Irina

Irina vient de Kharkiv où elle était une retraitée très active. Elle vit aujourd’hui à Amiens avec sa fille et ses deux petits-enfants. Elle n’a plus personne en Ukraine.

Je travaillais dans l’entreprise de mon mari avant de prendre ma retraite à cinquante-cinq ans. Ma fille a eu des enfants alors qu'elle étudiait encore à l'université, je l'ai aidée du mieux que je pouvais. 

Kharkiv a été l’une des premières villes à être attaquée. Dès le 2 mars, nous avons quitté la ville en train avec ma fille, mes deux petits-enfants et mon chien. Les trains étaient pris d’assaut, c'est une des choses les plus effrayantes que j’aie jamais vécues. Nous étions onze dans notre compartiment, les gens se bousculaient aussi dans les couloirs. Au début, ils ne nous ont pas dit où allait le train. Nous avions peur des bombardements en cours de route.

Nous sommes finalement arrivés à Lviv. Nous avons été logés dix jours dans une école puis nous avons pris un bus qui nous a menés en France, où nous avons été accueillis par une famille très bienveillante. Quelque temps après, nous avons eu la chance de recevoir un appel de l'association Apap d’Amiens nous informant qu'un appartement nous avait été attribué. 

Ma vie est ici maintenant. Je ne sais même pas si mon logement à Kharkiv a été détruit ou pas. A cause de la guerre, je n’ai plus personne en Ukraine. En France, j'ai absolument confiance en l'avenir, même si le fait de ne pas connaître la langue nous isole. Nous apprenons le français avec les bénévoles de la Croix-Rouge. Ce sont des gens formidables, ils nous aident pour tout, et surtout pour les papiers administratifs. Mes petits-enfants vont à l'école. Je suis heureuse que nous ayons une situation stable ici.

Je vais parfois aux Restos du Coeur et, en plus de ce qui figure sur la liste, une femme m'apporte des poivrons, des concombres et des pommes de terre venant de son propre jardin. Les gens autour de nous ont un grand cœur. Je vis dans de bonnes conditions ici et malgré cela, j'ai honte de dire que je rêve de rentrer chez moi, dans ma maison. J'avais beaucoup de fleurs, elles me manquent beaucoup. Je fais tout pour recréer ici un petit morceau de ma maison.

L'objet

Irina aime les fleurs. L'un de ses objets préférés est cette tasse fleurie et colorée. A ses yeux, il n'existe pas de tasse aussi belle en France.