Pour le docteur Hanz Legagneur, directeur du Département Sanitaire de l’Ouest (DSO), le retour à la situation qui prévalait avant le séisme et au fonctionnement normal des structures de santé restées debout est une priorité. Il nous parle aussi des problématiques actuelles : le risque épidémique, le handicap, l’eau potable et le soutien psychologique.

Les directions départementales sont les directions déconcentrées du Ministère de la santé et de la Population (MSPP). Elles sont en charge d’appliquer et de faire respecter la politique de santé du gouvernement. La direction départementale de l’Ouest gère les structures de santé des 19 communes qu’elle englobe. Partiellement détruit, le bureau départemental a pourtant recommencé rapidement ses activités et tente aujourd’hui de reprendre le contrôle des activités de santé sur sa zone. Son directeur, le docteur Legagneur, nous parle des priorités actuelles.

Les partenaires en soutien des structures haïtiennes

« Le paquet minimum de services (PMS) a été mis en place par le MSPP bien avant le séisme. Les problèmes sanitaires du pays sont connus, identifiés et inclus dans la politique de santé. Le PMS, qui oriente l’action des institutions haïtiennes de santé, recense les programmes prioritaires (santé maternelle et infantile, Sida, nutrition, malaria, planification familiale…) et les modalités d’intervention. Il était et doit redevenir un guide pour toutes les structures.

Le 12 janvier, le séisme a tout bouleversé, amenant d’autres problèmes sanitaires. L’afflux d’aide humanitaire, dans un premier temps, n’était pas contrôlé comme il se doit. L’offre de soins gratuits a déséquilibré le système, privant les structures existantes de leurs patients. Aujourd’hui, on essaie de coordonner l’action de tous les acteurs. Depuis quelques semaines, les partenaires étrangers doivent entrer en contact avec le bureau de la santé du département de l’Ouest, le plus touché par le séisme, pour retourner progressivement à la situation antérieure. Il est indispensable que les organisations humanitaires travaillent avec les agents locaux de santé qui connaissent déjà le PMS. La donne est aujourd’hui différente et il faut définir de nouvelles stratégies d’intervention auprès des communautés sur les sites d’hébergements.

Le renforcement des capacités des structures haïtiennes est un aspect important. La Croix-Rouge française y travaille avec nous et a commencé, il y a quelques semaines, à soutenir l’hôpital Eliazar Germain de Pétionville, qui tourne maintenant à pleine capacité. »

Le risque épidémique

« Le risque d’épidémie existe même s’il est contrôlé notamment grâce à la veille des cliniques mobiles. Ce risque est aggravé par la promiscuité sur les sites de rassemblement. Imaginez, si la tuberculose se déclare dans un camp, la propagation sera rapide… et la catastrophe potentielle… Par ailleurs, la saison des pluies est arrivée et certaines pathologies vont augmenter : les cas de dengue, de paludisme vont se multiplier et la contamination de l’eau est un risque supplémentaire. Nous faisons de la fumigation, du traitement des gîtes larvaires mais nos moyens d’action sont limités. Des zones comme Carrefour, Croix des Missions ou Croix des Bouquets sont considérées comme zones à risque. »

L’eau potable

« La première mesure pour prévenir les épidémies est de maintenir un approvisionnement en eau potable en quantité et en qualité pour tous. Il ne faut pas baisser la garde ! La contamination fécale de l’eau et des aliments est un risque fort, surtout en cette période de saison des pluies. »

Le handicap

« Les chiffres oscillent entre 2000 et 4000 amputés après le séisme. C’est un problème nouveau pour nous et nous n’y avons pas été préparés. Au niveau des structures de réhabilitation, de la production d’orthèses et de prothèses, les équipes haïtiennes doivent être formées. Le rôle des partenaires étrangers est primordial. Il faut aussi penser aux aménagements des lieux publics, etc. »

Le soutien psychosocial

« C’est un enjeu important pour la population car le traumatisme est grand. A commencer par nos propres équipes, victimes comme les autres. Nos employés ont commencé des séances de soutien psycho social, pour surmonter ces problèmes. On ne peut pas aider les autres si on n’est pas aidé soi-même… »

Laetitia Martin, Déléguée communication

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