Le 11 janvier dernier s’est tenue une conférence internationale au Caire consacrée à la situation humanitaire à Gaza et dans les territoires occupés. Cet événement était organisé par le Croissant-Rouge égyptien qui coordonne avec les Nations Unies les opérations humanitaires. Emmanuelle Pons, notre directrice des opérations internationales, représentait la Croix-Rouge française. Elle revient sur les principaux constats partagés par les participants.

Tous les grands acteurs humanitaires et représentants des ambassades étaient réunis à l’occasion de la conférence du Caire : ONU, ONG et bien sûr des représentants de notre Mouvement international à travers les Sociétés Croix-Rouge et Croissant-Rouge, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération internationale (FICR).

Tous ont appelé tour à tour à un cessez-le-feu, condition sine qua non pour pouvoir acheminer une aide humanitaire d’urgence et massive au peuple palestinien, dont la situation empire de jour en jour. “Le constat est unanime : la population manque d’eau, de nourriture – on est proche aujourd’hui de la famine – et de soins médicaux”. Le bilan annoncé fait froid dans le dos : 23 210 morts - dont 80 % de femmes et d’enfants -, près de 60 000 blessés et environ 1,8 million de personnes déplacées au 11 janvier.

Les camions humanitaires entrent au compte-goutte, soumis à des défis logistiques énormes : check points, contrôles des cargaisons, procédures de validation du matériel acheminé, etc. « C’est un véritable parcours du combattant. Les camions mettent parfois 12 jours pour arriver au point d’entrée à Rafah et doivent encore attendre le GO pour entrer à Gaza ». Des files gigantesques de véhicules humanitaires se massent ainsi à la frontière, côté égyptien. A ce jour, plus de 113 000 tonnes d’aide ont pu être acheminées à Gaza en provenance de 38 pays. Un chiffre conséquent mais loin de refléter la réalité des besoins.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à peine 30 % de l’aide médicale atteint Gaza et seulement 13 hôpitaux sur 36 sont partiellement fonctionnels. De nombreux centres de santé et hôpitaux de campagne, gérés par le Croissant-Rouge palestinien, sont hors-service ou fonctionnent a minima. Le Croissant-Rouge palestinien, principal acteur humanitaire sur le terrain avec le CICR, fournit les premiers soins médicaux d’urgence à plus de 15 000 personnes, les évacuations de malades et blessés, la sensibilisation aux questions d’hygiène.

De son côté, le Croissant-Rouge égyptien transporte les blessés dans ses hôpitaux et accueille les ressortissants palestiniens rapatriés en leur proposant à boire et à manger dans des ‘’cantines’’ installées à la frontière. Un camp de déplacés à été mis en place à Al-Mawasi, Khan Younis, en coopération avec le Croissant-Rouge palestinien tandis qu’à Rafah, un hôpital de campagne a été monté avec le soutien du Croissant-Rouge qatari.

En Cisjordanie voisine, la situation se détériore également depuis plusieurs semaines. Les volontaires du Croissant-Rouge palestinien et les membres de notre délégation basée à Ramallah – évoquent des urgences médicales quotidiennes et des attaques à répétition. Le territoire est aujourd’hui totalement verrouillé et, là encore, il est quasiment impossible d’envoyer de l’aide aux habitants coupés du monde.

Une situation humanitaire jugée catastrophique et qui ne pourra être résorbée que par une solution politique, de l’avis de tous les participants. « En tant qu’acteurs humanitaires, nous ne pouvons nier les souffrances du peuple palestinien ni accepter que des civils et des volontaires soient pris pour cibles. Notre mission est d’aider là où sont les besoins, en toute impartialité. Et les besoins sont clairement à Gaza aujourd’hui », affirme Emmanuelle Pons.

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