Volodymyr A.
"En France, c’est un redémarrage complet.
C’est dur parfois mais ce qui me rend heureux, c’est la joie de mes enfants."
Volodymyr est originaire de la ville d’Oboukhiv, dans la région de Kyiv. Il est arrivé en France avec ses trois enfants il y a deux ans. Sa famille et lui sont désormais installés à Thônes, en Haute-Savoie. Ils ont tout redémarré de zéro.
Avant la guerre, j'avais une entreprise de production de meubles avec un associé. La guerre a commencé en février 2022 et nous sommes partis d’Ukraine en avril. Etant père de trois enfants, la loi m’autorisait à quitter le pays, mais cette décision a été très difficile à prendre. Avec ma femme, notre choix s'est porté sur la France.
Le voyage a été long. Nous avons enchaîné des trains d’évacuation. Nous avons séjourné dans un camp de transit en Allemagne mais nous n’avons pas supporté ce lieu et nous avons pris aussitôt des billets de bus pour Lyon où nous avions le contact d’amis d’amis. Nous sommes restés chez eux quelques jours. Ils nous ont orientés vers les bénévoles de la Croix-Rouge et, presque immédiatement, on nous a proposé d'aller à Thônes. Nous avons vécu au sein de La Présente , un centre d’hébergement géré par la Croix-Rouge, dans une pièce de 15 mètres carrés. Un an plus tard, nous avons obtenu le droit de louer un logement social.
J'ai eu la chance de commencer à travailler dès notre arrivée dans une usine de meubles mais mon salaire seul ne suffisait pas à payer le loyer. Mon épouse a donc trouvé un poste dans cette même usine. Nous travaillons dans des équipes différentes. Elle le soir, moi la journée, pour pouvoir déposer les enfants à l’école et les récupérer.
Ici, le sens de ma vie a radicalement changé. En Ukraine, j'étais engagé dans l'éducation et le développement spirituel. Deux ans avant le début de la guerre, j’avais lancé avec un ami « Soul Breakfasts », une association qui cuisinait des repas pour les plus précaires. Quand la guerre a commencé, on nourrissait tout le monde chaque jour. On livrait de la nourriture aux points de contrôle, on collectait de l'aide pour tous ceux qui arrivaient des villes occupées de Boutcha ou d'Irpin. Je me sentais utile.
En Ukraine, je ne gagnais peut-être pas beaucoup d’argent. Je n’avais pas de voiture de luxe, je ne voyageais pas beaucoup avec ma famille, mais j’avais le sentiment d’avoir ma place dans la société. En France, c’est un redémarrage complet, c’est dur parfois mais ce qui me rend heureux, c’est la joie de mes enfants.
L'objet
Volodymyr et sa femme Liana ont eu un enfant qu'ils ont nommé Antony. Malheureusement l'enfant est décédé très jeune. La famille a choisi d'emporter avec elle cette icône de Saint Antony Pecherskyi afin que la famille reste réunie au complet.