Le 8 septembre 2023, un séisme d'une magnitude de 6,8 suivi d’une forte réplique frappait la chaîne montagneuse du Haut Atlas marocain, près de Marrakech. Cet événement sismique a été ressenti jusqu'au Portugal et en Algérie. Un an après, et malgré la mobilisation des équipes du Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge, les besoins restent encore nombreux.

Selon les autorités marocaines, le bilan fait état de 2 946 morts et de 6 125 blessés. Le tremblement de terre a touché environ 660 000 personnes, laissant 380 000 personnes sans abri de manière permanente ou temporaire, avec plus de 59 000 maisons détruites ou endommagées. Un an après cette catastrophe, les séquelles sont toujours importantes et notre engagement continue aux côtés du Croissant-Rouge marocain.

Répondre à l’urgence…

Les équipes du Croissant-Rouge marocain se sont immédiatement mobilisées après la catastrophe, en étroite collaboration avec les autorités locales pour venir en aide aux sinistrés. Elles sont intervenues dans les opérations de recherche, de sauvetage, d'évacuation, assurant les premiers soins, le transport des blessés et un soutien psychosocial.

L’ensemble du Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge* est venu en renfort, au regard des besoins colossaux. La Croix-Rouge française aussi s’est associée à ce grand élan de solidarité en accompagnant le Croissant-Rouge marocain dans ses actions et en finançant les activités de la Croix-Rouge allemande en matière de santé communautaire, de préparation à l’hiver et à l’été ; les montagnes de l’Atlas peuvent avoisiner des températures extrêmes lors de ces deux saisons, particulièrement rudes pour les habitants.

L’eau, un besoin vital pour les populations

Dans les premières heures qui suivent un tremblement de terre, il faut répondre à l’urgence mais aussi aux besoins essentiels tels que l’accès à l’eau potable. Les équipes de la Croix-Rouge française sont venues en soutien du Croissant-Rouge marocain, dans les régions reculées de Chichaoua, Taroudant et Al Haouz. « D’un campement à l’autre, la problématique est différente », explique Thibaut, urgentiste spécialisé en eau, hygiène et assainissement. « Certains camps regroupent 100 personnes, d’autres 200 ou 300… Certains ont des sources d’eau, d’autres pas ».

Nous avons déployé 25 équipiers de réponse aux urgences (ERU) spécialisés dans ce domaine. Pendant 5 mois, ils ont réalisé le traitement des eaux, l'installation ou la réhabilitation de 138 points d’eau au sein de 21 douars, ces petits villages isolés dans les montagnes de l’Atlas.

Grâce aux dons collectés, nous avons également envoyé 74 tonnes de matériel et fournitures : couvertures, tentes, kits d’hivernage, d’hygiène et de premiers secours. De quoi faire face au plus vite aux besoins essentiels des communautés.

… Puis accompagner dans la durée

Très vite, nous nous sommes engagés dans un accompagnement durable. Dans le cadre de la réponse de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et afin de répondre aux besoins identifiés par nos collègues du Croissant-Rouge marocain, nous avons ouvert une délégation en février 2024 avec une équipe dédiée qui apporte son soutien pour renforcer, entre autres, les activités de premiers secours, de santé mentale et de soutien psychosocial, indispensables à la population après une telle tragédie.

Un projet de formation aux premiers secours destiné aux volontaires du Croissant-Rouge marocain mais aussi aux populations vulnérables a ainsi été lancé. Dans les montagnes de l’Atlas, savoir pratiquer ces gestes est une question de vie ou de mort. Le douar de Tindri, par exemple, est à 4 heures de route de l’hôpital le plus proche.

Le soutien psychosocial est tout aussi essentiel. De nombreuses familles ont tout perdu - leurs proches, leurs maisons, leurs moyens de subsistance et leurs biens personnels. Ces bouleversements ne sont pas sans conséquences. Le stress, la fatigue, la peur d’une nouvelle catastrophe peuvent aussi causer de grandes souffrances psychologiques.

« Après avoir vécu ce type de catastrophe, il est essentiel de retrouver un sentiment de sécurité perdu. Une femme nous explique qu’elle sursautait au moindre bruit, sa peur la paralysait jusqu’à l'empêcher de sortir de chez elle », nous raconte Mélissa, responsable technique du projet de soutien psychosocial pour la Croix-Rouge française au Maroc.

L’objectif est donc de permettre aux personnes de se reconstruire, d’exprimer les difficultés auxquelles elles font face et de trouver les ressources pour se relever. Ainsi, des consultations, des séances de sensibilisation et de suivi sont menées au niveau individuel, familial et communautaire. La Croix-Rouge française fournit aussi un accompagnement psychosocial spécifique à destination des équipes du Croissant-Rouge marocain qui sont en première ligne, confrontées à une charge émotionnelle importante.

Compte tenu de l'ampleur de la catastrophe, se relever prendra du temps. Sans doute des années. Nous resterons, au même titre que d’autres membres du Mouvement Croix-Rouge et Croissant-Rouge présents dans ce pays, aussi longtemps que nécessaire.

*On peut citer notamment la présence de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, des Croix-Rouge allemande, espagnole et suédoise, des Croissant-Rouge du Qatar et turc. D'autres Croix-Rouge et Croissant-Rouge ont fourni des fonds et un soutien à distance, tandis que le CICR a soutenu le rétablissement des liens familiaux.

À lire dans le même dossier