Témoignages d’Haïtiens recueillis sur les sites où la Croix-Rouge française et la Croix-Rouge haïtienne interviennent dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, ainsi que dans la distribution d’articles de secours et d’abris d’urgence.

12 janvier-12 mai, quatre mois après le séisme en Haiti, la situation évolue petit à petit… Pas assez vite selon les sinistrés et les acteurs/observateurs que nous sommes aussi, mais la complexité du contexte, spécialement à Port-au-Prince, rend les avancées difficiles…

Au parc Maguana à Delmas 31, où 3 000 personnes sont rassemblées.

Le 29 mars dernier, le comité de gestion du parc Maguana organisait une conférence de presse pour annoncer aux medias locaux et à leurs partenaires – dont la Croix-Rouge - la création d’une Fédération des comités de gestion des sites de rassemblement temporaires. A ce jour, une quinzaine de comités de gestion de l’agglomération de Port-au-Prince, dont la commune de Delmas, a rejoint la Fédération et 15 autres sont en passe de le faire. Le but de cette Fédération : « être plus unis pour être plus forts et porter la voix du peuple auprès des autorités nationales et locales, car les victimes du séisme, 4 mois après la catastrophe, vivent toujours dans des conditions très difficiles », explique M. Numas, conseiller du comité. En ce 12 mai, date anniversaire de la catastrophe, le destin s’est acharné un peu plus sur les réfugiés de Maguana. « Le 12 mai, un feu s’est déclaré dans une tente et s’est propagé à une vingtaine d’abris voisins, faisant des blessés. Nous avons appelé les pompiers qui nous ont répondu qu’il n’y avait pas d’eau sur place ! C’est pourquoi, il est plus que temps que la Fédération fasse entendre sa voix », estime le comité. Le 13 au matin, une équipe de la Croix-Rouge française partait évaluer les dégâts et voir quelle aide elle pouvait apporter.

Sur le site du centre Dahomey, à Bel Air, où 6 000 personnes sont rassemblées

Depuis quatre mois, nous suivons le parcours de Betty, jeune maman de 26 ans, installée dans le camp de Dahomey (voir articles précédents). La jeune femme, qui s’est impliquée avec la Croix-Rouge pour venir en aide à ses concitoyens, n’a pas le sentiment que les choses changent vraiment pour elle et les siens : « Malgré l’aide que nous avons reçu, nous sommes toujours là... Pour ma part, j’essaie de me réfugier avec mes enfants chez ma tante à Carrefour (une heure de « tap-tap » depuis Delmas) pour y passer la nuit de temps à autres. Nous avons peut-être trouvé une maison à Delmas, nous y emménagerons dans quelques semaines si tout va bien, mais ni mon mari ni moi n’avons trouvé de travail. Et je refuse que mes enfants retournent à l’école, dans les bâtiments… j’ai peur ». Le traumatisme est là, ancré. Il faudra du temps pour reconstruire la ville… et ses habitants…

A Lindor 2, Delmas 33, où 5 000 personnes sont rassemblées

Lindor 2 est un site où a eu lieu l’une des premières « journées de l’assainissement » organisée par la Croix-Rouge française/ Croix-Rouge haïtienne, dans le cadre des activités de promotion à l’hygiène. Depuis début avril, chaque samedi, les équipes de la Croix-Rouge en partenariat avec les comités de gestion les plus motivés co-organisent une opération de nettoyage des sites, de collecte de déchets, dans une ambiance festive et ludique. L’objectif est d’impulser une dynamique d’assainissement et de prise en main de leur environnement par les populations elles-mêmes. Cela fait plus d’un mois que la dynamique est lancée et la « mayonnaise » prend à chaque fois.Mme Marseille membre du très actif comité de gestion de Lindor 2, nous parle de la vie sur site : « La pluie fait du mal. Les tentes sont inondées à chaque fois qu’il pleut. Conséquence : les gens ne dorment pas la nuit et, le matin, ils doivent nettoyer toute la boue qui a coulé dans les tentes et abris. Nous avons besoin de matériel de nettoyage ». Les demandes comme celles-ci sont nombreuses et la Croix-Rouge française continue la distribution de kits de nettoyage (balais, outils brouettes…).

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