Paris 2024 : 44 jeunes en situation de handicap à l’assaut de la capitale !
Publié le 2 août 2024
Premier matin à Paris. Il est à peine 8h30, et déjà des dizaines d’ados s’impatientent dans le hall de la résidence universitaire du 18ème arrondissement que la Croix-Rouge leur a réservée pour l’occasion.
“D’habitude, c’est plus difficile de les motiver pour se lever et être à l’heure !” plaisante un des animateurs. “En plus, la plupart d’entre eux ont eu une longue journée de route hier !” confirme Antoine Verstraete, chef de projet de la filière handicap de la Croix-Rouge, “plus de douze heures de route pour les plus éloignés !”. En effet, certains viennent de Côte d’Azur, d’autres du Tarn-et-Garonne, de Charente-Maritime et du Maine-et-Loire. Ils sont une quarantaine, âgés de 15 à 21 ans, en situation de handicap, avec des déficiences intellectuelles légères ou moyennes. Tous sont scolarisés dans un de nos instituts médico-éducatifs (IME).
Pour les accompagner durant leur séjour à Paris, une quinzaine d’adultes encadrants (directeurs d’établissement, enseignants, animateurs) volontaires, ravis de participer à ce projet hors norme. Au programme, la découverte de la capitale, de ses monuments, ses musées… et surtout, la joie de pouvoir assister à des épreuves des Jeux olympiques ! Une chance incroyable pour ces jeunes passionnés de sport !
“C’est complètement fou ? Alors faisons-le !”
Malgré la pluie diluvienne qui s’abat sur Paris pour ce premier jour, chaque petit groupe est enthousiaste à l’idée de parcourir les rues de Paris. L’aventure commence. Sandrine et Noémie, les deux enseignantes, couvent du regard leurs six jeunes s’extasiant devant tout ce qu’ils voient : le métro, les grands boulevards, les cafés aux terrasses fleuries, le Grand Rex... Noémie Garet, enseignante à l’IME Valfleurs, “Le jour du départ, quand je les ai vus arriver avec leur valise, je me suis dit, ça y est, après six mois de préparation, on y est, on part. Pour la plupart d’entre eux, c’est la première fois à Paris. On s’est dit : c’est complètement fou ! Alors on l’a fait !”
Un groupe opte pour une visite de l’Opéra Garnier, un autre pour Montmartre. Les jeunes de l’IME de Valfleurs (situé à Grasse) ont, eux, préféré le Musée Grévin. A l’intérieur, ils n’en croient pas leurs yeux et enchaînent les selfies avec les statues de cire: “Et lui c’est qui déjà ? ah oui je le reconnais, c’est l’acteur d’Arsène Lupin ! Trop bien !” (ndlr : Omar Sy). “Et là, c’est Nikos ! The Voiceeeeee !”
Mais, la finalité de ce séjour parisien, c’était évidemment de pouvoir assister à des compétitions. Pour obtenir des places, les organisateurs ont utilisé tous les canaux possibles : la billetterie populaire Tous aux jeux ! (400 000 billets distribués gratuitement par l'État à des publics éloignés des Jeux ou du sport), le dispositif Croix-Rouge Initiatives et, enfin, le challenge StreetCo qui a créé une cagnotte pour financer une partie des billets. Le résultat a été au-delà de leurs espérances : chacun des jeunes a eu l’opportunité d’assister à plusieurs épreuves : le tennis à Roland Garros, le tir à l’arc aux Invalides, le rugby au Stade de France, l’équitation à Versailles, le judo au Champ de Mars, le beach volley à la tour Eiffel…
Le sport pour dépasser le handicap
“Dans notre établissement, une association scolaire et sportive a été créée par les éducateurs et les enseignants, grâce à laquelle nos élèves vont au championnat de France de para-athlétisme adapté, explique Elodie Pecaut, enseignante à l’IME de Pech blanc à Montauban, à l’origine du projet. Nous développons depuis longtemps la culture du sport, alors ça nous a semblé logique de construire des projets autour des Jeux de Paris 2024, des journées spécifiques, des semaines olympiques, etc. Et puis, on s'est dit : pourquoi ne pas aller à Paris pour assister à des épreuves et visiter la ville avec nos élèves ?” Lorsqu’elle propose à la Croix-Rouge de participer, la filière handicap décide d’en faire une dynamique nationale. Trois autres IME répondent à l’appel.
L’un des principaux défis de cette expédition a été l’encadrement. Il fallait trouver suffisamment d’adultes pour assurer la sécurité des jeunes, au beau milieu de l’été, dates habituelles des vacances des enseignants. Mais ce projet exceptionnel a convaincu tout le monde d’y participer.
Pour Jérémy Parvery, éducateur sportif, c’était le projet idéal : “Je vais pouvoir montrer aux jeunes jusqu’où le sport peut les emmener. Nous développons tout au long de l’année des projets autour du sport, où leur handicap n’est pas une barrière. Ils participent aux mêmes évènements que les élèves des établissements scolaires voisins.” Elodie Pecaut renchérit : “Le sport tient une place particulière dans notre programme éducatif, c'est ludique, tout le monde peut y avoir accès, quelles que soient les difficultés rencontrées. Par ailleurs, c’est du sport adapté, donc il y a pas d'histoire de niveau, ou de performance particulière. Juste le plaisir de participer !”
Après avoir réussi à trouver un hébergement pour près de 80 personnes, il a fallu aussi organiser les déplacements. Selon les destinations, les groupes ont opté pour les transports en commun ou pour leurs propres véhicules, avec l’aide précieuse des bénévoles de la Croix-Rouge de Paris.
“C’était trop bien, je ne veux pas repartir !”
Leur monument préféré ? La Tour Eiffel, évidemment ! Qu’ils ont immortalisée dans leurs smartphones, photographiée sous tous les angles. En regardant ces photos, Evana nous raconte avec un immense sourire : “Paris, pour moi, c’était la première fois. Je me disais “Paris c’est grand”, j’étais un peu en stress ! On a vu la Tour Eiffel, elle est immenssssse ! On est allés au stade de France, on a vu des “rugby-filles”, on était là et on a gagné ! La France a gagné, c’était trop bien ! J’ai adoré partir avec toute l’école, mes amis. On ne veut plus repartir !”
Le plaisir et la joie de ces jeunes peuvent se mesurer au nombre de photos et de selfies qu’ils ont pris pendant ces cinq jours. Noémie Garet confirme: “Je suis très fière et très heureuse pour eux, qu’on soit allés tous ensemble au bout de ce projet. Ils ont des étoiles dans les yeux, ça valait le coup ! ”.