Agir contre violences faites aux femmes

Violences sexistes et sexuelles

Les violences sexistes et sexuelles ont lieu partout, tout le temps. C’est un phénomène mondial, et bien sûr national, contre lequel nous luttons à la Croix-Rouge. Comprendre les rouages de ces violences est un premier pas vers une prise de conscience collective et une prise en charge adaptée des victimes.

Qu’est-ce qu’une violence sexiste et sexuelle ?

Les violences sexistes et sexuelles trouvent leurs racines au sein des inégalités de genre, entre les hommes et les femmes, structurant encore très largement nos sociétés.

Ces violences basées sur le genre peuvent être de nature sexuelle, physique, psychologique, économique, matérielle, verbale, administrative, ou encore cyber (harcèlement en ligne, confiscation des mots de passe, géolocalisation…) et peuvent être infligées dans la sphère publique ou privée. Il n’y a pas une seule sorte de violence valable ou légitime : elles sont protéiformes et s’installent souvent insidieusement, via une relation d’emprise, pouvant se manifester de plusieurs manières, à travers des faits pouvant être considérés comme "mineurs" : jalousie, critiques et humiliations, chantage affectif, contrôle du téléphone et appels fréquents, rupture du lien avec les autres, jusqu'à des violences plus graves : harcèlement, menaces, coercition, agressions physiques, sexuelles, viols ou encore soumission chimique. Elles touchent toutes les classes sociales et peuvent avoir lieu au sein du couple ( violences conjugales infligées par un conjoint ou ex-conjoint), de la famille (inceste, mariage forcé, mutilations génitales, répercussions des violences sur les enfants, prostitution forcée, etc.), ou en dehors (harcèlement de rue, harcèlement au travail, violences gynécologiques et médicales, agressions en milieu festif, professionnel, en institution, traite des femmes à des fins d'exploitation sexuelle et domestique principalement, prostitution forcée, etc.)

Pourquoi les violences faites aux femmes ont longtemps été ignorées et méprisées ?

Les violences sexistes et sexuelles sont encore trop souvent considérées comme relevant du domaine privé, de l’intime et des conflits inhérents à la famille. Le huis clos entourant les relations amoureuses et familiales au motif de cette fameuse “vie privée” permet aux violences d’exister et de perdurer à l’abri des regards. Longtemps, les féminicides (le fait d’être tuée parce que l’on est une femme) ont d’ailleurs été traités dans la presse, et plus largement à l’échelle de la société, comme des faits-divers, des “drames familiaux”, “crimes passionnels” et autres “coups de folie”. Ce champ lexical - romançant ou pathologisant les faits selon les termes employés - occulte ainsi l’aspect systémique des féminicides et relativise dans un même souffle leur gravité.

Comment se manifeste la violence conjugale ?

Ramification de la violence de genre, la violence conjugale se manifeste par un ensemble de comportements et d’attitudes visant à dominer l’autre, le contrôler, le posséder et le réduire à l’état d’objet. L’emprise et les violences au sein du couple peuvent être de nature sexuelle, physique, psychologique, économique, et être subies dans la sphère publique ou dans l'intimité. Elles peuvent survenir au tout début d’une relation comme beaucoup plus tard. Certains moments de vie sont parfois déclencheurs du cycle des violences - ou les intensifient - comme une grossesse ou une séparation.

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Survivre aux violences conjugales par le soin

Certaines arrivent tout juste, d’autres sont là depuis des mois. Au centre d’hébergement d’urgence de Poitiers, un service dédié aux femmes victimes de violences œuvre toute l’année pour mettre à l'abri celles qui endurent les coups d’un conjoint, d’un mari ou d’un petit ami. Au-delà de permettre à ces femmes de dormir en sécurité, les professionnels du service accompagnent la reconstruction de ces âmes abîmées, parfois broyées, par les mécanismes des violences conjugales.

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Que faire en cas de violences conjugales ?

