Entretien avec Ivan, responsable Croix-Rouge ukrainienne pour la région de Lviv.

Ivan est un homme courageux mais visiblement épuisé. C’est lui qui dirige les actions de la Croix-Rouge ukrainienne pour toute la région de Lviv (720 000 habitants) - cinq antennes dans la ville, seize pour la région. « Nous essayons d’intervenir à tous les niveaux possibles », confie-t-il dans son bureau situé au pied d’un immeuble dans la banlieue de la grande ville de l’ouest ukrainien.

Chaque jour, ses équipes distribuent des centaines de kits fournis par la Croix-Rouge française : « Ils sont vraiment très pratiques. C’est très intelligent d’avoir placé les produits à l’intérieur de petits sacs à dos, qui peuvent être réutilisés facilement et portés par tout le monde, y compris les enfants. Les biens de première nécessité qu’ils contiennent sont indispensables. »

Il espère que cette guerre se terminera bientôt. Mais en attendant, il faut affronter l’hiver. « Nous n’avons pas eu assez de temps pour le préparer, il a fallu accueillir dans la région beaucoup plus de personnes que prévues car le front a bougé et les personnes qui ont fui les zones de combat sont toujours plus nombreuses. Il nous faut des abris, les équiper en eau, en toilettes et cela n’est pas toujours possible. Pour l’hiver, il nous faut aussi des vêtements chauds, des chaussures, des chauffages d’appoint, mais nous ne savons pas si nous pourrons les brancher sur des systèmes électriques. » Il explique qu’il lui faut aussi des systèmes pour filtrer l’eau et la rendre potable. « Nos besoins sont immenses mais heureusement la solidarité l’est aussi. Les gens arrivent sans rien et nous faisons tout notre possible pour les aider. »

Il évoque de nombreuses personnes âgées, handicapées, des mères seules avec de très jeunes enfants. Il confie ne dormir que cinq heures par nuit mais c’est mieux qu’au début de la guerre où il ne dormait que deux ou trois heures. 

Avant de nous quitter, Ivan tient à reparler de l’aide apportée par la Croix-Rouge française : « Grâce au fait que vous ayez tout préparé à l’avance dans les sacs à dos et que tout soit emballé dans les cartons, nous gagnons un temps fou car pour d’autres dons, il nous faut trier, ranger, emballer…  Là, tout est déjà prêt et nous n’avons plus qu’à les distribuer. C’est beaucoup moins de stress pour nous. »

Alexandre Duyck

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