Conflit au Proche-Orient : point sur la situation humanitaire

Les hostilités et l’escalade de la violence auxquelles nous assistons ces dernières semaines en Israël et à Gaza sont dévastatrices. Rien ne justifie la violence ou les attaques contre les civils et les biens civils. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) appelle toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire (DIH) .

Rappel des règles du droit international humanitaire :

• Les civils ne doivent pas être attaqués.

• Il est interdit de commettre ou de menacer de commettre tout acte de prise d'otages pendant un conflit armé.

• Les civils doivent recevoir une aide humanitaire et des soins médicaux.

• Les civils ont le droit d’avoir des nouvelles de leurs familles.

• Les travailleurs de la santé et les organisations humanitaires doivent pouvoir effectuer en toute sécurité leur mission humanitaire pour atteindre les personnes dans le besoin.

Aujourd’hui, à Gaza, les hôpitaux manquent de fournitures pour soigner les blessés. L'aide humanitaire doit parvenir d'urgence à ceux qui en ont besoin. Nous devons être en mesure d'acheminer cette aide régulièrement, à la hauteur des besoins et en toute sécurité. Il est urgent d’assurer un accès humanitaire rapide et sans entrave.

Toutes les parties au conflit doivent prendre les précautions nécessaires pour protéger les civils et les infrastructures civiles, y compris le personnel de santé, les patients, les établissements de santé et les ambulances, ainsi que les civils qui s’abritent dans ces établissements. Il ne s'agit pas seulement d'une obligation morale, mais aussi d'un impératif juridique.

Il nous faut un accès sûr et durable à Gaza. Le personnel médical doit également être autorisé à entrer. Il ne s'agit pas seulement de l'ouverture de la frontière : un arrêt des combats est maintenant essentiel pour que les humanitaires et les secouristes puissent aider efficacement et en toute sécurité les personnes dans le besoin.

Le CICR est-il en contact avec les otages ?

Notre principe d’humanité est au cœur de nos missions. Il nous permet de porter assistance et de protéger tous les civils, où qu’ils soient. C’est ce rôle d’intermédiaire neutre qui a permis au CICR de participer à la libération de 4 otages, en les amenant en sécurité rejoindre leurs proches.

La demande du CICR est très claire : « nous devons avoir accès à ces personnes, évaluer leurs besoins et rétablir le contact avec leurs familles », « nous redoublerons d’efforts pour exhorter tous les acteurs influents à autoriser le personnel du CICR à rendre visite aux otages ». Les personnes prises en otage doivent être libérées. Les personnes détenues doivent être traitées avec humanité.

Pourquoi le CICR ne délivre-t-il aucune information sur la situation des otages ?En temps de conflit, la neutralité et l'impartialité du CICR en font un acteur de confiance. Pour ne pas nuire aux négociations et protéger les victimes, il est tenu à une stricte confidentialité sur les opérations et les discussions en cours.

Que sait-on de la situation humanitaire dans la Bande de Gaza ?

La situation se dégrade de jour en jour. Les besoins sont massifs. La population vit dans des conditions extrêmement difficiles.

Au 3 novembre, on comptait 1,4 million de personnes déplacées. Parmi elles, 300 000 sont situées dans le nord de Gaza et ne bénéficient plus de livraison d’aide humanitaire. 14 hôpitaux sur 35 ne sont plus fonctionnels. L'acheminement de fuel est toujours bloqué.

L’accès à l’eau potable est une urgence vitale. Les centrales de désalinisation et de potabilisation de l’eau ne fonctionnent plus, faute d’électricité. Les risques de maladies et de décès vont croissant, en particulier chez les enfants en bas âge. La nourriture manque. Les médicaments manquent. Les hôpitaux ne pourront bientôt plus assurer les soins aux blessés et aux malades qui affluent chaque jour.

Qu’en est-il de l’aide humanitaire acheminée dans la Bande de Gaza ?

Avant le 7 octobre, 300 camions humanitaires, en moyenne, entraient chaque jour à Gaza. Au 6 novembre, seulement 451 poids lourds ont pu y pénétrer dont :

• Une centaine de camions chargés de denrées alimentaires et médicaments du Croissant-Rouge égyptien. Cette aide a été remise aux volontaires du Croissant-Rouge palestinien.

• 9 camions du CICR transportant du matériel médical, des kits de chirurgie de guerre, notamment, et des produits de purification de l’eau.

• Une équipe de dix spécialistes en chirurgie de guerre et d’infirmiers a également été déployée en renfort de la centaine de volontaires du CICR présents sur place avant le conflit actuel.

Pourquoi est-il primordial de protéger les établissements et les personnels de santé ?

Les personnels de santé doivent être respectés et protégés en toutes circonstances. Les hôpitaux sont des lieux d'aide et de refuge ; ils doivent être protégés à tout prix.

Le Croissant-Rouge palestinien gère deux hôpitaux importants dans la bande de Gaza : l'hôpital Al-Amal à Khan Younis (qui a soigné 885 blessés) et l'hôpital Al-Quds qui est l'un des deux hôpitaux les plus importants de la ville de Gaza (991 blessés à date). L’évacuation des patients, en particulier ceux qui sont en soins intensifs, sous assistance respiratoire et les bébés en couveuse, est impossible dans la situation actuelle.

