Valentina
"J’ai compris que la valeur de la vie réside dans le moment présent.”
Valentina est née dans la ville de Melitopol qui est désormais sous occupation russe. Elle réside à Amiens où elle a pu faire venir son fils et ses parents.
Avant le début de la guerre, je travaillais comme gérante dans un restaurant international de Kyiv. Les premières journées de guerre, en février 2022, ont été terribles. Des avions de combat ont commencé à voler au-dessus de la ville et c’était comme si la réalité me percutait. Vers 4 heures du matin, le 23, les chars se dirigeaient déjà vers la capitale et j’ai fui avec une amie qui avait une voiture.
En chemin, nous nous sommes réfugiées dans de petites maisons pour touristes en forêt. Il faisait très froid, nous avons dû aller chercher du bois dans la nuit pour nous réchauffer. Nous avions peur de dormir car nous étions près de la frontière et des soldats russes pouvaient à tout moment débarquer.
J’étais en contact permanent avec ma sœur qui vivait à Amiens. Elle insistait pour que je la rejoigne. Je ne voulais pas partir, car je n’avais pas de nouvelles de mon fils ni de mes parents. Au bout de quelques jours, j'ai pris finalement un bus d'évacuation, puis un taxi, puis un train jusqu'à Lviv. Pendant les bombardements, le train s'arrêtait et éteignait toute les lumières pour que nous ne soyons pas repérés dans l'obscurité.
Je n’ai pas mangé ni bu pendant plus de deux jours. Arrivés à Lviv, j’ai pris un autre train et traversé la frontière avec la Slovaquie. Je suis finalement arrivée en France. Pendant plus de deux semaines, je n’ai eu aucun contact avec mon fils. J’avais très peur pour lui.
Depuis mon arrivée, j'ai commencé à apprendre le français et j’ai cherché un emploi, mais il est difficile d’en trouver un sans un bon niveau de langue. Au bout de quelques mois, grâce à l’aide des volontaires de la Croix-Rouge, j'ai pu faire venir mon fils et mes parents. Aujourd’hui, je suis réaliste, il n’y a pas d’avenir pour le moment en Ukraine.
J’ai compris que la valeur de la vie réside dans le moment présent. Il faut profiter de chaque jour et de chaque minute de la vie. J’ai la chance d’être entourée de ma famille désormais. Cela me rend heureuse. Il me reste à construire ma vie ici.
L'objet
Valentina a emporté un porte-clés comportant les armoiries et le drapeau de l'Ukraine. Ce dernier lui rappelle chaque jour son pays.