Une Braderie de Lille telle qu’on la connaît : festive, très festive

Samedi 2 septembre, 15h. Ismaël, le responsable du dispositif prévisionnel de secours (DPS), tente de se reposer après une nuit agitée et une journée qui s’annonce intense. Dans un peu plus de trois heures, il va devoir briefer l’équipe qui prendra le relais de la précédente, sur place depuis 8 heures du matin. Ce DPS qu’il prépare depuis des mois est l’un des plus importants en France : 250 bénévoles mobilisés pendant 48 heures non-stop, cinq postes de secours, des équipes d’intervention disséminées dans les différents quartiers de la braderie, une équipe médicale de jour comme de nuit, des rotations toutes les 12 heures… Il fallait au moins ça pour assurer les secours sur un événement qui rassemble au bas mot 2,5 millions de visiteurs sur un week-end.

Une ville en ébullition et la fête à chaque coin de rue

Deux postes de secours ont été installés dans les quartiers les plus festifs dès le vendredi soir, alors même que la Braderie débute officiellement le samedi matin à 8 heures. « Les Lillois aiment faire la fête, ça s’est vérifié cette nuit », s’amuse le responsable du dispositif. Au poste de secours du Vieux-Lille, les volontaires confirment : « Faire la braderie » ne se résume pas à chiner, loin de là ! Il y a ceux qui passent en effet 48h à chercher la perle rare qu’ils exposeront dans leur salon, ceux qui profitent de l’événement pour déguster les fameuses moules-frites, le plat iconique de la braderie (avec en général une bière), ceux qui viennent faire la fête et ceux qui font un peu tout ça à la fois. En réalité, la majorité des visiteurs ! Au poste de secours, les bénévoles, habitués de l’événement sont unanimes : « le vendredi soir donne souvent le ton du week-end, et cette année, les Lillois étaient chauds bouillants ! »

Un joyeux bazar

A 16h le samedi, l’ambiance est encore familiale et bon enfant. Tout le monde parle du record du début d’après-midi : celui de la chenille humaine la plus longue au monde a été battu sur l’esplanade avec pas moins de 4 623 participants ! Au poste de secours du Champ de Mars, à deux pas de là, Océane, jeune secouriste en premiers secours en équipe (PSE) de 19 ans, venue de Dunkerque, prend un malin plaisir à observer les « bradeux » arpenter les rues avec leur butin : un casque de chevalier par ici, une pile de vieilles assiettes portées à bout de bras par là. « Je ne suis pas sûre que le service arrive en entier à destination ! », s’amuse-t-elle. La bénévole, pour qui c’est la première braderie, n’en revient pas du monde et de l’ambiance. « Je comprends l’ampleur du dispositif maintenant ! » Chloé, une autre jeune secouriste, trépignait d’impatience à l’idée de participer à la Braderie. « Qu’il s’agisse des visiteurs ou des bénévoles, les gens viennent de partout, c’est fou ! Personnellement, je m’engage aussi sur ce genre d’événement pour échanger et faire des rencontres. C’est très enrichissant. A peine a-t-elle prononcé ces paroles, qu’une dame de 65 ans se présente. Elle se sent faible. Chloé la prend en charge et, en effet, la tension est basse, il faut surveiller. Vincent, le chef de poste, vient aux nouvelles, tandis qu’en parallèle, il s’apprête à évacuer un homme vers les hôpitaux de Lille. Il souffre de très fortes douleurs au dos et aux jambes et n'arrive plus à se déplacer.

Prêt à servir

Quelques centaines de mètres plus loin, au Poste de secours de l’Esplanade, l’équipe d’intervention est appelée sur la foire aux manèges. Les petites blessures (chutes, égratignures, coups…) sont monnaie courante. Mais, cette fois, le cas est sérieux. Sophie et son équipe rapatrient un jeune homme au poste de secours pour réaliser les premiers soins et décident de l’évacuer le plus rapidement possible. L’urgence est vitale. Le garçon est sorti d'un manège à sensations complètement groggy. Il s'est apparemment cogné fortement la tête et l’on suspecte un traumatisme crânien car ses constantes sont très mauvaises et il a du mal à rester éveillé. « C’est ça la braderie, on passe souvent des heures à soigner des petits bobos, à rassurer des personnes qui ne se sentent pas bien, à renseigner mille fois la localisation des WC, et puis subitement, tout s’emballe ! Il faut se tenir prêt à toute éventualité, à tout moment », résume-t-elle.

Vers 20h, les familles quittent peu à peu la braderie pour laisser la place aux fêtards, jeunes et moins jeunes. Les rues grouillent de monde, l’odeur de moules-frites et de saucisses plane sur la ville. On trinque en pleine rue, on danse partout, avec des gens qu’on connaît, ou pas. Maryan, infirmier, a rejoint le Samu. « C’est ma cinquième ou sixième braderie et je crois qu’après les années de pandémie, c’est le retour de la braderie telle qu’on la connaît : c’est la fête partout ! Les gens se lâchent. Parfois un peu trop… Ce soir, je suis sur un poste de régulation médicale et la soirée s’annonce très animée ».

Rendez-vous l’année prochaine

Prédiction qui va se confirmer. La fête dure jusqu’au petit matin. Les cinq postes de secours ne sont jamais vraiment à l’arrêt. Trop plein d’alcool, chutes, malaises… Pierre-François, le médecin de l’équipe, réalise un certain nombre de sutures en quelques heures. Nathan*, un jeune participant de 20 ans, se souviendra de son pas de danse endiablée qui s’est terminé sur un cul de bouteille cassé ! Sept points de suture. Mais en dépit de cette grosse frayeur, il s’est promis de revenir l’année prochaine faire la fête, et il ne manquera pas de saluer nos équipes. « Viva la Croix-Rouge », scandent ses amis venus le soutenir !

Bilan de la braderie côté Croix-Rouge : 228 personnes prises en charge et 30 évacuations.

*Le prénom a été changé pour préserver l’anonymat de la personne

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Photos Pascal Bachelet