L’arrêt des hostilités aura été de courte durée. Une semaine exactement, du 24 au 30 novembre. Trop court pour acheminer l’aide humanitaire nécessaire dans la bande de Gaza et évacuer suffisamment de civils et blessés vers l’Egypte. Trop court pour libérer tous les otages encore détenus par le Hamas. Le 4 décembre, lors de sa visite à Gaza, la présidente du CICR, Mirjana Spoljaric, a exhorté les deux parties au conflit à épargner les civils.

Sommés de quitter le nord de Gaza au début du conflit, des centaines de milliers de Palestiniens se sont réfugiés au sud. Dès la fin officielle de la trêve, le 1er décembre, les opérations militaires ont été étendues à l’ensemble de la bande de Gaza. La ville de Khan Younès et ses alentours sont soumis à d'intenses bombardements. "Le niveau de souffrance humaine est intolérable. Il est inacceptable que les civils n'aient aucun endroit sûr où aller à Gaza, et avec un siège militaire en place, il n'y a pas non plus de réponse humanitaire adéquate possible à l'heure actuelle", a déclaré Mirjana Spoljaric sur place.

Le Comité international de la Croix-Rouge réitère ses appels, inlassablement, depuis le début du conflit : pour que les civils soient protégés conformément aux lois de la guerre. Que l'aide humanitaire puisse entrer sans entrave. Que les 137 personnes encore aux mains du Hamas soient libérées et traitées avec humanité. Que le CICR soit autorisé à leur rendre visite en toute sécurité pour leur apporter l’assistance et les soins nécessaires. C'est sa priorité, mais pour cela il doit avoir accès à eux. L’organisation plaide depuis le premier jour à huis clos pour leur libération et leur bien-être. “Nous devons protéger les droits des civils, les droits des otages”, clame Mirjana Spoljaric sur place, appelant à une solution politique à cette crise.

Chaque jour qui passe apporte son lot de victimes. Des civils, en grande majorité. "Un très grand nombre de civils ont été tués ou mutilés*, dont des milliers d'enfants. Les maisons, les hôpitaux et d'autres infrastructures essentielles à la survie de la population civile ont subi des destructions colossales", confirme Pascal Hundt, responsable des opérations du CICR à Gaza. Toutes les organisations humanitaires présentes témoignent d’une situation catastrophique. Elles en paient elles-mêmes le prix. A ce jour, 8 volontaires du Croissant-Rouge palestien et du Magen David Adom en Israël ont perdu la vie en s’efforçant d’en sauver d’autres.

Un cessez-le-feu bien trop court

L’arrêt des hostilités qui n’aura duré qu’une semaine a été une véritable course contre la montre. La Société du Croissant-Rouge palestinien fait état d'un total de 1 232 camions et près de 5 000 tonnes d’aide humanitaire entrés dans Gaza entre le 24 novembre et le 1er décembre, via Rafah, en Egypte, seul point de passage autorisé. L’aide a même pu atteindre la partie nord de Gaza, totalement inaccessible jusque-là. Ce sont 148 tonnes d'équipement médical, près de 30 000 litres de carburant qui ont été livrés aux hôpitaux. Et puis, de l’eau, de la nourriture, des couvertures, des matelas…

C’est le Croissant-Rouge égyptien (ERCS) - seule organisation à avoir accès au poste frontière de Rafah - en tant qu’auxiliaire des pouvoirs publics de son pays - qui a coordonné toute l'aide humanitaire entrante et assuré la logistique, tout en participant aux opérations de secours, en lien avec la Croissant-Rouge palestinien. Au cours de ces quelques jours sans combats, il a pu prendre en charge les patients évacués de Gaza pour les transporter en urgence vers les hôpitaux égyptiens, notamment. Civils, blessés et leurs familles arrivent dans un état souvent critique, avec en plus des soins, un besoin de soutien psychologique essentiel. L’assistance se poursuit donc, de l’autre côté de la frontière, pour ceux qui ont pu quitter Gaza.

Le monde entier regarde cette guerre avec effroi. “Depuis le 7 octobre, le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge met tout en œuvre pour défendre l’humain. Notre Mouvement n’a pas d’armes, ni de soldats”, rappelle Philippe Da Costa. “Aujourd’hui, ce sont nos emblèmes neutres qui permettent tant au Magen David Adom israëlien qu’aux Croissant-Rouge égyptien et palestinien de panser les plaies et de sauver des vies”. Une neutralité parfois mal comprise mais ô combien précieuse pour dialoguer et maintenir la confiance des parties au conflit. C’est tout le sens de la mission du CICR. Après Gaza, Mirjana Spoljaric a d’ailleurs prévu de se rendre en Israël dans les semaines à venir.

L’arrêt des combats durant une semaine "a ouvert la voie de l'humanité", affirme notre président. Il s’agit maintenant d’obtenir un cessez-le-feu durable pour alléger les souffrances des populations civiles, en Israël et dans les territoires occupés palestiniens.

*Le ministère de la Santé du Hamas palestinien parle de près de 16 000 morts et 42 000 blessés depuis le 7 octobre.

Photo : CICR

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