Danielle et Jaquelin, deux personnes sinistrées après le passage de la tempête Xynthia témoignent : pertes matérielles, les souvenirs détruits… La présence des bénévoles de la Croix-Rouge française en plus de l’aide matérielle apporte une réelle écoute en ces temps difficiles.

Jaquelin et ses souvenirs

« L’eau a commencé à rentrer par la porte du garage. Quand elle a cédé, un torrent de boue a envahi la maison, comme dans les films. Tout s’est rempli en quelques secondes. J’habite à Aytré depuis 35 ans, je n’ai jamais vu ça ! » À six heures du matin, Jaquelin avait de l’eau jusqu’aux genoux quand sont fils est venu le chercher. Il a beau avoir tout perdu, il garde néanmoins le sourire. « Vous savez, le plus important c’est la vie ! Le reste, ça s’oublie. » De retour chez lui, c’est à peine s’il s’intéresse à l’avancement du nettoyage de sa maison par la Croix-Rouge. Il est surtout ravi de pouvoir raconter ses histoires aux volontaires qui s’affairent chez lui.

Toute sa vie défile sous ses yeux au fur et à mesure que les bénévoles sortent ses affaires pour les faire sécher. Jaquelin a 84 ans et des souvenirs à la pelle. « Ça, c’est une photo d’Indochine ! J’étais militaire à Saigon ! Une sacrée époque… Là, c’est un service en porcelaine de mon mariage. C’est dommage, je l’ai utilisé qu’une seule fois en 1957 pour une communion… Vous saviez que j’ai fait mon voyage de noces en Allemagne ? C’était très chouette, mais maintenant je suis veuf, c’est comme ça ». Pendant qu’il parle, la photo en noir et blanc de sa femme qui a été miraculeusement épargnée par les eaux est clouée au mur au dessus de lui. Elle observe le nettoyage des volontaires de la Croix-Rouge.

« Vous pourrez dire que je ne faisais jamais le ménage », plaisante Jaquelin. Il dort depuis dimanche chez sa sœur qui habite la commune. « J’attends que les services sociaux me proposent un autre logement. Le déménagement, ça sera rapide vu les affaires qu’il me reste. »

Danielle assise au milieu des flots

Dimanche dernier, Danielle est restée plusieurs heures assise sur sa table de cuisine à attendre les secours au milieu des eaux et de ses affaires qui flottaient. À deux heures du matin, elle a été réveillée par le bruit des canalisations qui refluaient les évacuations. Avec son mari, ils ont alors aperçu l’eau qui commençait à s’infiltrer sous la porte. Ils ont alors tenté en vain de mettre du linge sous les fenêtres pour limiter l’infiltration. « Même ma petite-fille de 10 ans s’y est mise ! Elle essayait d’écoper avec une casserole. Autant essayer de vider la mer. »

Depuis le sinistre, ils habitent chez leur fils à quelques kilomètres et viennent tous les jours pour remettre en état leur maison. « J’ai encore ouvert un tiroir ce soir et plein d’eau en est sorti, mais on continue, je ne vais pas laisser ma maison s’abimer et ça ne se fera pas par l’opération du Saint-Esprit ! »

Si son salon, sa cuisine et sa chambre sont dévastés, la maison est étonnamment accueillante avec d’immenses bouquets de fleurs dans toutes les pièces. Hasard du calendrier, c’était son anniversaire le jour de la tempête. La veille, elle avait organisé une réception et avait reçu de nombreux bouquets pour fêter ses 72 ans.

Dans la pièce à côté, les pompiers sont en train de pomper l’eau restée emprisonnée dans son sous-sol. Les bénévoles de la Croix-Rouge entreposent dans le jardin tous les meubles et les affaires irrécupérables. « Ça faisait 49 ans qu’on était installé ici au Port-des-Barques ». Danielle prend dans un placard une boite à chaussure avec des photos détrempées. « J’avais pris ces photos lors de la tempête de 1999. On avait été inondé, mais l’eau n’était pas arrivée aussi haut ». Dans l’aquarium derrière elle, tous les poissons sont morts. « Nous, on est bien vivant, c’est le principal ! »

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