Le personnel soignant ne devrait jamais être placé devant le dilemme impossible d'abandonner les patients ou de risquer sa vie en restant dans l'hôpital.

Les équipes d'ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien, les chauffeurs et les secouristes sur le terrain risquent leur vie tous les jours pour sauver d'autres personnes dans la bande de Gaza.

Nous avons d’ailleurs perdu 7 collègues dans l'exercice de leurs fonctions, alors qu'ils effectuaient un travail humanitaire vital. Quatre membres du personnel paramédical du Croissant-Rouge palestinien et trois volontaires du Magen David Adom ont péri dans des conditions tragiques.

Quelles sont les actions du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) ?

Le PRCS est un acteur majeur pour les services médicaux d'urgence, notamment dans les territoires palestiniens occupés, à Gaza et en Cisjordanie. Voici quelques éléments (au 2 novembre) détaillant sa mobilisation :

• Grâce à des stocks prépositionnés, le personnel du Croissant-Rouge palestinien a pu distribuer des articles de secours à 16 000 familles (soit plus de 75 000 personnes) : des couvertures, des matelas, des kits de dignité et d'hygiène, des jerrycans et des seaux d'eau, des ustensiles de cuisine et des colis alimentaires, ainsi que des articles de première nécessité pour les bébés dans les communautés touchées.

• Au total, 34 ambulances fournissent des soins médicaux d'urgence 24 heures sur 24 et 160 auxiliaires médicaux, chauffeurs, premiers intervenants, bénévoles et personnel de soutien sont engagés.

• Le Croissant-Rouge palestinien a fourni des soins médicaux d'urgence à près de 11 000 personnes à Gaza et en Cisjordanie. Les équipes d'ambulanciers ont également assuré le transport de 2 800 dépouilles.

• Les volontaires ont fourni des premiers soins psychosociaux à plus de 7 100 volontaires impactés.

• Le Croissant-Rouge palestinien gère deux hôpitaux importants dans la bande de Gaza : l'hôpital Al-Quds et l'hôpital Al-Amal à Khan Younis (voir plus haut).

• L’acheminement de l’aide s’effectue aussi depuis le Caire, en Egypte, point de passage unique à la bande de Gaza : 102 camions du Croissant-Rouge égyptien ont été réceptionnés avec de la nourriture, de l’eau, des articles d’urgence et des médicaments.

Il faut absolument garantir un espace humanitaire sécurisé pour que le CICR, le Croissant-Rouge palestinien, comme d’autres opérateurs humanitaires, puissent répondre aux besoins massifs des civils à Gaza.

Quelles sont les actions du Magen David Adom (société nationale israélienne de notre Mouvement) ?

Le Magen David Adom (MDA) en Israël soutient les communautés touchées depuis le début. Voici quelques éléments détaillant sa mobilisation au 2 novembre :

• 1 500 ambulances ont été mobilisées, ainsi que plus de 10 000 secouristes et paramédicaux. Toutes les ambulances sont disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

• 130 équipes supplémentaires sont en service actif, en plus des activités habituelles.

• 54 000 poches de sang ont été collectées depuis le 7 octobre.

• Du lait maternel (plus de 600 litres) a été fourni aux bébés ne pouvant être nourris par leur mère, soit parce qu’elles sont décédées, portées disparues ou mobilisées dans le cadre de l'intervention

Par ailleurs, avec le CICR, le MDA aide à l’identification des dépouilles et met à disposition des dispositifs d’appui lors des funérailles

Il forme également aux premiers secours les communautés les plus isolées auprès desquelles les secours ont des difficultés à parvenir.

Que fait la Croix-Rouge française ?

En France, 102 volontaires ont contribué à l’accueil de plus de 1 400 personnes en provenance du Proche-Orient en présence de nos équipes de rétablissement des liens familiaux.

138 volontaires se sont par ailleurs engagés dans la réponse téléphonique au Centre de crise et de soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères afin d’apporter des réponses à nos concitoyens inquiets de la situation de leurs proches, dont certains ont perdu la vie et d’autres sont encore introuvables.

Nous nous employons enfin à faire respecter le droit international humanitaire (DIH). Nous appelons les autorités nationales et les autres acteurs à respecter les obligations juridiques qui leur incombent.

Un proche est disparu, enlevé lors de l'escalade de la violence ou vous êtes sans aucune nouvelle ? Pouvez-vous m'aider et comment dois-je vous contacter ?

Nous savons que votre situation actuelle est incroyablement angoissante pour vous et vos proches. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) fait de son mieux pour obtenir des informations sur le sort des personnes disparues. Malgré les conditions de sécurité difficiles, les équipes travaillent sans relâche pour venir en aide au plus grand nombre. Depuis le début des hostilités armées le 7 octobre, de nombreuses personnes en Israël, à Gaza et dans le monde entier, cherchent des renseignements sur le sort des membres de leurs familles portées disparues.

Nous comprenons parfaitement à quel point il est dévastateur pour les familles de ne pas connaître le sort de leurs proches. Dans le cadre du mandat humanitaire et des capacités du CICR sur le terrain, nous sommes prêts à faire tout ce que nous pouvons pour aider. Si vous êtes en France, vous pouvez contacter nos équipes du rétablissement des liens familiaux pour ouvrir un dossier de recherche.

Prenez contact avec le bureau de la Croix-Rouge française le plus proche des chez vous :