Chaque année, les nombreux États insulaires des 3 bassins océaniques - Pacifique Sud, Amérique-Caraïbes et Océan Indien - font face à des cyclones et autres aléas majeurs. Dans ces territoires où les populations sont très exposées et vulnérables, l’intensification de certains événements liée au changement climatique amplifie fortement les impacts humains, sociaux et économiques. Pour se préparer et répondre aux catastrophes, nos Plateformes d’Intervention Régionale (PIRs) contribuent à renforcer les capacités des Croix-Rouge et Croissant-Rouge sur leur région, notamment en termes de logistique. On vous explique !

La logistique est absolument indispensable dans la préparation et la gestion des risques de catastrophe. Marie, responsable du département logistique et achats à la Direction des Opérations Internationales de la Croix-Rouge française, nous explique : “Quand on parle de logistique, on parle des infrastructures, de matériel et de toute la chaîne mise en place qui permet de fournir une réponse rapide, efficace et adaptée aux besoins des populations en cas de catastrophe (cyclones, tsunamis, séismes, etc.). Par exemple, la Croix-Rouge française dispose d’entrepôts dans lesquels elle prépositionne des stocks d’urgence à déployer vers les zones touchées par des catastrophes. Ces stocks sont composés de biens de première nécessité destinés aux familles tels que des bâches, des couvertures, des kits de cuisine (ustensiles, casseroles, etc.), des kits d’hygiène, des seaux, des jerrycans, etc., mais aussi des unités de traitement d’eau ou encore des abris temporaires. La logistique, c’est donc tout ce qui touche au stockage et à l’acheminement de ces biens.”

Véritables hubs d’innovation en matière de gestion des risques de catastrophe et d’adaptation au changement climatique à l’échelle locale, régionale et même nationale, les 3 PIRs, localisées en Guadeloupe, à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie, disposent de ces infrastructures de stockage. Elles soutiennent toutes, par ailleurs, l'implantation d'entrepôts décentralisés dans les pays voisins. Cette décentralisation est essentielle lorsqu’un territoire insulaire est touché par une catastrophe car le matériel est déjà à proximité. Cela permet de gagner du temps et d’apporter une réponse rapide, efficace et adaptée aux besoins des populations faisant face à l’urgence, tout en privilégiant un acheminement par voie maritime, moins polluante que la voie aérienne.

Le projet 3 Océans, dont l’objectif est de renforcer la résilience des territoires des 3 bassins océaniques face aux aléas naturels et aux crises sanitaires, fait de la logistique l’un des éléments clés de ses moyens d’actions.

Alors concrètement, comment cela se traduit localement ? 

Commençons ce tour d’horizon par la PIRAC, la Plateforme d’Intervention Régionale Amériques - Caraïbes de la Croix-Rouge française. Pour renforcer la préparation des territoires de la zone face aux risques naturels et aux aléas climatiques, la PIRAC et ses partenaires construisent depuis 2023 un entrepôt régional humanitaire inédit. Cet entrepôt, c’est d’abord des capacités de stockage démultipliées : 520 palettes, soit 4 000 kits familles, quadruplant les capacités actuelles de la PIRAC. C’est aussi une infrastructure durable et résiliente face au changement climatique. Le bâtiment a en effet été spécialement conçu pour résister à des cyclones et séismes d'intensité extrême, garantissant ainsi sa pleine opérationnalité même en cas de catastrophe majeure. Il s’inscrit par ailleurs dans une démarche éco-environnementale : conception bioclimatique pour limiter la consommation d’énergie, aération et éclairage naturels, isolation renforcée, centrale photovoltaïque permettant de verdir le réseau électrique guadeloupéen, collecte des eaux pluviales en toiture, etc. Enfin, ce nouvel entrepôt comporte une zone réservée à d’autres organisations humanitaires partenaires afin qu’elles puissent y stocker du matériel et le déployer rapidement en situation d’urgence. Il encourage donc un travail collectif et coordonné entre acteurs régionaux pour une mobilisation des équipements et compétences rapide et efficace en cas de besoin. 

