L'aide aux populations civiles
Si elle se consacre, comme prévu, à l’aide aux prisonniers de guerre, elle recentre aussi ses moyens sur une aide humanitaire accrue en faveur des populations civiles, dès l’exode, en déployant des actions sociales et d’urgence bien au-delà des aides alimentaires et vestimentaires.
Aide aux malades, aux personnes âgées, à l’enfance
Les lignes de démarcation divisent des milliers de familles. À partir d’octobre 1940, des convois réguliers sont organisés entre zone libre et zone occupée pour les enfants isolés, les malades et les personnes âgées, accompagnés d’infirmières. La Croix-Rouge française développe son action de préservation de l’enfance, en particulier des enfants du premier âge : distribution de lait, de layettes, accueil et soin dans les « Maisons des petits français », placements, etc.
Internés et prisonniers civils
L’intervention de la Croix-Rouge française concerne aussi bien les civils français que les étrangers arrêtés pour motifs politiques, administratifs ou confessionnaux. Les internés civils, placés dans des camps, et les prisonniers civils, incarcérés dans des prisons, étaient soumis au même arbitraire sans aucun recours possible par les voies officielles, puisqu’ils n’étaient pas protégés par les conventions de Genève.
En 1940, les femmes et enfants de nationalité britannique sont arrêtés et transportés à Besançon. La Croix-Rouge française agit dès les premiers jours en apportant des aliments et des produits d’hygiène. Elle tente également d’aider les familles des internés civils anglais ou américains sans ressources.
En mars 1941, des permanences sont établies dans les camps de Compiègne, Pithiviers, Beaune-la-Rolande, puis à Drancy en septembre 1941. On y distribue du linge, des couvertures pour l’infirmerie, des suppléments alimentaires, des farines, des pâtes, etc…, mais les quantités autorisées restent limitées par le rationnement de la population. Le service s’étend peu à peu à tous les camps et toutes les prisons sous autorité allemande ayant des sections politiques, ainsi que dans les camps de la zone libre (Rivesaltes, Noé, Vernet-d’Ariège, etc.).
Les autorités allemandes décident la suppression de la permanence sociale du camp de Drancy en septembre 1942. Désormais, l’aide accordée au Juifs sera uniquement assurée par l’UGIF (Union générale des Israélites de France). En mai 1943, la Croix-Rouge française se voit aussi retirer ses activités d’aide aux familles d’internés au profit du Secours national, avec lequel elle est contrainte de travailler depuis 1940.
Organe caritatif dépendant directement du gouvernement de Vichy, le Secours national est chargé de contrôler les activités des associations qui viennent en aide aux civils. Il peut seul collecter des dons, qu’il leur réparti. Bien qu’entravée et particulièrement surveillée, la Croix-Rouge française réussit toutefois à maintenir son indépendance.
L’urgence et la naissance du secourisme
Dès le début de la guerre, la Croix-Rouge française met en place des équipes secouristes pour venir en aide aux civils victimes de bombardements ou de combats. Les interventions seront nombreuses.
Lors du bombardement de Boulogne-Billancourt, en mars 1943, des lits sont mis à disposition pour recevoir les blessés, les enfants sont recueillis. Dès lors, l’idée germe de former des équipes pluridisciplinaires : les Équipes d’urgence, composées de brancardiers, de secouristes, d’infirmières, de conductrices-ambulancières. Dans la région parisienne, 35 000 secouristes sont ainsi formés. Outre les bombardements, on les verra intervenir en 1944 au moment des débarquements en Normandie et Provence, et braver les balles lors de la libération de Paris. Nombre d’entre eux y perdront la vie.
Carte des volontaires Croix-Rouge française victimes de la 2nd guerre mondiale
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Croix-Rouge française dresse la liste de ses volontaires victimes du conflit, morts et blessés. Dans 62 départements, 114 blessés, 319 morts. Ils sont secouristes, membres des équipes d'urgence, infirmières, conductrices-ambulancières… Cette cartographie des victimes a obtenu le Label Mission Libération de l’État.
L’engagement de la Croix-Rouge française durant le conflit lui vaut en 1946 d’obtenir la Légion d’honneur et la Croix de guerre.