Dépôt de plainte et mise à l'abri : leur parcours pour se reconstruire après des violences conjugales
Publié le 28 janvier 2025

« En fait, tout se réapprend »
Après des années de violence conjugales et de fuite, Julia a trouvé refuge et soutien au sein de notre Centre d’hébergement de Poitiers. Là, entourée et protégée, elle a entamé un long chemin de reconstruction. Aujourd'hui, après des mois de travail sur elle-même, Julia se sent prête à reconstruire une nouvelle vie, libre, pour elle et ses enfants.
« Avec mes deux derniers fils, nous sommes passés une première fois devant un tribunal. Mon ex-conjoint avait alors l’interdiction de s'approcher de nous, l’interdiction de nous voir. Mais il ne respectait pas cette décision et on a dû déménager plusieurs fois. Mes enfants ont changé quatre fois d’école. Il arrivait toujours à nous retrouver. J’étais à court de solutions. Je suis allée voir l’assistante sociale qui a contacté Émilie . Ma mise à l’abri a été décidée le 22 avril 2024. C’est le genre de date dont on se souvient. Tout comme le sentiment qui m’a traversée à ce moment-là : le soulagement. Par la suite, une complicité s’est instaurée avec Émilie. Elle m’a beaucoup aidée à travailler sur mon stress et mes angoisses. J’avais très peur des hommes ; dès que j’en croisais un dans la rue, je changeais de trottoir. Mais, en fait, tout se réapprend – l’autonomie, la sérénité, la capacité à prendre des décisions... – et, malgré la peur qui ne disparaît pas complètement, on repart à zéro. Et puis, quand quelque chose ne va pas, Émilie est là, elle m’écoute, m’aide à reprendre confiance, répond à nos besoins. Depuis quelque temps, je me sens plus épanouie. La prochaine étape, c’est d’avoir notre propre logement. On pourra alors recommencer une vie ! »
“Aujourd’hui, je veux divorcer et reprendre mon nom”
Victime de violences de la part de son ex-mari, Marianne a trouvé refuge dans notre Centre d’hébergement de Poitiers. Pendant des mois, elle a dû réapprendre à faire confiance, à apaiser ses peurs, et à se reconstruire. Mais aussi à se considérer comme victime. Aujourd'hui, plus forte, elle est prête à tourner la page et à s’offrir un nouvel avenir.
« J’ai connu madame Émilie en 2023 quand j’ai déposé une main courante dans un commissariat pour violences conjugales et ce sont les assistantes sociales de la police qui l’ont contactée. La première fois qu’on a échangé, j’avais du mal à m’exprimer, je n’étais pas en confiance et je n’avais pas envie de parler ; j’étais bloquée de l’intérieur. J’ai subi les violences pendant très longtemps et j’avais accepté la situation ; je me disais que j’étais fautive. Madame Émilie a été très patiente. Ça a pris du temps avant que je puisse ouvrir mon cœur et que je prenne conscience que j’étais victime de violences. Durant toutes ces années, je n’ai demandé de l’aide à personne.
J’ai été hébergée par la Croix-Rouge quelque temps... et je suis repartie chez mon mari – je l’ai épousé par amour et c’est pour ça que j’ai supporté cette situation aussi longtemps - et quand il a recommencé à me frapper, je suis revenue. Émilie m’avait dit qu’il ne changerait pas. En revenant, je me suis dit qu’elle avait eu raison et je me suis ouverte à elle. Madame Émilie a toujours été là pour moi, pour m’écouter, m’épauler, me conseiller, me rassurer. Je lui dis “merci”. J’étais la femme de mon mari mais à ses yeux je n’étais personne. Émilie m’a sauvée de son emprise. Je suis partie de mon premier hébergement car il me harcelait sans cesse – il savait où j’étais - et j’ai trouvé la force de porter plainte. Aujourd’hui, je veux divorcer et reprendre mon nom. »
Par souci de confidentialité, tous les prénoms ont été changés
Entretien avec Emilie : j'accompagne les femmes à retrouver leur autonomie
Salariée du Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et centre d’hébergement d’urgence (CHU) de Poitiers, Émilie travaille au sein du service dédié à l’accueil des victimes de violences conjugales. Très investie, elle propose un accompagnement personnalisé pour amener les femmes sur le chemin de la reconstruction et de l’autonomie.
