Expérimentons la pédagogie immersive

Deux usages sont possibles : 

• Une salle uniquement immersive avec la diffusion d’images sur les trois murs permettant une projection de l’apprenant dans des environnements variés (hôpital, aéroport, chantier, …).

• Une salle immersive interactive : en utilisant des capteurs, l’apprenant interagit avec les éléments du décor virtuel (progresser dans un scénario, répondre à des quiz, rechercher des zones d'intérêt, …).

Dans ces deux cas, apprendre dans un environnement numérique immersif favorise la mémorisation et la compréhension des enseignements (Cahagne et Fuzet, 2022). Pour la formation, l’immersif permet de reproduire des situations rares, coûteuses ou surprenantes, tout en rendant l’apprenant plus actif et stimulé par l’effet de surprise (Fortin et Gonzalez).

Créer une expérience immersive : une méthodologie structurée

La création de contenus immersifs repose sur un process rigoureux, basé sur le modèle ADDIE, garantissant une approche méthodique et efficace. 

Analyse

Dans un premier temps, il est nécessaire de : 

• décrire les spécificités des apprenants concernés

• identifier le besoin pédagogique, 

• définir les objectifs pédagogiques, 

• placer l’intégration de cette séance dans la stratégie pédagogique

• reprendre le contexte et les contraintes

• nommer la plus-value de ce dispositif vis-à-vis d’un autre. Ces éléments sont consignés dans une note de cadrage qui précise également les contraintes, les ressources à mobiliser (techniques et humaines), le rétroplanning… Une attention particulière est portée à l’alignement pédagogique et aux éventuelles difficultés (acculturation, troubles cognitifs, …).

Design

À l’aide d’un storyboard, sous la forme d’un prototype, les ingénieurs pédagogiques scénarisent la séance. La qualité de rédaction du scénario pédagogique viendra inévitablement influencer l’expérience immersive. Ce document décompose l’expérience en étapes clés, intègre les visuels, sons, interactions, transitions, médias, … Une démarche centrée sur l’utilisateur (UX Design) garantit une prise en main intuitive et une expérience fluide. Deux cycles de validation avec le formateur permettent d’affiner et de confirmer le contenu.

Développement

Après la validation du storyboard, la phase de développement commence, durant laquelle le module est produit sur le logiciel Immersive Studio. Cette étape inclut des tests en conditions réelles avec le formateur. Les betas testeurs joueront le rôle d’apprenants. Trois types de tests sont effectués : techniques, pédagogiques et fonctionnels. Suite à ces évaluations, des ajustements mineurs peuvent être effectués pour améliorer le module. Une fois le projet jugé complètement viable et fiable, il est prêt à être diffusé.

Implémentation

La phase de déploiement suit. Les formateurs sont autonomes dans la réservation de la salle, la mise en route et le lancement du projet. Le contenu est diffusé aux apprenants et peut être retransmis dans des salles de cours, comme pour une séance de simulation. La séance se clôture systématiquement par une phase de débriefing entre le formateur et les apprenants, voire les contributeurs du projet. Ce moment amène les apprenants à identifier, verbaliser et formaliser leurs apprentissages.

Évaluation

Le process se termine par la phase d’évaluation où l’ensemble des parties prenantes se retrouvent pour un retour d’expérience. Cette étape est également cadrée, revenant sur le besoin initial, la construction du projet, le déploiement, l’évaluation de l’efficacité du projet, les retours des contributeurs et les axes d’amélioration.

Un impact concret sur la formation

En un an, ce dispositif, dans la région Centre Val de Loire, a profité à 1 250 apprenants. Les ingénieurs pédagogiques ont développé six expériences et ont repris des environnements immersifs de la banque de contenus d’Immersive Studio. 

Les divers projets sont créés en suivant une démarche d’éco conception (Créer, innover, préserver, SmartCanal, 2024), ce qui facilite leur adaptation et leur utilisation dans des contextes et promotions variés. Concrètement, il a été créé : 

• un projet sur les risques d’accidents courants : explorer un salon pour détecter les risques d’accidents domestiques pour un enfant et identifier les recommandations à fournir aux parents 

• un projet sur la visite d’un logement : sur la base d’un plan et de photos, observer l’environnement d’un patient et préconiser des ajustements 

• un projet sur la méthode DISC : comprendre les dynamiques de groupe à travers des mises en situation

• un projet sur l’usage des réseaux sociaux et la posture professionnelle : sensibiliser à l’usage du numérique et aux comportements en situation de travail

• un projet sur les représentations liées aux vêtements : réfléchir à l’apparence et aux stéréotypes dans un cadre immersif.

À ce jour, les retours des formateurs et apprenants sont positifs. Ils soulignent l’innovation de ce dispositif, le côté engageant et différent. Avec une utilisation croissante et des retours enthousiastes, les salles immersives se positionnent comme un levier intéressant pour enrichir une expérience d’apprentissage et développer des compétences dans des environnements interactifs, réalistes et stimulants.