« J’ai juste eu le temps de porter ma femme handicapée à l’abri, je n’ai pensé à rien d’autre. J’ai tout perdu » soupire André, un habitant d’Aytré. À deux heures du matin dimanche dernier, il ne s’est pas inquiété de ne plus avoir d’électricité…

...C’est seulement au réveil qu’il constate que l’eau avait envahi son salon. Depuis, la mer s’est retirée laissant dans la maison un univers de désolation. Aujourd’hui, l’heure est à la remise en état de la maison. « Quand j’ai vu la Croix-Rouge passer, je suis tout de suite allé à leur rencontre pour leur demander de l’aide ».

Une équipe de volontaire de la Croix-Rouge parcourt le quartier afin d’évaluer les besoins des riverains et commencer à déblayer les habitations en priorité pour les personnes les plus fragiles. Les tâches ne manquent pas : nettoyer la boue, passer la raclette, sortir les meubles et les affaires irrécupérables, faire sécher les matelas, etc. Certains meubles doivent être surélevés à l’aide de cale pour que les sols puissent sécher. « Des bras supplémentaires, c’est plus que bienvenu, il y a tellement à faire », remercie André qui écoute avec attention les recommandations de la Croix-Rouge : « il faut bien laver sa vaisselle avant de la réutiliser et laisser les fenêtres ouvertes pour aérer les pièces »

Les équipes de volontaire se rassemblent le matin à la mairie pour connaitre les secteurs urbains qui ont le plus besoin d’aide. « Il faut d’abord s’assurer que la sécurité des bénévoles soit garantie. Normalement l’électricité a été coupée, mais la prudence est une règle d’or et les pièges ne manquent pas. Après il faut juste se retrousser les manches et avoir de bonnes bottes » explique Jacques, le chef d’équipe.

« J’ai passé mon enfance ici et j’étais venu en vacances me ressourcer dans ma famille. Après ce qui s’est passé, je ne pouvais pas rester les bras croisés, alors j’ai cherché le premier uniforme Croix-Rouge qui passait et j’ai été voir ce que je pouvais faire », raconte Axelle, une secouriste des Hauts-de-Seine. « Nettoyer, c’est aussi un bon prétexte pour leur apporter un peu de réconfort, d'écoute et d'attention », explique-t-elle.

Deux jours après le passage de la tempête, tous les sinistrés ont été relogés dans l’urgence, mais il faut évaluer leurs besoins en matière de vêtement ou d’aides sociales. Les bénévoles remplissent des fiches de la préfecture à chaque rencontre de sinistré. Ce recensement est ensuite transmis aux autorités qui prennent le relais pour les situations délicates. « C’est fou, la misère appelle la misère. Cette rue est habitée par plusieurs familles qui ont des enfants ou des parents handicapés. Ils sont dans des situations sociales déjà délicates, et il faut que ce soit eux qui soient les plus touchés » soupire Henriette, le balai à la main. Également bénévole dans les Hauts-de-Seine, elle a immédiatement accepté d’être volontaire pour partir en minibus vers la Charente-Maritime. Après une route de cinq heures et une nuit sommaire, elle a commencé ce mardi matin à déblayer les maisons d’Aytré.

« C’est aux personnes de décider s’ils ont besoin de notre aide ». Le propriétaire de la maison suivante refuse la proposition de la Croix-Rouge, il attend le passage de l’expert en assurance. Une voiture s’arrête alors à la hauteur dés équipiers Croix-Rouge. Le chauffeur propose une pile de vêtements à l’équipe. Plus loin dans la rue, le travail de nettoyage n’a pas encore commencé, car les maisons sont toujours sous les flots. Les sapeurs pompiers s’activent à pomper l’eau. À côté, un homme abasourdi regarde fixement sa maison. « J’ai repris cette maison il y a deux ans après le décès de mes parents. Aujourd’hui, j’ai perdu toutes mes affaires, mes souvenirs et j’ai presque l’impression que mes parents sont morts une deuxième fois ».

La nuit tombe sur le quartier et les bénévoles repartent au gymnase, maculés de boue pour se reposer quelques heures sur des lits de camp avant de recommencer le lendemain.

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