Secouriste à la Croix-Rouge : une mission essentielle
Publié le 21 juin 2023
Depuis combien de temps êtes-vous bénévole ?
Vincent : Cela fait deux ou trois ans que je suis bénévole, mais c’est la première fois que je suis sur un poste de secours. J’ai passé ma formation PSE en mars, il n’y a pas si longtemps. La formation est en deux phases : après la phase en distanciel d’une vingtaine d’heures, j’ai passé la phase en présentiel avec des formateurs et des formatrices. J’y ai appris à mettre en pratique la théorie : faire un bilan, prendre le pouls, repérer des signes de détresse, essayer de faire un premier bilan, etc.
Cyril : De mon côté, je suis arrivé à la Croix-Rouge en 2013. J’ai passé plusieurs formations : après le PSC 1 (prévention et secours civiques de niveau 1) en 2013, j’ai enchaîné l’année suivante avec le PSE 2. Fin 2014, je suis devenu chef d’intervention, afin de pouvoir diriger des équipes. Ensuite j’ai suivi avec de l’initiation en réduction des risques, en premiers secours, etc. Et puis, j’ai aussi fait les mises à niveau depuis !
Pourquoi avoir choisi la Croix-Rouge ?
Cyril : Dans l’entreprise où je travaillais, le père de mon patron a eu un accident : il a failli passer la main dans un scie circulaire. La pièce est revenue sur ses doigts et, de douleur, il a fait un malaise. N’ayant pas de formation au secourisme, je n’ai pas su quoi faire, sauf appeler les secours. Après ça, je me suis engagé à la Croix-Rouge pour pouvoir agir.
Vincent : Il est vrai que je me suis aussi engagé pour pouvoir réagir en cas de problème, même à la maison.
Cyril : on n’y pense pas assez mais 80% des accidents arrivent à domicile. Donc savoir agir, c’est important.
Être bénévole peut être aussi très engageant émotionnellement parlant…
Cyril : C’est tout à fait vrai. Après une intervention, on fait des débriefs systématiques pour s’assurer que les bénévoles vont bien après ce que l’on a pu voir. En passant par l’équipe du national, on peut avoir une prise en charge psy si besoin. Mais dans tous les cas, il ne faut pas rester seul.
Vincent : Moi j’arrive juste, donc je n’ai pas encore de souvenir en secourisme. Mais il est vrai que pendant la distribution alimentaire, il y a des moments forts, qui peuvent être difficiles et tendres à la fois. Quand les personnes nous disent simplement merci, on se sent utile. On fait aussi un peu ça pour nous, je pense.
Cyril : C’est sûr que l’on se sent utile ! Je me souviens d’une prise en charge qui m’a particulièrement marquée. On nous a appelé parce qu’une personne a fait un malaise. Au téléphone, on nous précise que c’est sur un stand de tronçonneuses. On ne va pas se mentir, à ce moment-là, on n'est pas bien avec l’équipe. On essaie de se mettre en place pour savoir à quoi s’attendre. Et heureusement, le monsieur est bien tombé, il n’y a pas eu d'hémorragie, mais il était vraiment mal en point. Il est tombé de sa hauteur, dans un fossé. Il a fallu mettre en place le nécessaire pour les cervicales, les membres inférieurs et supérieurs, réduire les risques de fractures potentielles et comprendre pourquoi il a fait un malaise. La victime était complètement désorientée. Heureusement qu’avant cet accident, ce monsieur-là était venu me demander mon téléphone pour appeler sa femme qu’il cherchait. Je m’en suis souvenu et j’ai appelé sa femme immédiatement. Après, il a été pris en charge par le Samu.
Quelques mois plus tard, je l’ai revu sur un autre événement. Il est venu me remercier de lui avoir sauvé la vie. En réalité, son pacemaker s'était détraqué, c’est pour ça qu’il s’était effondré et était tombé dans un fossé. Ça m’a beaucoup ému de le revoir.
Les courses de caisses à savons sont connues pour être accidentogènes. A quel type de blessures vous attendiez-vous ?
Cyril : Sur ce type d’événement, la météo joue beaucoup. Si le soleil est fort, on peut vite avoir des cas d’insolation, surtout sans eau à disposition. A cela s'ajoutent les accidents durant la course : en prenant des bottes de paille à grande vitesse, on peut causer des commotions. Il arrive aussi que certains soient en difficulté pour cause d’alcoolémie aussi. Sur ce genre d'événements, mais plus généralement sur tous les événements que nous encadrons, on doit être préparé à tout. A gérer des personnes blessées, alcoolisées ou victimes du soleil, voire les trois en même temps.
Vincent : Je ne sais pas si c’est toujours aussi intense, mais aujourd’hui, plusieurs personnes ont perdu connaissance, un homme est même tombé du mur. En fin de journée, un concurrent a perdu le contrôle de son bolide qui n’a pas pu éviter la foule : il a fait quatre blessés légers. On a fait ce qu’on a pu aujourd'hui.
Comment avez-vous géré toutes ces personnes à prendre en charge à quatre ?
Vincent : Nos collègues faisaient les aller-retours en voiture ou en ambulance pour amener les blessés à la tente et nous nous en occupions. Cyril me disait d’aller voir telle ou telle personne. Il m’a aidé à savoir que faire et dans quel ordre parce qu’avec le nombre de victimes que l’on a dû prendre en charge en même temps, je ne savais pas par quel bout commencer. Ensuite, on s’est concentré sur l’accident et sur la jeune fille. Je me suis occupé du maintien tête. Quand j’ai vu les pompiers arriver, j’ai cru qu’ils allaient prendre le relais, mais ils m’ont dit de continuer. C’est un autre bénévole qui m’a soulagé en voyant que je fatiguais.
Est-ce que cela vous a donné envie de revenir pour de prochains événements encadrés par la Croix-Rouge ?
Vincent : Oui je reviendrai, c’est sûr. Je me suis senti utile, je repars avec le sentiment d’avoir servi à quelque chose.
Cyril : Notre présence a été essentielle. Dès que la chaleur est arrivée, les premiers malaises ont commencé et ça ne s’est pas arrêté de la journée. A cela se sont ajoutés deux accidents. On a quand même eu pas mal d’interventions à faire. On a essayé de gérer au mieux.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui voudraient vous rejoindre comme secouriste ?
Cyril : Ce qui compte surtout c’est la motivation et ne pas avoir peur du sang. Aimer travailler en équipe aussi c’est important.
Vincent : Je pense que beaucoup de personnes peuvent venir aussi pour les rencontres, le travail en équipe et pour se sentir utile. Du côté de la gestion de son emploi du temps, il est possible aussi de venir que quelques jours ou quelques heures. Ce n’est pas incompatible avec un emploi du temps d’actif. Et puis, plus il y a de bénévoles, plus les plannings sont faciles à faire. Donc il ne faut pas hésiter à se lancer parce qu’au final, c’est très enrichissant.