C’est le 4 décembre 2025, en cette fin de saison cyclonique et à peine plus d’un mois après le passage de l’ ouragan Mélissa dans les Caraïbes, que l’inauguration de ce nouveau hub logistique a lieu. Tandis que cette inauguration marque l’achèvement de trois années de travaux, elle lance aussi le début d’une nouvelle phase pour la préparation et la gestion des risques de catastrophes dans la région caribéenne. 

Partons maintenant dans l’Océan Indien pour parler du PIROI Center. Inauguré le 21 novembre 2024 après dix-huit mois de travaux, ce dernier représente l’aboutissement de plusieurs années de conception et de préparation. Véritable pôle d’expertise régionale basé à La Réunion, il regroupe, sur un site de 4 000 m², trois espaces complémentaires dont un entrepôt humanitaire de 900 m², conçu pour prépositionner des stocks permettant de répondre aux besoins essentiels de 25 000 personnes. 

Dès sa première année d’activité, l’importance du PIROI Center s’est affirmée face à la multiplication et l’intensité des cyclones dans la région du Sud-Ouest de l’océan Indien. L’extension de l’entrepôt s’est rapidement imposée comme une nécessité pour répondre efficacement à ces aléas climatiques.

En un an, les équipes ont ainsi déployé plus de 137 tonnes de matériel à Mayotte après le passage du cyclone Chido, expédié 33 tonnes d’équipements au Mozambique pour soutenir la réponse suite au cyclone Jude, et distribué plus de 2 000 bâches à La Réunion à la suite du cyclone Garance, dans un contexte qui sera d’autant plus fragilisé par une épidémie de Chikungunya. La rapidité de ces réponses a également été rendue possible grâce au pré positionnement de stocks au sein de 11 entrepôts dans la région (à Mayotte, à Madagascar, aux Comores, aux Seychelles et à Maurice). Ces matériels standardisés et mutualisés à l’échelle de la région, représentant 600 tonnes au total, permettent de subvenir aux besoins prioritaires de plus de 50 000 personnes.

Allons enfin du côté de la PIROPS, Plateforme d’Intervention Régionale pour le Pacifique Sud. Cette dernière n’est pas en reste et travaille, elle aussi, d’arrache-pied pour renforcer ses propres capacités logistiques, mais également celles des Croix-Rouge de la région. Comme pour les deux autres PIRs, les enjeux sont de taille : renforcer la réponse aux catastrophes dans un territoire composé de nombreuses îles isolées géographiquement les unes des autres et particulièrement exposées aux effets du changement climatique - montée des eaux, cyclones, tsunamis, etc. Prépositionner des stocks à proximité des communautés et former des équipes pour les rendre aptes à déployer ce matériel rapidement en cas d’urgence sont des éléments essentiels pour une réponse aux catastrophes efficace et réactive. 

Dans le cadre du projet 3 Océans, de nombreuses activités sont dédiées au renforcement des systèmes logistiques de la zone. Par exemple, des équipements essentiels à la Croix-Rouge du Vanuatu seront achetés, deux conteneurs de stockage seront mis à sa disposition ainsi que 400 kits.

D’autres activités sont aussi prévues, telles que la réhabilitation des zones de stockage sur les branches décentralisées sur des îles retirées du Vanuatu, ainsi que des donations d'équipements et des formations. Des activités similaires seront réalisées avec la Croix-Rouge de Fidji, notamment des réhabilitations mineures et donation d'équipements.

Dans un contexte de changement climatique qui s’accélère, ces 3 régions géographiquement très éloignées, présentent toutes des vulnérabilités communes pour lesquelles le modèle logistique des PIRs reste la clé. Mettre l’accent sur la décentralisation des stocks d’urgence, se placer comme référence dans le domaine de la gestion des risques de catastrophe, c’est toute l’ambition de la Croix-Rouge française et des Croix-Rouge et Croissant-Rouge partenaires, à travers le projet 3 Océans.

Crédit photo : Marie Magnin

Les Plateformes d'Intervention Régionale (PIR)

Grâce à ses PIR, la Croix-Rouge française décentralise l’implémentation du projet dans chaque bassin océanique. Chaque PIR intervient dans la zone géographique qui l’entoure :

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