Dans la rue, beaucoup de personnes sans abri partagent la dureté de leur quotidien avec un chien. Pour ces femmes et ces hommes au parcours de vie chaotique, avoir un compagnon fidèle et affectueux à ses côtés n’a pas de prix. En France, rares sont les centres d’hébergement qui acceptent nos amis à quatre pattes, poussant les personnes à rester à la rue auprès de leur animal… Près de Valenciennes, notre association a ouvert une structure qui fait figure d’exception. Un lieu d’hébergement où se côtoient humains, chiens et chats. On vous fait faire le tour du propriétaire !

C’est une petite maison en briques que rien ne distingue de ses voisines. Typique de l’architecture du Nord, elle s’ouvre au rez-de-chaussée sur une pièce de vie et une cuisine menant à un jardin tout en longueur, tandis qu’un escalier étroit dessert les deux étages où se trouvent les chambres.

Baptisé “Un toit ensemble”, le lieu héberge 8 personnes en situation d’exclusion et leurs 12 animaux - essentiellement des chiens et des chats.

“Ici, on vit comme une famille”

Les colocataires partagent leur chambre à deux et s’entraident dès qu’ils le peuvent. “Ici, on vit comme une famille”, explique Manuela qui s’est retrouvée sans logement suite à une séparation. “Moi j’ai un chat, Nala, mais aujourd’hui je m’occupe aussi du chien de ma coloc, pour qu’elle puisse aller travailler l’esprit tranquille. J’ai toujours eu des animaux dans ma vie, pour moi c’est primordial, j’en ai besoin, c’est mon équilibre”, confie-t-elle.

Accueillir chacun de façon inconditionnelle, avec son histoire, ses problématiques, ses envies… et son animal de compagnie, telle est la mission de l’équipe qui accompagne ces personnes sur les volets administratif, santé, logement et insertion. Une équipe chaleureuse et expérimentée, composée de trois éducateurs et d’un veilleur de nuit.

Prendre soin de soi et de son animal pour se reconstruire

Malik, éducateur, nous confie : “Entre dormir dans un foyer et vivre avec leurs animaux, ils choisissent leurs animaux. C’était très important de créer un lieu comme celui-ci où ils ne sont pas contraints de se séparer d’eux. D’ailleurs, dès qu’on a une place de libre, elle est prise d’assaut. On les aide à s’occuper de leur animal, en prenant rendez-vous chez le vétérinaire, pour les vaccins ou les traitements antiparasitaires, par exemple. Et en même temps, on les accompagne pour leur recherche de logement, de travail ou de formation. S’ils veulent retourner dans leur région rendre visite à leur famille, on leur garde leur place. On met tout en œuvre pour qu’ils aient la possibilité de trouver un second souffle.”

Dans cette colocation pas comme les autres, on prend le temps de travailler sur la réinsertion sociale de manière optimale et de préserver cette relation unique et bienfaisante entre l’animal et son maître. On est aussi attentif à créer du lien entre les colocataires. L’équipe organise ainsi régulièrement des sorties pour qu’ils puissent partager des activités ensemble - parties de pétanque, balade dans les bois, etc.

Pour que tout fonctionne bien, chacun s’engage bien sûr à respecter les règles de la vie en communauté. Comme celle de tenir son chien en laisse et d’interdire aux animaux de grimper sur les canapés de la salle commune.

Et ce n’est pas Bruno, fier et heureux propriétaire de Simba, imposant lion de Macédoine, qui dira le contraire. A seulement 1 an, ce chien de 65 kg - qui en pèsera près de 95 à l’âge adulte ! - impressionne certains de ses congénères par sa taille et sa puissance. “J’ai toujours eu des gros chiens, j’adore ça. Quand j’ai eu celui-ci, il était tout petit, une vraie boule de poils… Il a bien grandi depuis. J’aime m’occuper de lui, le promener. Je lui ai donné un de mes pulls pour qu’il n’ait pas trop froid”, précise-t-il avec tendresse.

Athena, Simba, Joyce, Azuka, Nala, Rydeur, Shelby… la maison est en passe de devenir trop petite pour abriter ses nombreux occupants, sans compter les postulants qui sont sur liste d’attente tant le dispositif est rare et répond à un vrai besoin. L'équipe est actuellement à la recherche de locaux plus adaptés à cette joyeuse colocation.

Photos : Marie Magnin

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