Elvira
“Je commence tout juste à être un peu confiante pour l’avenir."
Elvira vient de la ville de Kharkiv. Elle a 24 ans. Elle réside désormais à Amiens avec sa mère. Sa connaissance du français, étudié à l’université en Ukraine, lui a permis de s’intégrer plus rapidement.
Quand la guerre a commencé, je vivais à Kharkiv. Je travaillais comme administratrice d'un concept store. J'avais un diplôme en relations économiques internationales, avec une spécialisation en français, ce qui m’a aidée quand je suis arrivée en France.
Quand j’y pense, c’est fou. Le 22 février, mon fiancé et moi, nous sommes retrouvés pour choisir des billets pour nos vacances ! Le jour même, la guerre était déclarée. Deux jours plus tard, j’entends du bruit, j’ouvre la fenêtre et je me rends compte qu'il ne s'agit pas de feux d'artifice, mais d’explosions. Il a fallu emballer quelques affaires et se réfugier dans le métro. Le deuxième jour, à cause des bombardements intensifs, il était déjà difficile de se rendre dans le métro. Au bout de cinq jours, les troupes sont entrées dans la ville. J’ai essayé de partir avec mon fiancé, nous avons erré en voiture de ville en ville, sans pouvoir quitter le pays.
A cause du stress, j’ai commencé à présenter des symptômes d'épilepsie. On m'a prescrit des sédatifs puissants. J'ai compris que je devais partir coûte que coûte.
À Amiens, où je vis maintenant, je me suis d’emblée impliquée dans les actions de la Croix-Rouge. J'ai enseigné le français aux Ukrainiens. J'ai fait de l’interprétariat. Puis j'ai monté ma propre association d'aide humanitaire pour l'Ukraine. Parallèlement, je suis en troisième année de master en journalisme et communication. Ma vie maintenant est ici. Je ne peux pas parler de stabilité, mais je ne peux pas non plus parler d’instabilité. J'appellerais cela un défi constant.
Ma mère m’a rejointe et savoir qu’elle vit comme moi, dans un pays où les bombes ne tombent pas, constitue pour moi une immense source de soulagement. Je commence tout juste à être un peu confiante pour l’avenir. Il y a un an, c’était encore loin d’être le cas.
L'objet
Le passeport d'Elvira est l'une des seules choses qu'elle a emporté avec elle d'Ukraine et qui la relie à son origine.