Plusieurs services existent pour vous soutenir et vous protéger, selon vos besoins :

  • En cas de danger immédiat, face à une situation de violence, composez le 17 (police), le 18 (pompiers) ou le 112 (numéro d’appel unique européen pour accéder aux services d’urgence). Vous pouvez également porter plainte en contactant la police quelle que soit votre situation administrative.

  • Composez le 15 (SAMU) ou le 18 (pompiers) en cas d'urgence physique.

  • Composez le 114 par SMS si vous êtes en situation de danger et que vous ne pouvez pas téléphoner.

  • Composez le 3919, numéro national de référence pour l'écoute et l'orientation des femmes victimes de violences en particulier conjugales, pour obtenir une écoute bienveillante et des renseignements, accessible 7j / 7 et 24h / 24.

  • Composez le 116 006, numéro d'aide aux victimes, joignable partout en Europe.

  • Composez 0800 858 858, numéro dédié de la Croix-Rouge française, pour être écouté et échanger sur vos difficultés. Tapez 1 pour une écoute anonyme, gratuite et confidentielle.

  • En cas de violences sexuelles, le 0 800 05 95 95 (ligne d’écoute et d’information gratuite et accessible du lundi au vendredi, de 10h à 19h).

  • Pour les femmes en situation de handicap, quel qu’il soit et quelle que soit la violence subie, le 01 40 47 06 06 (accessible le lundi, de 10h à 13h, de 14h30 à 17h30 et le jeudi, de 10h à 13h).

  • En cas d’exploitation sexuelle, notamment par la prostitution forcée, contactez le Dispositif national Ac.Sé au 04 93 52 42 52 pour demander une mise à l’abri basée sur l’éloignement géographique (ligne accessible du lundi au vendredi, de 9h à 18h, en français et en anglais).

  • Le tchat du gouvernement, animé par des gendarmes et policiers, ouvert 7j / 7 et 24h / 24. Accessible sur https://arretonslesviolences.gouv.fr/ .

  • Le tchat de l’association En avant toute(s), ouvert du lundi au samedi de 10h à 21h, animé par des professionnels, sur https://commentonsaime.fr/ . Le tchat est adapté pour les personnes sourdes et malentendantes, et pour les personnes autistes ayant des difficultés à se rendre dans des permanences et/ou à oraliser.

Ces numéros et tchats peuvent également représenter une ressource pour les professionnels qui souhaiteraient être conseillés sur l’accompagnement d’une victime de violences : il ne faut pas hésiter à les contacter.

Important à savoir :

  • A la suite d’une situation de violence, vous pouvez faire constater vos blessures dans une Unité médico-judiciaire (UMJ).

  • Vous pouvez également vous rendre ou contacter le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF).

  • Victimes de violences conjugales, vous pouvez bénéficier d’une aide financière (aide universelle d’urgence). Cette aide permet de quitter rapidement votre foyer et de faire face aux dépenses immédiates. Pour plus d’informations, cliquez ici .

Quels sont les chiffres des violences faites aux femmes ?

Pour se rendre compte de l’étendue de ce problème de santé publique, la réalité des chiffres - sous-estimée pour diverses raisons (suicides forcés non comptabilisés, absence de dépôt de plainte, situation d’emprise…) - est un premier pas vers une prise de conscience collective.

En France, tous les trois jours, une femme est tuée par son compagnon ou son ex-partenaire. Elles forment l’écrasante majorité (82%) des personnes tuées au sein du couple. Parmi elles, 31% étaient victimes de violences antérieures de la part de leur compagnon, rappelle le ministère de l’Intérieur*. Si le féminicide est le stade final de ces violences, bien d’autres le précèdent et ponctuent la vie de nombreuses femmes. En effet, sur le plan des violences physiques, sexuelles et psychologiques, le rapport annuel 2023 du Haut conseil à l’égalité (HCE) indique que 14 % des femmes déclarent avoir subi un “acte sexuel imposé”, c’est-à-dire une agression sexuelle ou un viol. 22 % ont déjà vécu une situation d’emprise psychologique ou de jalousie excessive imposée par leur conjoint et 15 % ont déjà subi des coups portés par leur partenaire ou ex-partenaire.

