Ukraine, 2018
Amiens, 2024

Natalia

Bloc témoignage Expo Ukraine - Natalia

"Quand les avions volent ici, on ne sent pas le danger de la guerre."

Natalia vient de Marioupol, une ville occupée par l'armée russe depuis deux ans. Elle est arrivée en France avec sa mère mais sans son fils. Elle réside à Amiens. 

A Marioupol, je travaillais dans une quincaillerie comme conseillère commerciale. Personne ne s'attendait à la guerre. La vie était calme. Il me reste peu de photographies de ce passé-là. Aux checkpoints, lorsque vous quittiez Marioupol, les soldats russes vous obligeaient à tout effacer. La guerre a éclaté et chaque jour, cela devenait plus dangereux. Les avions russes bombardaient constamment les habitations.

Nous habitions un appartement au 7ème étage. Un jour, un missile est tombé juste à côté de notre immeuble et il a détruit toutes nos fenêtres. Le chauffage, le gaz, l’électricité et l’eau ont été coupés. L'appartement est devenu très froid. Ma mère et moi sommes descendues dans le sous-sol d'un magasin, à côté de chez nous. Environ deux cents personnes s'y cachaient déjà. Nous sommes restées là quinze jours. Comme c'était un magasin, il était pourvu d’une arrivée d'eau, ce qui était précieux. A cette époque, beaucoup de gens ont été tués lorsqu'ils sortaient de leur cachette pour aller chercher de l'eau.

Kyiv, 2014 © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos
Kyiv, 2014 © Gueorgui Pinkhassov / Magnum Photos

Finalement, un de nos amis est venu, il a dit qu'il pouvait emmener trente personnes en bus. Nous avons rejoint Manhush, puis  Berdiansk, puis Zaporijjia, et enfin, nous avons pu monter dans un train d'évacuation et avons gagné la Pologne. Nous y sommes restées deux mois avant de continuer notre périple.

Lviv, 2022 © William Keo / Magnum Photos
Lviv, 2022 © William Keo / Magnum Photos

 Depuis que je suis arrivée en France, j’essaie d’apprendre le français mais j’ai du mal. Tant que je ne  maîtrise pas la langue, il me sera difficile de trouver du travail. J'aime communiquer avec les gens, j'aime me rendre utile. Mais pour l’instant, je ne vois pas comment je vais pouvoir me réaliser ici.

Amiens, 2024 © William Keo / Magnum Photos
Amiens, 2024 © William Keo / Magnum Photos
Amiens, 2024 © William Keo / Magnum Photos
Amiens, 2024 © William Keo / Magnum Photos

J’ai un logement, je bénéficie de soins pour moi, pour ma mère qui a de graves problèmes de santé. La France est très généreuse, mais la séparation d'avec mon fils me coûte beaucoup. C’est probablement pour toutes ces raisons que ça ne se passe pas très bien, même si je me sens en sûreté ici. Je suis heureuse qu'il n'y ait pas d’engins chargés d’explosifs qui volent au-dessus de ma tête. Quand les avions volent ici, on ne sent pas le danger de la guerre. 

Amiens, 2024 © William Keo / Magnum Photos
Amiens, 2024 © William Keo / Magnum Photos

L'objet

Durant son exil, il était pratique pour Natalia de ranger cette tasse dans sa poche et de l'utiliser en cas de besoin. A Marioupol, elle était couverte de suie mais Natalia a tout de même souhaité l'emporter car elle symbolise à ses yeux l'esprit pratique des Ukrainiens.

Amiens, 2024 © William Keo / Magnum Photos
Amiens, 2024 © William Keo / Magnum Photos

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