8 mois après l’escalade des hostilités, qui ont débuté par les événements terribles survenus en Israël le 7 octobre dernier, la situation dans la bande de Gaza se détériore d’heure en heure. Les gens ne sont plus en sécurité nulle part. Cette guerre meurtrière a effacé tout sentiment d’humanité partagée. Le bilan des victimes civiles et la captivité prolongée des otages sont choquants et inacceptables. Gaza est confrontée à une situation humanitaire catastrophique, affectant tous ceux qui y vivent mais aussi les travailleurs humanitaires et le personnel de santé. L’impact de ce conflit laissera de profondes cicatrices physiques et mentales.

Des personnes plus de 6 fois déplacées dans un contexte humanitaire complexe

Sur une population de 2,2 millions d’habitants, plus de 1,6 million vivent désormais à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Les besoins sont immenses : les habitants sont confrontés à un manque alarmant de nourriture, à un accès insuffisant à l’eau potable et à un manque de soins médicaux. La plupart des Gazaouis ne sont pas arrivés directement à Rafah, mais ont été déplacés en moyenne 6 fois. Ils sont à bout de force et vivent dans un état de stress et de peur permanent. Le risque de mourir d'une infection ou d'une maladie bénigne est élevé, et les personnes vulnérables : âgées, blessées ou souffrant de handicap, sont encore plus fragilisées.

©Pascal Hundt/ICRC
©Pascal Hundt/ICRC

Il est essentiel que les parties au conflit tiennent compte de ce qu'impliquent des déplacements massifs de personnes se frayant un chemin le long de routes endommagées et dans des zones potentiellement contaminées par des munitions non explosées. Les civils évacués doivent arriver à destination sains et saufs, et bénéficier de conditions satisfaisantes sur le plan de l'hygiène, de la santé, de la sécurité et de l'alimentation.

Effondrement du système de santé et risque de propagation des maladies

©Yousef Alyazji/ICRC
©Yousef Alyazji/ICRC

Les habitants de la bande de Gaza ont du mal à accéder aux soins médicaux dont ils ont un besoin urgent, en partie à cause d’une demande écrasante et du nombre réduit d’établissements de santé fonctionnels. Les attaques contre les installations et le personnel médical ont fortement impacté le système de santé.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, seuls 33 % des 36 hôpitaux et 30 % des centres de soins de santé primaires de Gaza sont fonctionnels dans une certaine mesure. Les centres encore opérationnels sont submergés de patients, ils font face à un manque de fournitures et de ressources pour les soigner alors qu’ils font aussi office de lieu d’hébergement pour les personnes déplacées à la recherche d’un abri sûr.

Le personnel médical constate une augmentation des maladies transmissibles qui pourraient entraîner des épidémies et des complications liées à des maladies chroniques non traitées. Les amputations sont courantes, tout comme les infections respiratoires aiguës, les maladies gastro-intestinales et les maladies de peau se propagent rapidement dans les communautés déplacées en raison du manque d’eau potable, d’assainissement et d’accès à la nourriture.

La Croix-Rouge ouvre un hôpital de campagne à Gaza

Hôpital de campagne CICR ©Yousef Alyazji/ICRC
Hôpital de campagne CICR ©Yousef Alyazji/ICRC

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et 12 Sociétés nationales de la Croix-Rouge ont uni leur effort et ouvert un hôpital de campagne à Rafah en mai afin de faire face à l'explosion des besoins médicaux. L’hôpital de campagne de 60 lits vient compléter et soutenir les activités du Croissant-Rouge palestinien, alors que la communauté médicale et humanitaire tente de répondre aux énormes besoins en matière de santé à Gaza. L’hôpital de campagne fournit des soins à environ 200 personnes par jour : des soins chirurgicaux d’urgence, des soins obstétriques/gynécologiques, maternels et néonatals, des soins pédiatriques et un service de soins ambulatoires.

Dans la nuit du 26 mai 2024, l’hôpital de campagne de la Croix-Rouge à Rafah, a été submergé par l’arrivée de nombreux patients gravement blessés et brûlés suite à une frappe aérienne. Le personnel médical de l’hôpital de campagne de la Croix-Rouge gère déjà un afflux constant de patients gravement blessés en raison des combats persistants. De plus, une augmentation des maladies transmissibles menace de provoquer des épidémies et des complications pour les maladies chroniques.

