A Laval, un food-truck solidaire pare à la précarité alimentaire des étudiants. Étudier ou manger ? Notre food-truck change la donne.

Sylvain, 23 ans

“Voir le food-truck de la Croix-Rouge débarquer tous les jeudis, pile au pied du bâtiment où vous étudiez. Pouvoir manger à sa faim, de façon équilibrée… tout simplement. Vous n’imaginez pas…

Ma mère, qui vit dans un petit village des Côtes-d’Armor, est aide-soignante. Elle gagne trop peu pour que je puisse lui demander quoi que ce soit. D’autant qu’on est trois - j’ai un frère jumeau, étudiant en alternance, et un grand frère, en école d’ingénieur.

Alors depuis six ans, je jongle avec les aides pour me débrouiller seul financièrement, et depuis trois ans je travaille aussi.

La précarité étudiante, ce n’est pas un vain mot. Au sortir du lycée, je suis parti étudier à Paris - en prépa Normale sup et en fac de droit. D’un côté, j’avais de la chance : j’avais une bourse d’études du Crous et je vivais en internat, logé-nourri. Mais, en double cursus, pas moyen de travailler si je voulais assurer question études. Et je n’avais pas un sou.

J’ai ensuite bifurqué vers des études de sociologie à Rennes. Bourse du Crous, travail de nuit en Ehpad… j’étais plus tranquille, mais j’avais du mal à me nourrir, d’autant que je ne connaissais pas la ville, les lieux d’entraide. Résultat, pour manger, j’ai souvent fait les fins de marché…Par envie de “concret”, je me suis finalement orienté vers des études d’infirmier, et je suis aujourd’hui en 1re année, à Laval. En colocation, j’ai droit à une aide au logement de la CAF, et l’essentiel de mes frais de scolarité est pris en charge par la région. Reste que le système de bourses n’est pas simple - au départ, on m’a dit que j’étais “trop pauvre” pour être considéré comme indépendant financièrement, et on m’a réclamé les fiches de paie de ma mère. Comme c’était “niet” pour moi -je ne voulais pas l’embêter - j’ai dû batailler, avec l’aide d’une assistante sociale de la mission locale. Alors oui, en attendant que ça se règle, ma coloc m’a aidé. Et les bénévoles de la Croix-Rouge étaient là. Et ils le sont toujours - présents, et attentionnés. C’est fort, non ?”

À lire dans le même dossier