"Même si la guerre s’arrêtait demain, les besoins vont rester immenses."
Publié le 19 avril 2022
Quel était votre programme durant ces deux jours passés en Roumanie et en Ukraine ?
Ce voyage était organisé par la Croix-Rouge danoise qui gère toute la logistique humanitaire dans l’ouest de l’Ukraine. Avec mes homologues des Croix-Rouge danoise, canadienne et hollandaise, nous avons d’abord rencontré la Croix-Rouge roumaine pour faire le point sur la situation humanitaire. Le dimanche 10 avril au matin, nous avons franchi la frontière, direction Kamianets-Podllskyl, une ville située au centre de l’Ukraine, où se trouve le quartier général du CICR. Nous nous sommes ensuite rendus à Chernivtsi, plus à l’ouest, où continuent d’affluer de nombreuses personnes fuyant le conflit.Le lendemain, après avoir suivi les volontaires de la Croix-Rouge ukrainienne dans la ville, nous avons rencontré le directeur général de la Croix-Rouge ukrainienne et son équipe rapprochée afin d’évoquer leurs activités sur le terrain, les aspects logistiques et sanitaires, ainsi que leurs besoins.
Quels sont leurs besoins, précisément ?
Nous avons visité une maternité à Chernivtsi. Ici, les naissances ont augmenté de 40 % en un mois ! On a enregistré 1 400 naissances au cours des dernières semaines, contre 1 000 environ auparavant. Cela illustre la situation des hôpitaux qui enregistrent une affluence record en raison des déplacements de population de l’est vers l’ouest. Il y a un besoin très important en matériel, en médicaments, en ressources humaines. La Croix-Rouge française qui pilote le volet santé de la réponse du Mouvement en fait une priorité. De même, il faudra renforcer le soutien psychosocial. Et puis, il va falloir soigner tous les blessés.
Que retenez-vous de vos échanges avec le secrétaire général de la Croix-Rouge ukrainienne ?
Son calme, tout d’abord, en dépit de la crise. Et puis, la proximité et l’excellente collaboration entre la Croix-Rouge et le gouvernement ukrainien. Le secrétaire général a également exprimé ses attentes concernant notre mobilisation et notre soutien. La Croix-Rouge ukrainienne compte sur nous pour l’aider à faire face aux multiples conséquences de cette crise dans la durée.Je retiens par ailleurs le courage extraordinaire des volontaires qui ont fait le choix de rester dans leur pays, au péril de leur vie, pour s’engager au service des autres. Leur détermination est impressionnante, comme celle du peuple ukrainien en général. La Croix-Rouge ukrainienne a plus que doublé ses effectifs depuis le début de la crise ! De nombreux civils s’engagent à ses côtés comme bénévoles pour aider. C’est un vrai signe de confiance vis-à-vis de notre emblème et ma présence sur place était aussi une façon de leur montrer notre soutien et notre proximité.
Quel regard portez-vous sur la mobilisation des acteurs Croix-Rouge ?
Je ressens une grande fierté. Notre mobilisation est exceptionnelle. J’ai également pu constater une coordination des opérations à la fois effective et efficace ; une coordination assurée à l’est de l’Ukraine par le CICR, à l’ouest par la Fédération internationale. Les discussions sont permanentes sur les évacuations de la population, sur l’acheminement de l’aide, sur les distributions, l’accès aux soins, etc. La plateforme logistique de Chernivtsi illustre parfaitement cette efficacité. La Croix-Rouge danoise y gère six entrepôts d’où partent chaque jour dix camions chargés de biens de première nécessité à destination de la population. Il était important pour moi de voir, concrètement, comment s’opèrent ces opérations à laquelle nous contribuons directement. La Croix-Rouge française est en effetl’un des plus gros contributeurs des actions du Mouvement. Nous avons à ce jour acheminé plus de 600 tonnes de matériel en Ukraine et dans les pays limitrophes.
Qu’avez-vous ressenti en pénétrant en Ukraine ?
Dès la frontière, on prend conscience de guerre. Par la présence massive d’ONG sur place, par l’énorme afflux de civils, par les files immenses de camions, les nombreux check points…Et puis, j’avoue avoir ressenti une certaine inquiétude dans la nuit de dimanche à lundi, lorsque j’ai été réveillé vers 4h30 par les sirènes. C’était une alerte aux bombardements et j’ai dû me rendre dans les abris. C’est très impressionnant. Cela m’a rappelé que nous étions dans un pays en guerre, alors que tout semblait si calme en journée, presque normal.
Quel message adressez-vous aux volontaires de la Croix-Rouge française qui sont mobilisés sur cette crise, que ce soit en France ou aux frontières de l’Ukraine ?
Nous avons conscience que cette crise va durer. Même si la guerre s’arrêtait demain, les besoins vont rester immenses. Les populations dans l’ouest de l’Ukraine se retrouvent impactées par des difficultés économiques et sociales alors qu’elles étaient jusqu’alors épargnées. Les volontaires de la Croix-Rouge actuellement déployés sur le terrain vont avoir besoin d’être relayés. La Croix-Rouge française sera sans doute encore plus présente qu’aujourd’hui dans les semaines et les mois qui viennent. Alors nous devons garder intacte notre mobilisation. Le risque, comme on le voit dans chaque crise, c’est qu’une fois passé le moment de sidération, d’émotions suscitées par les images, on s’installe dans une sorte de normalité. Ne relâchons pas notre attention, maintenons notre capacité à accueillir et à intégrer les personnes fuyant l’Ukraine. Nous allons vraiment avoir besoin de la solidarité des Français et des pouvoirs publics, pour continuer et aider ces personnes à se relever et à se reconstruire.
l’un des plus gros contributeurs des actions du Mouvement. Nous avons à ce jour acheminé plus de 600 tonnes de matériel en Ukraine et dans les pays limitrophes.
Qu’avez-vous ressenti en pénétrant en Ukraine ?
Dès la frontière, on prend conscience de guerre. Par la présence massive d’ONG sur place, par l’énorme afflux de civils, par les files immenses de camions, les nombreux check points…
Et puis, j’avoue avoir ressenti une certaine inquiétude dans la nuit de dimanche à lundi, lorsque j’ai été réveillé vers 4h30 par les sirènes. C’était une alerte aux bombardements et j’ai dû me rendre dans les abris. C’est très impressionnant. Cela m’a rappelé que nous étions dans un pays en guerre, alors que tout semblait si calme en journée, presque normal.
Quel message adressez-vous aux volontaires de la Croix-Rouge française qui sont mobilisés sur cette crise, que ce soit en France ou aux frontières de l’Ukraine ?
Nous avons conscience que cette crise va durer. Même si la guerre s’arrêtait demain, les besoins vont rester immenses. Les populations dans l’ouest de l’Ukraine se retrouvent impactées par des difficultés économiques et sociales alors qu’elles étaient jusqu’alors épargnées. Les volontaires de la Croix-Rouge actuellement déployés sur le terrain vont avoir besoin d’être relayés. La Croix-Rouge française sera sans doute encore plus présente qu’aujourd’hui dans les semaines et les mois qui viennent. Alors nous devons garder intacte notre mobilisation. Le risque, comme on le voit dans chaque crise, c’est qu’une fois passé le moment de sidération, d’émotions suscitées par les images, on s’installe dans une sorte de normalité. Ne relâchons pas notre attention, maintenons notre capacité à accueillir et à intégrer les personnes fuyant l’Ukraine. Nous allons vraiment avoir besoin de la solidarité des Français et des pouvoirs publics, pour continuer et aider ces personnes à se relever et à se reconstruire.