➔ L’hôpital de campagne du CICR

a ouvert 60 lits à Rafah, il est capable de fournir des soins médicaux à 200 personnes par jour (soins chirurgicaux, obstétricaux et pédiatriques d'urgence), en 1 mois :

  • 155 opérations pratiquées
  • 5 681 consultations réalisées

➔ L'hôpital européen de Gaza*

avec l’appui du CICR et des partenaires du Mouvement :

  • 1 625 interventions chirurgicales
  • 1 638 séances de physiothérapie
  • 920 séances de soins santé mentale

*depuis le 1er juillet la zone (Khan Younis) dans laquelle se trouve l'hôpital européen a dû être évacuée en urgence et l'hôpital n'est plus en mesure de continuer à fonctionner efficacement, une grande partie du personnel et des patients ayant dû être évacués également.

L’aide humanitaire entravée

Avant l’escalade des hostilités, 400 à 500 camions entraient quotidiennement dans Gaza. L’aide a fluctué depuis octobre, mais reste constamment inférieure à la quantité nécessaire pour répondre aux immenses besoins humanitaires. L'accès à l'aide a été particulièrement limité dans le nord de Gaza. La situation dans le sud s'est considérablement détériorée depuis le 6 mai, en raison des fermetures et des perturbations aux points de passage frontaliers, entraînant une réduction massive de l’aide humanitaire entrant à Gaza.

Nos collègues du Croissant-Rouge palestinien continuent de travailler sans relâche et ont aidé plus de 1,5 million de personnes en leur fournissant de la nourriture, de l'eau et des articles essentiels, toutefois cela ne répond pas suffisamment aux besoins.

Patients à l'intérieur de l'hôpital de campagne ©Abed Shana/Arab News Network
Patients à l'intérieur de l'hôpital de campagne ©Abed Shana/Arab News Network

Attaques contre les travailleurs et les établissements de santé

Depuis le début des hostilités, le personnel et les volontaires du Croissant-Rouge palestinien ont continué de dispenser courageusement des services médicaux d’urgence aux communautés de Gaza, malgré l’ampleur inacceptable des pertes subies. Plus de 200 travailleurs humanitaires ont perdu la vie en répondant à cette crise. Cela comprend 27 membres du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ; nous avons tragiquement perdu 20 collègues du Croissant-Rouge palestinien, 6 collègues du Magen David Adom en Israël et un collègue du CICR. C'est inacceptable. Les travailleurs humanitaires doivent être protégés. Ils doivent pouvoir effectuer leur travail sans risquer leur propre vie.

Des installations essentielles ont été endommagées. Il s’agit notamment des hôpitaux Al-Amal et Al Quds et de plusieurs centres de services médicaux d’urgence, ainsi que des véhicules d’urgence, 25 ambulances ayant été mises hors service. Des collègues du Croissant-Rouge palestinien sont détenus et des rapports inquiétants ont été diffusés sur leur traitement. On ignore toujours où se trouvent un grand nombre d’entre eux.

Le vendredi 21 juin 2024, vingt-deux personnes sont mortes après que des tirs ont touché les abords de structures du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Gaza. La frappe a endommagé la structure du bureau du CICR, qui est entouré de centaines de civils déplacés vivant dans des tentes. Cela a provoqué un afflux massif de victimes vers l’hôpital de campagne de la Croix-Rouge. Tirer si dangereusement à proximité des structures humanitaires, dont les parties au conflit connaissent l’emplacement et qui sont clairement marquées de l’emblème de la Croix-Rouge, met en danger la vie des civils et du personnel de la Croix-Rouge.

La protection des humanitaires, des structures médicales et de son personnel doit être garantie

Alors que les besoins en matière de santé augmentent de jour en jour à Gaza, la protection des structures médicales doit être garantie en vertu du droit international humanitaire. Aucun patient ne devrait être tué alors qu’il est allongé dans un lit d’hôpital. Aucun médecin, membre du personnel infirmier ou autre professionnel de la santé ne devrait mourir en œuvrant pour sauver des vies. Les hôpitaux sont des sanctuaires où l’on soigne et préserve la vie humaine.

Nous ne prenons aucun parti autre que celui de l’humanité. Nous appelons encore une fois toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et à :

  • La libération inconditionnelle de tous les otages ;

  • Un accès humanitaire sans entrave de l’aide à Gaza et aux alentours ;

  • La protection des travailleurs humanitaires, des personnels de santé et de leurs installations.

Plus largement dans la bande de Gaza, le CICR et ses partenaires du Mouvement ont :

• distribué des articles essentiels à plus d’un million de personnes déplacées à l’intérieur de Gaza

• aidé 285.000 personnes à avoir accès à l’eau potable

• permis à 19.000 personnes de recevoir une aide médicale

Faites un don pour fournir une aide vitale aux populations touchées

Je donne une fois

Soit 30 € après déduction fiscale

À lire dans le même dossier