cette protection des victimes de guerre, est mené dans le monde entier, à travers chaque conflit où nous essayons d'aider les personnes touchées.

Pourquoi la visite de Peter Maurer à Moscou est-elle gage de neutralité ?

Pour contextualiser cette visite de Peter Maurer, rappelons que le 16 mars dernier, le président du CICR s’est rendu à Kyiv pour rencontrer des membres du gouvernement ukrainien, notamment le premier ministre Denys Shmyhal. Il a ensuite été de passage, le 23 et 24 mars - soit une semaine plus tard -, à Moscou, où il a entre autres rencontré Sergey Lavrov, ministre des Affaires étrangères.

Pourquoi ces deux rencontres ? Pourquoi Peter Maurer s’est rendu en Russie ? Au sein des conflits comme celui-ci, il est essentiel d'établir et de maintenir un dialogue avec toutes les parties (ici la Russie et l’Ukraine). Cela permet d’avoir accès aux personnes touchées, pour que les équipes du CICR puissent apporter une aide vitale, avec des garanties de sécurité. Ce dialogue permet aussi de rappeler aux parties leurs obligations en vertu du DIH - car même dans la guerre, il y a des règles.

L’un des autres enjeux de ces visites à Kyiv et Moscou était d’exhorter les deux parties à coopérer dans le partage des informations sur les morts et les prisonniers.

Pourquoi demander l’ouverture d’un nouveau bureau à Rostov, dans le sud de la Russie ?

Le CICR est déjà présent depuis plus de 30 ans en Russie à Moscou. Cette délégation régionale est un lieu central pour sa diplomatie humanitaire dans le monde. Le conflit implique toutefois de disposer de bureaux et d’entrepôts à proximité des zones où sont les besoins humanitaires pour mieux acheminer les secours et soutenir les équipes mobiles.Le CICR réfléchit donc à ouvrir un bureau à Rostov, dans le sud de la Russie, pour porter assistance plus rapidement et mieux entourer le conflit.

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