Cyclone Chido : “On est auprès de toute la population, sans aucune distinction”

Ibrahim Abdou seconde le directeur territorial, Kadafi Attoumani, sur les opérations d’urgence à Mayotte. Dès les premières heures qui ont succédé au cyclone, les volontaires sont repartis sur le terrain pour aider les sinistrés, bien qu’eux-mêmes impactés psychologiquement par cette catastrophe. L’arrivée de renforts est cependant un véritable soulagement et permet d’accélérer l’aide à la population, partout sur le territoire. INTERVIEW.

Faites un don pour fournir une aide vitale aux populations touchées

Quelles sont les activités que vos équipes mènent sur place ?

Nous menons trois activités principales. Dès le lendemain du cyclone, nos équipes du Service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) se sont rendues auprès de leurs patients - des personnes âgées ou handicapées - pour prendre de leurs nouvelles et les soigner si nécessaire. Parallèlement, nous avons repris nos maraudes avec l’équipe mobile santé-précarité (EMSP) constituée de professionnels de santé, de médecins bénévoles, ainsi que de techniciens d’information sociale et familiale.

Ils vont au-devant de la population pour réaliser les premiers soins et identifier tous les besoins. L’EMSP se rendait au départ dans les centres d’hébergement d’urgence et à présent elle a élargi son périmètre aux zones les plus durement touchées. Enfin, nous avons une activité “Eau, hygiène et assainissement”. Les volontaires ont déjà distribué des milliers d’aquatabs, ces pastilles qui permettent de potabiliser l’eau. Ils sensibilisent en même temps les habitants qui s'approvisionnent en eau dans les rivières ou avec les eaux de pluie pour limiter les risques de maladies hydriques.

L’eau reste en effet une problématique majeure à Mayotte. On a aussi une équipe dédiée au choléra, même si à ce jour il n’y a aucun cas recensé. Bref, on est auprès de toute la population, sans aucune distinction.

Où intervenez-vous ?

Nous rayonnons sur l’ensemble de l’archipel. Nous avons établi un maillage territorial qui se découpe en 5 zones d’où nos collaborateurs nous remontent des informations chaque jour. Ça nous permet d’ajuster nos actions au fur et à mesure. On a scindé nos activités en deux, côté salariés et côté bénévoles. Ces derniers s’appuient beaucoup sur les conseillers techniques nationaux (CTNO) déployés en renfort depuis la métropole, et bien sûr sur les 50 volontaires qui viennent d’arriver.

Faites-vous des distributions ?

Dans les prochains jours, nous nous apprêtons à réceptionner et distribuer, en lien avec la mairie de Mamoudzou, les palettes de matériel envoyées par notre Plateforme d’intervention régionale de l’océan Indien (PIROI) depuis La Réunion. Elles contiennent notamment 200 kits hygiène, 500 jerricans, 300 seaux, 1000 savons et 500 puces Orange qui serviront dans le cadre de nos activités de Rétablissement des liens familiaux (RLF) pour permettre aux personnes qui n’ont toujours pas de moyens de communication de contacter leurs proches. Il est également question d’organiser une distribution de bons alimentaires en milieu de semaine. Nous travaillons encore sur l’organisation de ces distributions qui doivent se faire de manière coordonnée et sécurisée, avec l’appui des forces de l’ordre, afin de garantir la sécurité de tous.

Dans quel état d’esprit sont les équipes ?

Le moral était un peu en berne dans les jours qui ont suivi le passage du cyclone car plusieurs de nos collaborateurs ont été impactés, aussi bien matériellement que psychologiquement. Certains ont tout perdu. Mais très vite, les équipes se sont jetées dans l’action… D’ailleurs, la moitié était déjà sur le terrain dès le lundi ! Tous ici ont conscience de faire un travail d’utilité publique, cela donne beaucoup de sens à leurs actions.