Alors que la saison cyclonique s’achève dans la zone Amérique-Caraïbes, la PIRAC, notre Plateforme d’intervention régionale située en Guadeloupe, a inauguré son entrepôt régional humanitaire le 4 décembre 2025. Jérémie Sibéoni, son chef de délégation, décrypte pour nous les enjeux de cette nouvelle infrastructure pensée comme un véritable hub logistique de référence pour la préparation et la gestion des crises dans la région.

Qu’est-ce que la PIRAC, exactement ? 

La PIRAC est née en 2005, au lendemain de l’ouragan Ivan. Basée en Guadeloupe, elle nous permet de concentrer les moyens humains et matériels au plus près des populations impactées par une catastrophe - et c’est une vraie gageure quand on sait que les Caraïbes sont l’une des régions les plus exposées aux aléas climatiques dans le monde, en particulier aux séismes et ouragans. Cette saison a été marquée par le passage de l'ouragan Mélissa qui a dévasté fin octobre la Jamaïque et Haïti, détruisant les infrastructures et affectant près de 6 millions de personnes avec des vents à plus de 300 km/heure… C’est le 3e ouragan le plus puissant jamais enregistré dans le bassin Atlantique.

Et, on le sait, cela ne va pas aller en s’arrangeant. Tous les experts sont unanimes : il faut s’attendre à une intensification de ces phénomènes dans les années à venir, d’où la nécessité d’anticiper pour être toujours plus performant le moment venu.

Pourquoi avoir décidé de construire ce nouvel entrepôt ?

Nous avons déjà, ces dernières années, installé 14 stocks d’urgence sur différentes îles des Caraïbes. Ces entrepôts nous permettent de pré-positionner des stocks de biens de première nécessité et de matériel humanitaire, notamment des kits famille (produits d’hygiène, ustensiles de cuisine, bâches, outils et autres équipements essentiels à la vie quotidienne) afin qu’ils puissent être déployés rapidement auprès des populations vulnérables, quel que soit le lieu de la catastrophe. 

Mais nous nous sommes rendu compte que ces stocks étaient sous-dimensionnés et que nous devions nous doter d’un outil à la mesure des besoins, dans un contexte d’intensification des catastrophes d’origine naturelle. L’entrepôt, dont la construction vient de s’achever, nous permet de bénéficier d’une infrastructure pérenne et de stocker 520 palettes, soit 4 000 kits famille (220 tonnes de matériel), multipliant ainsi par quatre les capacités actuelles de la PIRAC. 

Quelles sont les spécificités du lieu ?

C’est un lieu de 800 m² que nous avons pensé pour optimiser l’efficacité collective, un véritable hub logistique au service des Caraïbes. Le bâtiment contient une zone modulable qui accueillera un espace formation et un espace crise. Les formations sont destinées aux équipes des Croix-Rouge caribéennes et seront l’occasion de renforcer les compétences locales tout en proposant une palette de formations plus large qui correspondent mieux aux besoins des territoires. L’espace crise, quant à lui, est un véritable lieu de collaboration et de coopération qui nous permettra de coordonner les opérations d’urgence et d’organiser le déploiement rapide de matériel, comme ce fut le cas pour l’ouragan Melissa. 

Plus largement, notre entrepôt est conçu pour être mis à la disposition de toutes les parties prenantes qui interviennent en cas de crise - la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), bien sûr, mais aussi d’autres acteurs humanitaires ou ONG, des fondations d’entreprises, etc. Son emplacement, près des anciennes pistes de l’aéroport, est d’ailleurs stratégique.

Plus qu’une simple infrastructure, cet entrepôt se veut un levier commun, un lieu où s’articulent coopération, solidarité et actions opérationnelles au service des populations caribéennes.

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La Croix-Rouge française intervient via ses plateformes qui permettent de concentrer les compétences et les moyens de réponse au plus près des populations vulnérables.

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