Il est important de souligner que les femmes en situation de handicap sont davantage exposées aux violences : 16 % d’entre elles, soit une femme sur cinq, déclarent avoir été victimes de viols et 23 % de violences conjugales*.

Parmi les autres victimes, nous ne pouvons oublier les enfants. Selon les chiffres relayés par le ministère de l’Intérieur, 12 enfants mineurs ont été tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple en 2022. Beaucoup d’autres assistent aux agressions physiques, verbales ou encore sexuelles au sein de leur foyer. Ils sont alors co-victimes des violences conjugales.

Violences conjugales : que dit la loi ?

Il est important de rappeler que la violence conjugale, comme tout autre violence, est un délit puni par la loi. Lorsqu’elle survient entre deux partenaires (même non mariés), elle est considérée comme une circonstance aggravante. Une victime n’est jamais responsable de la violence qu’elle subit, quand bien même l’auteur serait quelqu’un de l’entourage familial, un mari, un père ou un conjoint : seul l’agresseur est responsable de ses actes.

Comment la Croix-Rouge protège les femmes victimes de violences ?

Protéger une femme victime, c’est lui permettre de reprendre sa vie en main et d’emprunter le chemin du relèvement, à son rythme. Protéger une femme victime, c’est lui permettre d’être mise à l’abri, en sécurité, crue et écoutée, mais aussi d’être aiguillée dans ses démarches administratives, médicales, professionnelles, pour l’aider à gagner en autonomie et à sortir peu à peu du cycle des violences.

Violences sexistes et sexuelles : comment lutter ?

Les violences sexistes sont liées entre elles, de la plus grave à la plus anodine : les oppressions les plus ordinaires font le lit des plus grandes tragédies. C’est ce que l’on appelle le continuum des violences.

Les stéréotypes de genre, intégrés dès le plus jeune âge, nourrissent à divers degrés (et plus ou moins consciemment) un imaginaire collectif d’inégalités entre les femmes et les hommes. Aucune sphère de la société n’est immunisée contre ces clichés. Ainsi, la sensibilisation à la lutte contre les violences faites aux femmes et contre les préjugés fait partie des outils pouvant enrayer le phénomène.

Notre association mène des actions de prévention sur différents territoires et à travers divers dispositifs et programmes. Zoom sur quelques actions de notre programme dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants au sein de nos établissements de lutte contre les exclusions et de protection de l’enfance :

  • Consultations psychothérapeutiques : séances individuelles à destination de femmes ou d’enfants co-victimes, groupes de parole, thérapies familiales, ateliers psychoéducatifs à destination des parents et enfants.

  • Relaxation et sophrologie, ateliers sur l’estime de soi, yoga…

  • Socio-esthétique : ateliers bien-être, achat de matériel de soin et de relaxation.

  • Art-thérapie (musicothérapie, danse-thérapie, écriture et dessin…)

  • Groupes de parole et sensibilisation sur les violences faites aux femmes, séances de sensibilisation à la communication non-violente.

  • Activités sportives et cours de self-défense

*Source : « Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple. Année 2022 », ministère de l’Intérieur, Délégation aux victimes.

** Source : selon Mon parcours handicap, site gouvernemental officiel pour les personnes en situation de handicap et leurs aidants.

Lutter contre les violences sexuelles sur les personnes en situation de handicap

En France, 4 femmes en situation de handicap sur 5 sont victimes de violences et/ou maltraitances de tout type. En termes d’agressions sexuelles, les chiffres sont encore plus effrayants. Cette réalité reste pourtant assez invisible. Il est urgent de sortir du silence et de se mobiliser ; de donner aux professionnels, comme aux personnes qu’ils accompagnent, les moyens de prévenir ces situations et d’agir.

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Pendant plusieurs jours se déroule dans la ville d'Uzhgorod des formations auprès des professionnels du droit et des humanitaires sur les violences sexuelles en temps de guerre. Ils se sont familiarisés avec le droit international humanitaire et le cadre juridique applicable dans ces situations.

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