Moins d’une semaine après la clôture des Jeux de Paris 2024 avait lieu le plus gros dispositif de secours de la rentrée dans le Nord, à savoir la Braderie de Lille. Événement de rentrée incontournable, il a été légèrement décalé (13-15 septembre) pour permettre aux organisateurs de retrouver un peu de souffle. De même, nos secouristes ont bénéficié d’un peu de répit avant d’enchaîner les missions. Changement de décor donc, autre ambiance, mais engagement infaillible du côté de nos volontaires.

« Les Jeux olympiques et paralympiques ? C’était une expérience unique, l’occasion de rencontrer des bénévoles de tous horizons et de vivre pleinement mon engagement à la Croix-Rouge ! Ceci dit, pas question pour moi de faire l’impasse sur la Braderie de Lille. C’est une institution, un rendez-vous immanquable ! » Florane, 24 ans, dont 8 ans de Croix-Rouge, vérifie que tout va bien sur le poste de secours du Champ de Mars. Dunkerquoise et chef d’intervention, elle en est à sa « sixième ou septième Braderie ». Chargée de coordonner l’équipe de l’un des cinq postes de secours, elle a dormi un peu plus que certains fêtards, mais pas tant que ça. « En fait, la fatigue n’est pas un sujet ! J’aime porter assistance, être utile et apprendre de nouvelles choses. Alors je me débrouille pour en être ! » Pour les Jeux de Paris, comme nombre d’autres volontaires, elle a posé des jours de congés… et apprécié que le plus grand bric-à-brac d’Europe soit décalé à mi-septembre, “histoire de pouvoir enchaîner !”

Des craintes vite levées

« D’habitude, la Braderie de Lille se déroule début septembre, confirme Ismaël, responsable du dispositif prévisionnel de secours (DPS). Son report nous convient bien ». Confessant avoir eu quelques craintes sur le remplissage du planning – « je pensais que certains seraient fatigués, lassés ou partis en vacances » -, il se félicite de l’engagement sans faille des équipes. « C’est comme si la dynamique des Jeux continuait de nous porter. La braderie est généralement synonyme de retrouvailles, de remobilisation des volontaires après l’été… Eh bien pas cette année, puisque cette mobilisation n’a, tout simplement, jamais cessé ! »

« Cinq postes de secours, dix ambulances, deux équipes médicales… Ce qui rend ce DPS un peu complexe, c’est la mobilisation 24 heures sur 24 et la rotation des équipes », confie Rémy Becuwe, le président de la délégation territoriale du Nord. Il ne cache pas sa fierté de voir tout le monde sur le pont, au lendemain d’un été aussi dense qu’inoubliable : « Avec deux-tiers de secouristes du Nord et un tiers de renforts extra-départementaux, la flamme continue de briller en cette Braderie car la Croix-Rouge est là ! C’est essentiel, pour la ville, pour nos partenaires et pour le public, évidemment. » Avec 5 500 exposants et 2,5 millions de visiteurs sur deux jours, la Braderie est le plus gros événement à l’échelle du département et il est indispensable d’être au rendez-vous. Et au rendez-vous, les volontaires y étaient, une fois encore !

Être prêt à tout

Malaises, chutes, foulures, bobos divers et urgences… Comme chaque année, la nature des prises en charge est variée et il faut être prêt à tout. « Vous arrivez à bouger le pied ? », « Quand la douleur a-t-elle commencé ? ». Au poste de secours Esplanade, l’équipe pose les questions de rigueur pour évaluer la douleur d’un homme qui vient d’arriver en boitant. Un peu plus tard : « Et là, est-ce que le froid vous soulage ? », demande Éliane, une volontaire venue des Bouches-du-Rhône, en plaçant une poche de glace sur son genou. Ce monsieur repartira sur ses deux jambes, reposé, avec pour consignes de consulter son médecin traitant et, probablement, une radio à faire.

Coup de fil à la régulation

Un peu plus tard au poste de secours du Champ de Mars, l’équipe d’intervention se fraye un chemin à travers la foule. À la radio, l’appel était clair : une femme, enceinte de six mois, vient de tomber. Elle est rapatriée au poste de secours en chaise roulante, suivie de près par son compagnon et leur jeune garçon. Prise des constantes, questions sur les antécédents, bilan complet… L’évaluation est faite dans les meilleurs délais puis, là aussi sans tarder, la chef d’intervention appelle la régulation du SAMU pour avoir un avis médical. « Le gonflement de la cheville est visible, et elle est enceinte. Nous devons prendre toutes les précautions », souligne Florane. Peu de temps après, la victime est évacuée à bord de l’un des deux véhicules de premiers secours à personnes (VPSP) positionnés juste devant le poste. Destination le centre hospitalier, où elle sera prise en charge par un médecin. Sous la grande tente, la tension retombe. Mission accomplie pour nos volontaires qui, de l’intervention à l’évacuation, ont aidé, soutenu, rassuré, accompagné, sans montrer le moindre signe de fatigue ou de découragement. Pour eux, le marathon continue.

Texte : Alice Aubin / photos : Pascal Bachelet

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