Alexandre Dos Santos, directeur des domaines à la Maison Boisset, la Famille des grands vins.

Photos : Alex Bonnemaison

« Quand mon père avait 16 ans, mon grand-père et lui ont quitté le Portugal, où sévissait la dictature. Ils se sont échappés pour venir travailler en France, avoir un futur. Alors oui, les histoires de ceux qui sont contraints de fuir leur propre pays, les histoires de ceux qui se sauvent d’un endroit pour pouvoir se sauver eux-mêmes, oui, ça résonne en moi.

Le projet d’intégrer des personnes bénéficiaires de la protection internationale dans nos équipes m’a tout de suite convaincu. Et quand on a rencontré ces gars-là, quand on a vu leur envie de bosser, leur motivation, pas besoin de CV. Pas besoin de parler un français impeccable : ça va venir, avec nous. Il est vrai que l’on manque régulièrement de main d’œuvre dans les vignes. Ce sont des métiers physiques. Il fait parfois très froid, parfois très chaud. Et certains se découragent vite.

C’est un choix, ici on met l’accent sur la formation et on essaye au maximum de proposer des contrats pérennes. Alors quand la Croix-Rouge et les partenaires du projet nous ont parlé de la possibilité d’embaucher et de former des réfugiés, on a dit oui. Ils ont fui leur pays pour de bonnes raisons. Si, dans ce parcours difficile, dans ce contexte obscur, on peut apporter un petit coup de pouce et contribuer à ce qu’ils aient une vie meilleure, on le fait. C’est aussi simple que ça. Et c’est dans ce contexte que Tomas, Daoud et une troisième personne, qui travaille pour la Maison Boisset mais dans le Jura, ont démarré leur contrat de professionnalisation début juillet.

Ouvrier viticole, tractoriste, chef de culture, mise en bouteille, cave… J’ai exercé tous les métiers dans le milieu du vin. Je suis passionné. Passionné par la terre, par l’environnement, par tout l’écosystème, animal comme végétal, qui entoure les vignes. C’est un bel univers. Et si j’en suis là aujourd’hui, c’est parce que, depuis l’âge de 16 ans, j’ai eu la chance de faire de belles rencontres professionnelles. Des rencontres décisives, qui marquent un parcours. Je souhaite la même chose à ceux qui nous ont rejoints dans le cadre du projet. Car l’objectif est bien de leur proposer un emploi durable, pérenne, motivant. Un emploi qui leur donne l’occasion de se construire une nouvelle vie. Comme l’ont fait mon grand-père et mon père en leur temps. »

À lire dans le même dossier