C’est Olivier, un de nos bénévoles, qui a dressé la table. Du thé, du café très sucré, de l’eau. Et des jeux de société, échecs, dames, dominos et Puissance 4…

Photos Louis Witter

Plusieurs jeunes hommes kurdes irakiens et turcs se sont assis, profitant de ce moment de répit et de bonne humeur. « Couleur café » de Gainsbourg résonne et Olivier en explique la signification en anglais… Vadat et Redvan, 27 et 35 ans, sirotent leur boisson chaude malgré le chaud soleil. Kurdes de Turquie, ils ont fui leur pays. « Nous sommes tous assimilés aux membres du parti PKK là-bas. Tu parles kurde, tu te retrouves en prison, explique Vadat, vêtu d’un tee-shirt à manches courtes blanc. On est comme des terroristes pour eux. » Lui et son ami racontent, comme tant d’autres, le harcèlement de la police, les emprisonnements arbitraires, les membres de la famille ou les amis qui, un jour, disparaissent et ne reviennent jamais. Condamnés à cinq ans et demi de prison pour avoir manifesté, affirment-ils, ils ont fui. Vadat était vendeur de voitures. « Pour le gouvernement, nous sommes comme des nuages qui, espère-t-il, vont disparaître un jour ou l’autre. » Depuis leur départ, Vadat et Redvan communiquent avec leurs familles par WhatsApp, trois fois par jour. « Avec la Croix-Rouge qui est là aujourd’hui, ça nous fait du bien, ça nous permet de nous calmer, dit-il. Votre humanité nous fait du bien. On est bien plus libres ici qu’en Turquie. C’est bien d’avoir cet espace de liberté avec vous. » Une fois arrivé en Angleterre, il se verrait bien ouvrir un restaurant. Son ami rêve d’ouvrir un salon de coiffeur–barbier.

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